Chalon sur Saône

Forte mobilisation pour l’angioplastie à Chalon-sur-Saône

Forte mobilisation pour l’angioplastie à Chalon-sur-Saône

Toutes les autorités politiques du bassin chalonnais accompagnées de plusieurs centaines de personnes sont venues apporter leur soutien

Vendredi 23 juin, à 13 heures, dans le hall de l’Hôpital William Morey à Chalon-sur-Saône s’est tenu un important rassemblement pour le dossier de l’angioplastie à Chalon-sur-Saône. Fort d’une pétition de plus 22 000 signatures pour l’accès favorable dans l’établissement chalonnais de ce type d’intervention les discours furent musclés  aussi bien de la part des cardiologues chalonnais, des syndicats, que de Gilles Platet, 1er magistrat de la Ville de Chalon (après l’annonce du rejet du dossier par l’Agence Régionale de Santé)  .

Député, Sénateurs, Maires des communes avoisinantes, patients et associations de patients, usagers et associations de représentants d’usagers, professionnels de santé, personnel du centre hospitalier William Morey et des hôpitaux voisins et leurs représentants syndicaux, sympathisants et familles, tous sont bien décidés à mener ce dossier jusqu’au bout pour obtenir gain de cause pour ce bassin qui regroupe rappelons le, 350 000 personnes directement concernées.

Voici l’ extrait de l’allocutions du Docteur Dellinger : « Mesdames, Messieurs, le 26 mai, décision était prise de porter dans l’espace public la place de la coronarographie et de l’angioplastie à Chalon. Un mois plus tard, nous sommes rassemblés pour répondre à la publication le 20 juin, du rejet de notre dossier par l’Agence Régionale de Santé. Tout d’abord merci à chacun d’entre vous personnellement. Merci à chacun d’entre vous d’être là, merci de vous être rendu disponible pour défendre ensemble un besoin légitime de santé publique. Merci aux patients et à leurs associations, merci au personnel et aux syndicats, merci au personnel des établissements voisins, merci aux usagers et à leurs associations. Merci aux nombreux élus : maires, conseillers municipaux, communautaires ou départementaux, députés, sénateurs. Enfin merci aux nombreux soutiens individuels. Qui n’a traversé la Saône-et-Loire que du Nord au Sud, de Chagny à Macon, en 45 minutes d’autoroute, n’a pas vu grand-chose de cette terre. Il faut l’avoir traversée d’Est en Ouest, de Louhans à Autun, lentement, en 90 minutes, pour comprendre son étendue et sa diversité. Il faut avoir sillonné ses routes. Mais c’est au Mont Saint Vincent, par une claire journée de printemps, qu’il faut admirer et observer calmement cet espace travaillé par l’homme. Les villes de Montceau-les-Mines et du Creusot montrent la force industrielle de cette terre. La côte viticole cache Chalon au regard mais, au loin, le Jura laisse deviner à ses pieds la Bresse. La population y est éparpillée dans un réseau de villes moyennes, et des dizaines de villages autour de deux villes principales, connectées à la Saône et à l’autoroute, Macon et Chalon. Les deux tiers de la population vivent au Nord. Quatre villes du Nord de la Saône-et-Loire sont dans les dix premières de Bourgogne. Cette structure de réseau est une originalité parmi les départements français. Ce vaste territoire est également l’objet d’une autre originalité autour de la coronarographie - angioplastie. 350 000 habitants n’ont pas sur leur territoire un équipement de base de la pratique cardiologique, équipement de base depuis de nombreuses années. En effet, en 2012, les recommandations médicales internationales ont affirmé d’abord que la désobstruction mécanique de l’artère cardiaque bouchée était supérieure au traitement par médicament ; ensuite ces recommandations ont insisté sur le fait que le délai entre le diagnostic d’infarctus par l’électrocardiogramme et la désobstruction de l’artère ne devait pas dépasser 60 à 90 minutes pour sauver le maximum de muscle cardiaque. L’Agence Régionale de Santé (ARS) a financé en 2013-2015 un travail en profondeur d’analyse et d’optimisation des organisations entre les hôpitaux d’Autun, de Montceau-les-Mines et de Chalon, pour constituer une Communauté Hospitalière de Territoire. Elle a élargi cette perspective en 2016 aux établissements de Sevrey, Louhans, Chagny, La Guiche et Toulon-sur-Arroux, pour former le Groupement hospitalier de Territoire Nord Saône-et-Loire Bresse Morvan.

Dans le cadre de ce travail, l’organisation des soins cardiovasculaires a semblé rapidement une évidence : un quart des décès, un tiers des urgences. Tout plaidait pour une réflexion sur cette filière de soins. C’est donc le fruit de ses propres travaux, financés par elle, qui ont conduit l’ARS à reconnaître un besoin exceptionnel de coronarographie - angioplastie dans le Nord Saône-et-Loire en juillet 2016. Le centre de Chalon a été autorisé à déposer un dossier en novembre 2016. Et pourtant, six mois plus tard, l’ARS décide le 31 mai le rejet du dossier de Chalon parce qu’il ne formalise pas assez la coopération avec les hôpitaux voisins de Dijon et Macon. Pourquoi une telle attitude ? Pourquoi un tel revirement ? La coopération, parlons-en : coopérer veut dire « faire avec », « faire œuvre commune », « agir ensemble ». Le projet de l’ARS en 2016 de faire agir ensemble les hôpitaux de Macon, Chalon et Dijon était louable. Dans les faits, les hôpitaux de Macon et de Dijon se sont opposés à la reconnaissance du besoin exceptionnel et ont déposé aux côtés des cardiologues du centre privé de Dijon des recours au Tribunal Administratif contre l’arrêté de l’ARS de juillet 2016. Certes, des réunions mensuelles se sont tenues mais elles ne devaient pas parler de coronarographie angioplastie. Certes, nous nous sommes rencontrés entre les différents hôpitaux, mais toutes les propositions de coopération avec la création d’un site de coronarographie-angioplastie à Chalon ont été refusées systématiquement.

