Chalon sur Saône

A Jamait. A toujours. Pour de vrai.

A Jamait. A toujours. Pour de vrai.

Troubadour des temps modernes et poulbot anachronique, Yves Jamait avait appâté Chalon-sur-Saône en amont, puisque la salle Marcel-Sembat était pleine à craquer sur le papier bien avant qu’il n’effectue sa prestation teintée de théâtralité. Ce public de connaisseurs en attendait vendredi soir monts et merveilles. Force est de constater qu’il n’a pas été déçu, une vingtaine de chansons et plus de deux heures quinze après…les effets saisissants ne s’étant pas fait prier pour abonder dans son sens.

Des incarnations pleines et entières

Son inséparable couvre-chef vissé sur l’occiput, le chanteur à la rhétorique percutante aura engendré des ondes jubilatoires, communiquées à une assistance complice au plus haut degré. Oscillant entre variété, ballade fondante, swing, jazz, musette, son répertoire est antinomique de la superficialité et de l’artificialité, sans pour autant se noyer dans un populisme pur et dur. Car l’auteur-compositeur a l’art et la manière d’éveiller les consciences par la manière la plus subtile qui soit : la poésie. Tantôt adossée à une vitesse vocale et à un ton minimalistes pour un passage en douceur, tantôt à un rythme échevelé au rendu galvanisé par sa voix rauque, gouailleuse, à la hauteur de l’objectif poursuivi. Un chassé-croisé ne laissant pas la moindre prise à l’édulcoration ou à la platitude. Son dernier album en date, « Je me souviens », jeté en pâture en 2015, a été l’épine dorsale de ces moments de partage chaleureux. « Je me souviens », « « Accordéon », « Le bleu », « Salauds », « Le temps emporte tout », « J’en veux encore »…ont ainsi conclu un pacte de solidarité avec d’autres titres puisés dans son patrimoine. Appuyé par trois musiciens (dont un accordéoniste-bandonéoniste), Yves n’a eu de cesse d’intérioriser puis d’extérioriser, remontant du tréfonds de son être ce qui ensuite lui brûlait les lèvres. Les épreuves que tout un chacun traverse au cours de son existence, les états de grâce, et entre les deux les choses répétitives du quotidien, ce qui est enduré inévitablement, se trouve positionné sur un piédestal. Applaudissements nourris, chansons reprises en chœur, ban bourguignon, enfin un medley pourri (sic) (contraction de medley et pot pourri) précédait l’extinction des feux. Que l’on se rassure, il y a une excellente nouvelle à vous annoncer : Yves Jamait reviendra salle Sembat le jeudi 26 janvier 2017. Qu’on se le dise !

 

Lili Cros et Thierry Chazelle : une bonne pioche !

En préambule au tour de chant de l’invité vedette, le tapis rouge devait être déroulé à un duo singulier de sept ans d’âge et donc nullement dénué d’originalité, truffé d’humour, mais pas que, le tout donnant lieu à des interprétations particulièrement plaisantes. L’assistance ne s’y est d’ailleurs pas trompée, lui réservant à l’issue de son récital partiel intitulé « Peau neuve » une ovation debout, réaction éminemment rare pour une première partie ! Lili Cros à la voix d’une limpidité absolue et Thierry Chazelle ont indubitablement offert un très bel aperçu du talent qui est le leur. Sans conteste de la belle ouvrage, également goûtée par d’autres, étant donné que le 2 avril Lili et Thierry assureront à La Cigale la première partie d’Yves Jamait. Et le 5 avril le tandem se produira en tant que tête d’affiche au Café de la Danse, encore à Paris.

                                                                                              Michel Poiriault