Chalon sur Saône

Les droits des femmes examinés sous toutes leurs coutures au lycée Niépce

Les droits des femmes examinés sous toutes leurs coutures au lycée Niépce

Vieux serpent de mer qui se mord la queue, les droits des femmes sont un cercle vicieux dont on ne voit pas l’issue, même si c’était pire avant ! Au lycée Niépce de Chalon-sur-Saône des élèves de seconde générale se creusent les méninges, de par l’obligation de rendre un exposé soutenu à souhait, dans le cadre de l’enseignement moral et civique. Une intervenante est venue dans cette optique apporter de l’eau à leur moulin. A eux de poursuivre plus avant les cogitations menées en binôme ou trinôme…

« Egalité et mixité professionnelle »

Chargée de mission au sein de l’association FETE (Femmes Egalité Emploi) créée en 1991, dont le siège est à Dijon, Macha Chudant est l’une de ses neuf salariés. Habituée des traitements instructifs dans des établissements scolaires de Côte d’or et de Saône-et-Loire, c’était néanmoins la première fois qu’elle officiait devant une classe exclusivement composée de garçons. Ce qui n’eut pas l’heur de la freiner vis-à-vis de son argumentaire. Une gageure a priori que d’enseigner à ce public masculin, mais contexte en porte-à-faux qui s’est révélé très rapidement n’en être pas un. Au contraire même, gratter le vernis de leurs alter ego féminins pouvant s’apparenter au-delà de toutes considérations à une leçon d’humilité via une quote-part profitable…Vaste sujet à approfondir que cette thématique « Egalité et mixité professionnelle », lequel n’arrête pas de défrayer la chronique !    

 

« C’est à vous de changer ce genre de choses… »

D’emblée la disparité a joué sa partition. « Il y a une égalité dans les textes, mais on n’est pas sur une égalité réelle. En France, à compétences égales, une femme dans une entreprise touche 20% de moins qu’un homme, alors que c’est 17% environ au niveau européen. L’égalité est quelque chose de transversal », aura asséné l’oratrice. Avant de racler le fond du problème. « On a tous la possibilité de faire tous les choix dans tous les domaines. On est dans une société judéo-chrétienne. On a cantonné la femme à un rôle social : faire un mariage, des enfants, tenir sa maison, etc. Progressivement la société à évolué, mais les rôles sont restés très présents. Aujourd’hui on se retrouve dans une situation où la femme a une double journée de travail. C’est à vous de changer ce genre de choses… », a-t-elle suggéré. Macha n’a par ailleurs pas manqué d’aborder la définition du genre (« la construction sociale »), le fait que les filles ont de meilleurs résultats à l’école grâce à davantage d’attention, de rigueur, intégrant le comportement de la bonne élève. Seulement plus tard peinent-elles à s’imposer : dans une entreprise le dirigeant est un hommes, le RH, une femme, alors que la finance revient à l’homme. Autre illustration, les hommes investissent 80% de certains secteurs d’activité.

 

Du pain sur la planche

Pour sa part, l’association FETE fait feu de tout bois dès qu’il s’agit de remettre les pendules à l’heure. « Travailler sur les mentalités (débats, conférences, colloques) ; lutter contre les discriminations (sexe, origine, mœurs, orientation sexuelle, patronyme, maternité, grossesse, zone d’habitation, convictions politiques, appartenance syndicale…), les stéréotypes et les préjugés pour faire évoluer les représentations et les pratiques; œuvrer en faveur de la mixité et de la diversification des formations, ainsi que des métiers pour les femmes ; séquences de sensibilisation ; accompagnement de femmes à la recherche d’un emploi ; publication d’articles sur son blog ; création d’outils (un DVD notamment, comprenant des saynètes et des apports pédagogiques »), la besogne n’est pas en voie de tarissement ! Macha Chudant a mis en garde ses ouailles d’une heure : « Il faut faire attention aux modèles véhiculés, qui ne sont pas la réalité. Les pubs en sont de parfaits exemples. »

 

A l’issue de sa prise de parole, Macha a laissé les lycéens lui parler de l’idée directrice de leur exposé à fouiller. L’invitée a pris bonne note des différences hommes-femmes dans les entreprises, de l’égalité professionnelle, des violences faites aux femmes dans les entreprises, de la parité, du droit des femmes à l’international, du droit à disposer de son corps, des raisons provoquant des discriminations envers les femmes dans l’espace public…Histoire de les orienter dans leur démarche, elle leur a indiqué en particulier d’aller sur le net collecter les chiffres clés de l’égalité en consultant l’édition 2015 du Ministère des droits des femmes. La balle est désormais dans votre camp, messieurs…

                                                                                             Michel Poiriault