Le 16 mai 2017, il a été proposé par les hôpitaux de Dijon et de Macon, avec l’accord de l’ARS, que les bénéfices de l’angioplastie au CHU de Dijon servent à compenser le déficit structurel de l’Unité de Soins Intensifs Cardiologiques de Chalon en échange du renoncement à l’ouverture de la coronarographie - angioplastie. Il s’agissait d’une « dernière proposition très généreuse ». Est-ce une pratique hospitalière habituelle qu’un CHU compense le déficit d’un service d’un hôpital voisin ?  La Saône-et-Loire est le département le plus peuplé de la Bourgogne Franche-Comté. Il peut accueillir deux centres. L’ouverture du centre de Chalon diminuera l’activité du centre de Macon, mais sans le compromettre, et la plupart des départements français de cette taille et de cette population ont deux voire trois centres. Les centres de Dijon verront leur activité réduite de façon plus significative (de l’ordre de 200 à 300 actes en moins par an et par centre), mais aucun ne serait en péril. Alors pourquoi cette obstruction ? Pourquoi ce refus de coopération autour d’un site à Chalon ?

Les soignants ne savent pas répondre à ce type de question. Leur métier est autre. Leur métier est de répondre à d’autres questions: « Pourquoi ai-je mal ? », « Pourquoi ce traitement ? », « Puis-je reprendre le travail après mon infarctus? ». Mais ils ne savent pas répondre au type de questions que j’ai évoqué tout à l’heure. De nombreuses personnes dans la population s’interrogent. Des journalistes s’interrogent. Leur travail a commencé et va se poursuivre : rencontrer, écouter, observer, comparer, analyser, dénoncer éventuellement. Un jour, les journalistes dont c’est le métier, répondront à ces questions : Pourquoi une telle attitude de l’ARS ? Pourquoi un tel revirement ? Pourquoi cette obstruction ? Pourquoi ce refus d’ouverture d’un centre à Chalon ? Pourquoi tant de violence dans les propos ? La mobilisation se fait autour d’une Unité de Soins Intensifs Cardiologiques dite USIC adaptée aux soins de son temps, capable d’attirer et de retenir les jeunes cardiologues au centre hospitalier William Morey, mais aussi dans la ville et dans les villes alentour. Parce que nous croyons à la vie et à la joie, parce que le soin c’est redonner vigueur et joie, nous chanterons bientôt le besoin de la coronarographie sur l’air de « Si j’avais un marteau ». 

Parce que nous croyons à la solidarité, nous avons cultivé le rassemblement. Ce rassemblement est matérialisé par ces signatures amassées lors des marchés, des fêtes, dans les cabinets de soins et dans tant d’autres lieux. Merci à tous. Nous souhaitons remettre les pétitions (22 000 signatures à ce jour) à l’ARS, si elle est présente, au début du Conseil de Surveillance qui se tient aujourd’hui à 14 heures. Si l’ARS n’est pas là, la pétition continuera.

Parce que nous sommes inquiets aussi, nous travaillerons mardi 27 juin avec un brassard noir dans l’établissement et nous prendrons 30 minutes dans les services et les salles de consultations pour expliquer la situation et ses risques. Parce que nous sommes de plus en plus nombreux, parce que l’hôpital doit rester un lieu de calme et de soins, notre prochain rassemblement se tiendra en ville le mardi 27 juin à 19 heures, dans la salle du Clos Bourguignon à l’initiative des syndicats CGT et FO du personnel du centre hospitalier.

N’ayons pas peur ! Ne doutons pas ! Notre ambition pour le centre hospitalier et le Nord de la Saône-et-Loire est légitime : Une USIC équipée pour les malades cardiaques en complément de celle de Macon ; - Une USINV traitant les attaques cérébrales pour toute la Saône-et-Loire avec l’aide de la télémédecine ; - Un Centre Hospitalier, site-pivot du GHT, au service des hôpitaux qui l’entourent ; - Une coopération avec le CHU de Dijon, sur une base assainie, pour l’expertise et la chirurgie cardiaque en particulier. Le temps des discussions dans le huis clos des salles de réunion est terminé. Le temps des explications de ce dossier compliqué est terminé. Le temps des décisions est venu ! ». 

 Les organisations syndicales, CGT et FO, M. CHALLOT et Mme PILLON, ont appelé à la poursuite de la mobilisation et à la participation au débat public qui se tiendra le mardi 27 juin 2017  à 19 heures, dans la salle du Clos Bourguignon à Chalon.

Le Président du Conseil de Surveillance, M. PLATRET, a conclu le rassemblement en insistant sur le caractère exceptionnel de la mobilisation de l’ensemble des forces vives du territoire. Il a annoncé la proposition au Conseil de Surveillance d’une motion en faveur d’un recours hiérarchique auprès de Madame la Ministre des Solidarités et de la Santé à l’encontre de la décision de l’Agence Régionale de Santé du 31 mai 2017. La mobilisation continue donc !

 Le photoreportage infochalon.com