Chalon dans la rue

La trentième des glorieuses de Chalon dans la rue se respirera à pleins poumons du 20 au 24 juillet

La trentième des glorieuses de Chalon dans la rue se respirera à pleins poumons du 20 au 24 juillet

Chaque année à semblable époque, l’Abattoir/Centre national des arts de la rue se fend d’une présentation en bonne et due forme du festival transnational Chalon dans la rue, lequel intervient une paire de mois plus tard. L’édition 2016 s’avère particulière, dans le sens où c’est son trentième printemps qui sera fêté. On lui a rendu par anticipation les honneurs, l’étape suivante consistera à passer de la virtualité du papier à la réalité du terrain.

220.000 personnes l’an dernier

Théâtre de rue, cirque, musique, danse, parcours sonore et plastique, film documentaire, théâtre caché, installation plastique, il y aura de quoi emmagasiner du mercredi 20 au dimanche 24 juillet. Pour ce faire, 16 compagnies dans le in, 140 dans le off, 169 projets artistiques (16 in, 143 off, 10 cours) battront le pavé en quêtant l’acquiescement empressé du public. Ce festival comprendra notamment 21 compagnies étrangères (de Belgique, d’Espagne, d’Italie, de Suisse, d’Argentine, des Pays-Bas, de Slovénie, du Brésil), garantes d’un ailleurs multiculturel. Chargés de conditionner les zélés serviteurs du grand raout chalonnais, les deux reporters de TéléMoustique (du Théâtre Group, compagnie jurassienne qui a abondamment écumé le festival toutes ces années), ont à leur peu orthodoxe manière ce jeudi lors de la pause méridienne, lancé le compte à rebours de l’événement ayant rameuté en 2015 220.000 festivaliers. Il n’y a plus désormais qu’à prendre son mal en patience…

 

Un dernier tour, et puis l’éminence grise de s’en aller

 

Pedro Garcia a officiellement indiqué qu’il s’agira là de son ultime festival en qualité de directeur artistique, lui qui devait accéder à ce poste en 2004. « Cette 30ème, qui est également ma 13ème édition, sera également ma dernière puisque j’ai choisi de faire la 31ème en festivalier ! Il appartient donc à la ville, en concertation avec le ministère de la culture, la DRAC Bourgogne-Franche-Comté et les collectivités territoriales qui y seront associées, de recruter la prochaine directrice ou le prochain directeur qui mènera l’aventure du CNAR dans le cadre du prochain contrat pluriannuel d’objectifs pour les années 2017, 2018 et 2019. Mais d’ici là beaucoup de chemin reste encore à parcourir, d’obstacles à éviter et de bonnes volontés à rassembler. »

 

« Les arts dans ma rue », une force d’appoint à considérer avec la plus grande attention

 

La 30ème édition a fait l’objet de sa part d’une fécondation dans les esprits réceptifs. « Une 30ème qui se veut résolument tournée vers l’avenir. Nous avons donc misé avec volontarisme sur une nouvelle génération d’artistes, d’auteurs, de metteurs en scène ou de chorégraphes. Nos ambitions restent le plaisir de la création, la transversalité, les nouvelles dramaturgies. Nos exigences, la découverte de talents émergents, d’artistes qui font bouger les lignes. Le ton c’est un festival qui confirme ses ambitions ! Défendre avec obstination, passion et fougue, la diversité créatrice des expressions plurielles. Et rester pour les arts de la rue la scène urbaine de référence, rayonnante, emblématique et prestigieuse pour les artistes comme pour les Chalonnais. » Face aux incertitudes et aux atermoiements ayant pollué le CNAR ces derniers mois, Pedro Garcia n’a pu qu’applaudir des deux mains l’initiative de personnes sensibles au spectacle vivant. « Des Chalonnais lucides se sont organisés en association. Elle s’appelle « Les arts dans ma rue ». Des Chalonnais en action pour que les artistes continuent d’être présents en saison, ici, et là-bas dans les écoles, les collèges, les lycées, les quartiers. Ce sont Georgina et Etienne qui ont pris le sujet à  bras-le-corps. Ils sont là parmi nous et je les salue et les félicite pour leur optimisme, leur esprit combatif, leur lucidité et leur sens des réalités. »

 

Le problématique argent, invariable nerf de la guerre…

 

Mais un festival de cette ampleur ne saurait exister sans les subsides à la hauteur de l’enjeu. A ce propos ce n’est pas la panacée selon le directeur artistique, versant dans la gravité. «L’avenir du CNAR passe par les collectivités territoriales. Voilà maintenant 6 mois, voire 9 ou 12, que la question est largement posée. Nos moyens financiers se sont depuis grandement émoussés. Mais toujours combatifs nous n’avons jamais ménagé notre peine, et c’est la tête haute que nous attendons avec impatience mais sans angélisme, que les élus se parlent, trouvent un terrain d’entente, pour que ce projet puisse à nouveau se développer comme cela a été le cas jusqu’en 2014. Premièrement pour ses habitants. Deuxièmement pour accompagner de jeunes artistes talentueux, des auteurs qui innovent. Des compagnies qui se cherchent des chemins de traverse pour notre plus grand bonheur. Et s’ils sont là, c’est parce que nous les avons accompagnés dès le début de leurs projets en croyant à leur volonté comme à leur talent. C’est notre mission que de permettre aux générations d’aujourd’hui d’ensemencer les générations à venir. » Ces remarques n’ont pas nui au rendement du directeur artistique, lequel aura, aidé par les vidéos sur écran géant, emmené l’assistance dans le jardin des compagnies du in qui opéreront dans la cité de Niépce. Nadège Gauthier, programmatrice-coordinatrice du off du festival, se focalisa quant à elle sur son secteur fort cette fois de 143 spectacles, 140 compagnies, 800 artistes, pour un total d’environ 900 représentations.

 

                                                                                                       Michel Poiriault 

                                                                                                       [email protected]

Photos Michel POIRIAULT et Maria-Corinne DELIRY