Chalon sur Saône

Alexandra Chopard : "Le végétarisme dans les cantines scolaires résoudrait à la fois ces problèmes culturels dont on entend parler et de véritables problèmes nutritionnels"

Alexandra Chopard : "Le végétarisme dans les cantines scolaires résoudrait à la fois ces problèmes culturels dont on entend parler et de véritables problèmes nutritionnels"

Annoncée par Info-Chalon*, la rencontre avec Alexandra Chopard a débuté à l’heure ce samedi matin. Au menu, discussions avec des lecteurs sur le « végétarisme », et dégustation de petits plats cuisinés par Luciana Berthod, naturopathe, qui assure le buffet végétarien au Café du palais, à Chalon-sur-Saône. Le retour d’Info-Chalon.com

« On entend souvent dire que le tofu, ça n’a pas de goût. C’est faux ! » C’est avec cette affirmation d’Alexandra Chopard que votre serviteur a été accueilli, juste avant de se voir inviter à goûter les différents produits que Alexandra Chopard et Luciana Berthod avaient apportés afin de faire découvrir le « végétarisme » aux personnes venues pour en savoir un peu plus sur le sujet. Des produits odorants, dans la meilleure acception du terme, et, pour tout dire, appétissants. A mille lieues de l’image d’Epinal que l’on peut mentalement se faire quand on pense à ces gens qui ne mangent pas comme nous : les végétariens. Première surprise : être végétarien n’implique en réalité pas d’ingérer des machins aussi peu ragoûtants que le fameux jus d’herbe auquel carburent certains écolos au teint diaphane, pour ne pas dire livide. Et, à observer la pétillante Alexandra Chopard, essayer de ne pas manger de viande n’a rien d’un chemin de croix.

Cependant, subsistait un certain nombre de doutes existentiels dans l’esprit de votre serviteur. Aussi n’a-t-il pu s’empêcher d’en faire part à celle qui, par goût de la transmission de savoirs, a préféré devenir journaliste pour des revues de formation continue destinées à des pharmaciens et à des médecins, plutôt que d’exercer la profession de pharmacienne. Retour sur cette conversation.

Quel est l’intérêt d’être végétarien ?

Alexandra Chopard : D’un point de vue purement égoïste, je dirais qu’être végétarien est bon pour la santé. Avant, l’idée que l’on pourrait tirer un bénéfice de cette façon de se nourrir relevait plus de l’intuition. Désormais, il est démontré, par de nombreuses études scientifiques, qu’être végétarien est bon pour la santé. D’un point de vue plus éthique, je dirais que le fait d’essayer de ne pas manger de viande incite à ne pas encourager l’abattage d’animaux dans des considérations déplorables. Enfin, être végétarien, c’est plus écologique. A l’heure actuelle, on épuise les ressources naturelles pour élever du bétail. Alors même que l’on peut très bien vivre en consommant des protéines végétales, et même se faire plaisir, en découvrant d’autres plats, d’autres aliments, d’autres saveurs.

C’est dur d’être végétarien aujourd’hui ? Le regard des autres, des non végétariens, n’est-il pas trop pesant ?

A.C : D’abord, le but n’est pas nécessairement de ne plus manger de viande du tout, mais d’éviter d’en consommer. Ensuite, il y a eu une évolution. Tout le monde a bien compris ce que le fait de limiter la consommation de viande pouvait apporter. Un signe qui ne trompe pas, c’est l’apparition de nombreux restaurants qui, soit proposent un menu végétarien, comme la Pierre vive à Chalon, soit permettent à leurs clients de manger végétarien, comme le Café du palais à Chalon. Être végétarien, c’est beaucoup moins clivant qu’avant. Il suffit de ne pas se présenter comme « végétarien », pour juste préciser qu’on ne mange pas de viande. Dire que l’on est végétarien a une connotation militante, qui gêne. En disant qu’on ne mange pas de viande, ça passe beaucoup mieux.

A vous écouter, quand on est adulte, être végétarien, ça n’a que des avantages. Qu’en est-il pour les enfants ? Est-ce indiqué de les initier au « végétarisme » ?

A.C : Le végétarisme, pour les enfants, n’est nullement contre-indiqué, sous réserve d’observer un certain nombre de principes, de se documenter un peu. Car le végétarisme suppose de s’informer. Qu’on se comprenne bien : il ne s’agit pas d’acquérir toute une science, juste de savoir comment bien substituer une alimentation à une autre. C’est d’ailleurs pour cela que, en moyenne, les végétariens ont de meilleures connaissances en matière de nutrition.

Vous conseilleriez de généraliser le végétarisme dans les cantines scolaires ?

A.C : Oui. Cela résoudrait à la fois ces problèmes culturels dont on entend parler et de véritables problèmes nutritionnels. Aujourd’hui, on se pose des tas de question sur l’alimentation des enfants. Mais ce sont des questions d’ordre culturel. On ne se pose jamais de questions en termes de nutrition des enfants, ce qui à mon sens est primordial. En attendant, on leur sert des ersatz de viande, une viande de qualité très relative. Alors qu’on pourrait leur servir des repas d’une bien meilleur qualité, leur donner des protéines végétales d’une meilleur qualité, à un prix de revient bien inférieur.

S.P.A.B.

*Voir l’article d’Info-Chalon.com :

http://www.info-chalon.com/articles/chalon-sur-saone/2016/04/27/21561/ce-samedi-la-librairie-papeterie-vous-propose-de-manger-vegetarien-avec-alexandra-chopard/