Chalon sur Saône

Assises de Saône-et-Loire - Triple infanticide de Gergy : l'accusée voulait "réussir son suicide"

Assises de Saône-et-Loire - Triple infanticide de Gergy : l'accusée voulait "réussir son suicide"

Troisième jour du procès de Céline Rubey, la jeune mère qui a étouffé ses trois enfants le 1er novembre 2013. Ce matin, la Cour a tenté de dresser le portrait psychologique de la jeune maman. Le point d'info-chalon.com.

Faute de temps hier soir, le président n’avait pas pu demander à l’accusée de s’exprimer après le témoignage de son très contesté « coach de vie ». L’accusée a juste souligné « qu’il avait montré lui-même qui il était ». Elle a ajouté qu’ « il lui avait demandé d’arrêter son traitement » ordonné après son épisode de bouffée délirante en juin 2013 et confirme que trois semaines avant la Toussaint tragique, elle avait effectivement arrêté de prendre ses cachets quotidiens. Elle a aussi reconnu avoir menti à sa mère à ce sujet. « Il envisageait des scénarios d’ordre sexuel avec moi. J’ai plusieurs fois voulu cesser les échanges » mais  n’y arrivait pas. Jusqu’à la veille des meurtres, un dialogue par SMS a lieu. Une non rupture de dialogue qui intrigue le président. « Il était difficile de me défaire de lui. Il me relançait toujours », explique Céline.

Le jour de son « passage à l’acte », elle consulte plusieurs sites internet. S’intéresse à diverses formes de suicide : par asphyxie, médicament, strangulation. Elle lit aussi un article consacré à une mère qui a tué sa fille de cinq ans. « Je voulais voir pourquoi elle avait raté son suicide et comment réussir le mien »  explique-t-elle au président. Une experte psychologue de Lyon note dans son rapport que Céline R. au moment du passage à l’acte, était seule. La nounou était malade, elle avait menti à sa mère sur un déplacement et s’était levée avec l’envie de mourir : « Ses enfants ne sont pas les siens, ce sont les enfants de Dieu, du destin dans son délire » décrypte la psychologue. « Après une période de radicalisation religieuse, elle se retrouve coupée de cette communauté et est confrontée à un gouffre. Ce coach, qu’elle prend pour le Messie des Musulmans lui demande aussi de confier ses enfants aux pères et manifeste soudain envers elle un désir sexuel via des conversations très érotisées. Tout s’écroule. C’était urgent pour elle de mourir. Le passage à l’acte vient tout résoudre, elle passe avec ses enfants du côté de la mort. Elle les tue pour se tuer avec eux. Elle a fait deux tentatives de suicide en prison ».

 Plus tard, une amie d’enfance avec qui elle a renoué l’été 2013 à Gergy raconte à la Cour que « Céline était très influençable au lycée ». Elle reconnait avoir été manipulée par son coach. Une amie, qui comme la nounou amie de la famille qui vient l’aider chaque matin à  prendre soin des enfants, se souvient d’une maman attentionnée et d’enfants joyeux. « Je n’ai pas pu venir l’aider cette semaine-là, témoigne la dame, une amie de la famille,  j’avais une angine. Je lui ai parlé le soir du 31 octobre. Elle m’a dit : « Soigne-toi, les enfants t’attendent lundi avec impatience, surtout Liam. » Liam, Zayd et Imran n’ont pas vécu jusqu’au lundi.

 

Florence Genestier