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Mayotte : un département plein d’incompréhensions

Mayotte : un département plein d’incompréhensions

Loin de la vie métropolitaine, l’île de Mayotte, département français est confondue à des problèmes de population mahoraise face à des migrants essentiellement venus des Comores.

Notre correspondante à Mayotte, avec qui nous étions en ligne par Skype lundi 25 juillet après-midi, nous a fait part à nouveau de l’inquiétude qui règne sur cette île de l’Océan Indien, devenue département français, choix de ses habitants par référendum en 2009 et applicable en 2011. En 2014 Mayotte change de statut en faisant partie de l’Union Européenne comme région ultrapériphérique. C’est dire combien a pu être bouleversée la population de l’île, essentiellement d’ethnie mahoraise, musulmane à 95% et ce dans une société matriarcale. 

Entrer dans la législation française

Aujourd’hui il faut s’adapter au système de la Métropole, dans les lois et règles de la France. Cette ile a depuis attiré beaucoup de monde venu d’autres iles : Les Comores indépendantes avec l’Union des Comores composée de La Grande Comores, Anjouan ou Moheli laquelle a fait le choix de rester indépendante. Et les Comores Françaises, comme l’île de Mayotte (Petit Terre et Grande Terre et des ilots inhabitables), devenue le 101e département français, a donc continué d’attirer des « migrants » surtout avec la possibilité liée au « droit du sol ». Cela n’est pas sans conséquence, Mayotte est le département français ou il y a le plus de naissances, dans des conditions liées à une immigration grandissante afin d’acquérir la nationalité française et il faut le dire et l’écrire : profiter des avantages sociaux.
Au fil du temps les esprits se sont échauffés entre ethnies mahoraises et comoriennes. Le nombre d’enfants devenus adolescents et surtout avec une éducation laissée à l’abandon, a crée de la forte délinquance. Tout ceci doit  « s’impliquer » dans la mise en place d’une vie communautaire départementale, avec une vingtaine de communes, un Conseil Départemental, des députés et des sénateurs depuis 2012, qui se doivent de faire fonctionner l’île dans la Loi de la France et de l’Europe.
A titre d’exemple et pour la circonstance de ce jour : aucun Plan d’Occupation des Sols existe. Le droit à la propriété est une chose qui se donnait entre chacun, sans rien de cadastré, ce qui a pour conséquence une transmission verbale et au gré du dernier possédant. Des Comoriens ont ainsi pu se trouver « propriétaire » de biens ayant appartenu peut-être à des Mahorais, tout cela sans écrits.

Construire sans un POS

Notre correspondante nous indiquait entre autres : « Dans ce contexte rien d’étonnant de voir ce qui se passe en matière d’expulsion. C’est même dramatique et je vous invite à lire l’article du Journal de Mayotte de ce 25 juillet 2016 qui reflète l’état d’esprit du moment en matière de propriété. »
Mais surtout d’ajouter : « Aujourd’hui, du moins pour ces mois de juillet et aout, nous sommes dans une relative tranquillité, sauf pour la délinquance qui n’a de cesse et dont nous avons peur dès que la nuit tombe. Nous venons de vivre la fin du ramadan et maintenant ce sont les vacances aussi ici. Traditionnellement, pour la population mahoraise, c’est l’époque des mariages et la coutume veut qu’il soit offert une maison comme dot. Ces maisons sont souvent des constructions neuves, qui s’implantent n’importe où, puisqu’il n’y a pas de POS ou de schéma d’urbanisme. Ce sont des entreprises à gérance mahoraise, lesquelles bien souvent construisent avec de la main d’oeuvre comorienne, sans contrat de travail spécifique CDD ou CDI, donc « libre de tout droit ou décision ». Des anciens migrants des Comores indépendantes ont fait aussi le choix de construire, avec ou surtout sans papiers officiels, avec facture ou sans facture. 

Des risques pour la rentrée

Alors dans le contexte actuel les esprits s’échauffent. Les incompréhensions sont de plus en plus flagrantes et une fois l’été passé, pour vous en Métropole, « l’hiver » pour nous dans l’île, les confrontations vont grandir à nouveau. Mon voisin Comorien, installé depuis plus de 10 ans sur l’île se voit menacé d’expulsion, et ce par l’Etat, de son propre domicile qu’il a construit. En effet l’Etat qui met en place petit à petit les zones d’urbanisme demande au propriétaire (sans papier) de justifier de cette acquisition. C’est un chien qui se mord la queue.
Nous avons des craintes à nouveau pour la rentrée de septembre de voir des grèves de fonctionnaires qui veulent avoir les mêmes droits qu’en métropole et à nouveau des barrages sur les routes. Des « décasages » en règle de maisons d’habitations par les Mahorais qui envoient les Comoriens se débrouiller avec l’Etat, et la dessus la délinquance qui s’en donne à coeur joie. »

Propos recueillis par JC Reynaud

Pour lire les articles gratuitement sur le site du Journal de Mayotte : www.lejournaldemayotte.com. 

 

 Photo Journal de Mayotte du 25 juillet 2016 : des expulsés « parqués » dans un camp provisoire sous une bâche à Bengali