Chalon sur Saône

Daniel Brandely au faîte d'une performance alllégorique

Daniel Brandely au faîte d'une performance alllégorique

L’artiste majuscule qu’est Daniel Brandely a donné à regarder et à visualiser intérieurement mardi soir à la Chapelle du Carmel de Chalon-sur-Saône dans une atmosphère poignante au possible, au motif de performance désignée sous l’appellation Reenactment. Dans un décor minimaliste le Chalonnais a sacrifié les fioritures à l’essentiel, c’est-à-dire à la personnalisation d’un pas de deux gonflé d’interpellation en plaçant sous son joug un modus operandi duquel il ne fallait se soustraire à aucun moment, sous peine de perte de substance. Tandis que sur le grand écran défilent des images à la portée significative car directement reliées au cortex cérébral du maître de cérémonie à fond dans son sujet, et enrobées par une musique ad hoc, la théâtralisation aimante les esprits sans mot dire, avec le graphisme en figure de proue. La quête du Graal n’est pas banale, s’insinue-t-elle dans une ambivalence savamment entretenue par procuration par deux performers que l’amour unifie également, la Serbe Marina Abramovic et l’Allemand Ulay (Uwe Laysiepen). « Animés par une dynamique relationnelle, pendant la douzaine d’années de leur collaboration et par le seul discours de leur corps, ils ménageront l’équilibre entre le symbolique et le cathartique. Explorant les rapports de pouvoir et de dépendance entretenus avec le public, redéfinissant la notion d’alter ego, dépassant le désir d’unité fusionnelle comme l’opposition de genre, chassant l’inconscient collectif et la mythologie ayant trait à l’union, le « couple fait art » va remettre à l’œuvre la place de l’individu dans le collectif », dixit Daniel Brandely. La dernière performance de Marina et d’Ulay s’apparente à un acte de bravoure : au terme d’une marche de deux mille kilomètres entreprise depuis les deux points de départ de la Grande Muraille de Chine, les protagonistes se retrouveront douze ans après…une rencontre qui authentifie leur rupture ! Vingt-deux ans après, Marina, lors d’une performance vécue au Moma de New York (regards échangés pendant une minute avec qui le voulait bien), voit s’asseoir devant elle son ancien complice…C’est cet instant d’une solennité folle soutiré à la connivence des deux êtres qui constituera le territoire à conquérir du performer chalonnais.     

 

La démarche de Daniel Brandely

« Reenactment » (reconstitution), se propose d’entendre la déraison du couple magnétique. S’appuyant sur ce théâtre filmé au Musée d’Art moderne de New York, la performance se déploie sous une forme scénographiée pour réverbérer le temps de l’art dans l’espace des sens. Corps mythiques basculant dans le séculier, extase artistique dominée par une recognition…la dualité obsédante du témoignage oscille entre les murs, révèle l’absence et enfouit la présence (ou contraire ?). Et si le processus même de création n’était que cet écho, de l’origine à la fin, l’incessante répétition du même écart avec l’autre. »

 

C’est l’ultime jour pour retirer des bienfaits de l’expo

L’exposition, soutenue par la ville de Chalon et le Grand Chalon, ouvrira une dernière fois ses portes ce vendredi 23 décembre de 14h à 19h au Carmel. Accès libre.

                                                                                                        Michel Poiriault

                                                                                                        [email protected]