Chalon sur Saône

Dans "Peau de vache", Chantal Ladesou en fait voir de toutes les couleurs à ses victimes...

Dans "Peau de vache", Chantal Ladesou en fait voir de toutes les couleurs à ses victimes...

C’était ce jeudi soir le retour aux affaires à Chalon-sur-Saône des Théâtrales 2017-2018. Dans une salle Marcel-Sembat comble, la comédie de boulevard « Peau de vache » au sein de laquelle Chantal Ladesou tire les marrons du feu selon son habituel mode opératoire, a en filigrane moqué la bourgeoisie traditionaliste, dénonçant sa fausseté. Et le public a répondu du tac au tac aux tirades, riant sans se démonter.

Affrontement indirect des retorses Marion et Pauline

Pour amorcer l’année 2018, les organisateurs ont misé sur la comédienne à nulle autre pareille Chantal Ladesou, avec un phrasé qui lui appartient en propre au moyen de cette crispation des mâchoires aboutissant en règle générale à des propos peu amènes à l’adresse de son, ou ses interlocuteurs. En l’occurrence, son mari Alexis, violoncelliste notoirement connu maîtrisant parfaitement son art, mais, et c’est là que le bât blesse, dominé de la tête et des épaules par une épouse (Marion) au parler vrai, sèche, au style brut de décoffrage, jusqu’au-boutiste. Elle porte bien son surnom : « Peau de vache ». D’où un décalage permanent nourri par l’intrigue.

Conditionnés par les échanges aigres-doux, les spectateurs sont passés à la vitesse supérieure lorsque Pauline, journaliste arrivée sur la pointe des pieds, a finalement  eu une démarche qui est montée en puissance au fil du temps. Comme un chien dans un jeu de quilles, semant la zizanie dans le couple, n’étant pas là pour enfiler des perles. Tapissée de rapports conflictuels imbibés d’attirance physique et de rapprochement des corps, de démon de midi cédant à la facilité, de simulacre, de tromperie, d’éclats de voix, la pièce, écrite en 1975 par Pierre Barillet et Jean-Pierre Gredy, qui fait régulièrement référence aux clichés pas vraiment éculés des années 70 avec ses tenues vestimentaires quelque peu baroques, ainsi qu’aux tempos musicaux de l’époque, n’a pris ni rides, ni embonpoint. Preuve en est que c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe !

                                                                               Michel Poiriault

                                                                              [email protected]