Chalon dans la rue

Didier Super : une autre façon de "méditer en pleine conscience", pour apprendre à gérer ses émotions et lâcher prise

Didier Super : une autre façon de "méditer en pleine conscience", pour apprendre à gérer ses émotions et lâcher prise

Didier Super, c’est un peu comme avec les vins du Jura : on aime ou on n’aime pas. Pas de demi-mesure. Choisis ton camp, camarade festivalier.

A info-chalon.com, on l’aime autant qu’un Château-Chalon de 1999, servi chambré, avec quelques dés de comté : énormément. On l'aime depuis 2007. Depuis qu’on a entendu l’un de ses titres poilants : « le club des catholiques ». Et encore plus depuis qu’on l’a vu sur scène en 2012, à Chalon Dans La Rue, pour rendre compte de sa "prestation". Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord en l’écoutant « chanter », Didier Super n’est pas « qu’ » un pitre, qu’on sort de temps en temps sur France Inter pour faire marrer l’assistance. C’est un artiste. Un vrai. Ses spectacles, malgré un désordre apparent, malgré un « scénario » a priori "light", sont construits. Il semble même très pointilleux niveau technique et enchaînements. Et, surtout, ce qu’il dit n’est pas purement gratuit, délire de mec bourré. C’est encore moins raciste,  antisémite, homophobe, machiste, ainsi qu’on a pu le lire ici ou là sous la plume de pisse-froids qui, si l’époque avait été semblable à la nôtre, auraient sans doute qualifié ainsi Coluche, Jean Yanne ou Pierre Desproges. Pisse-froids qui les auraient peut-être même livrés à la vindicte des trolls et hyènes éructantes sévissant sur les réseaux sociaux, comme c'est la mode désormais, dès que quelqu'un ne pense pas bien ce qu'il faudrait penser selon les critères de cet "Empire du Bien" si brillamment croqué au vitriol par le défunt Philippe Muray. 

Didier Super déglingue tout et tout le monde : Gilles Platret (« Allez, on est chez Gilles, dénoncez-vous les uns les autres ! »), le Festival de Chalon dans la Rue (« l’Avignon du pauvre »), Dieu (« un barbu qui nous surveille et prend les noms de ceux qui font les cons »), les « punks à chiens » (« c’est comme un SDF sauf que à la base c’est des gosses de riches »), les gens généreux (« toujours gentils mais dans leur propre intérêt »).

Musulmans, catholiques, juifs, bouddhistes, écologistes, féministes, Femen, gauche, droite, les nouveaux vertueux et leurs ligues de fanatiques…tous ceux qui aimeraient remplacer nos préjugés et lubies par les leurs se font dégommer. D’une répartie bien sentie, à coups de chansonnettes déjantées ou de scénettes cruelles, féroces. Tous. Même ces prétendus antiracistes qui, la bave aux lèvres, seraient prêts, pour faire taire les racistes, à ouvrir des camps de la mort, tout en se glorifiant d’avoir des amis « noirs ». Ça fait même sacrément du bien de les voir se faire de la sorte tourner en dérision.

Et ne croyez pas que, parce que son spectacle a l’apparence d’« un spectacle pour enfants », Didier Super est moins trash que d’habitude. Il est au contraire déchaîné.

Bref, Didier Super, c’est comme avec les vins du Jura : pour savoir si l’on aime ou pas, il faut goûter.

Samuel Bon

Infos pratiques :

Artiste : Didier Super

Spectacle : Ta vie sera plus moche que la mienne

Lieu : Grange Forestier

Durée : 1 h 15

Jauge : 700 personnes

Dates et horaires : vendredi 20 et samedi 21 juillet, de 11 h 50 à 13 h 05