Chalon sur Saône

AGRESSIONS AU MARTEAU A CHALON - Le procureur de la République a délivré les derniers éléments de l'enquête

AGRESSIONS AU MARTEAU A CHALON - Le procureur de la République a délivré les derniers éléments de l'enquête

Le procureur de la République près le TGI de Chalon, Damien Savarzeix, accompagné du Commissaire Montmartin, directeur interrégional de la police judiciaire de Dijon, a donné ce matin, mardi 30 janvier, une conférence de presse. Les explications d'info-chalon.com

Un jeune homme de 17 ans s’est volontairement rendu hier à la police, non sans avoir préalablement négocié les conditions de sa reddition : il dit être, entre autres, l’auteur des agressions à coup de marteau perpétrées sur deux femmes à Chalon-sur-Saône en septembre 2017. Le procureur de la République près le TGI de Chalon, Damien Savarzeix, accompagné du Commissaire Montmartin, directeur interrégional de la police judiciaire de Dijon, a donné ce matin, mardi 30 janvier, une conférence de presse (on peut lire le communiqué quasi intégral ci-dessous). 

De la manipulation (de la presse, par des envois de courriels revendiquant ses actes au nom de groupuscules inventées, de la police, en lui offrant de fausses pistes, et de l’opinion, par extension), de la mise en scène, orchestrées par un tout jeune homme, intelligent, avec les compétences requises pour rédiger, utiliser des brouilleurs pour sa communication électronique, consulter le darknet et des sites djihadistes, non pour la moindre affinité idéologique mais pour apprendre à confectionner des explosifs… De la manipulation, et des passages à l’acte suffisamment graves et inquiétants pour mettre les enquêteurs sur les dents. Deux profiler rattachés à la direction centrale de la police judiciaire ont planché, et même si son interpellation n’était pas encore possible, « on commençait à cerner la personne, dit le commissaire Montmartin, résidant à Chalon, étudiant à Dijon, quelques facilités littéraires, ayant vécu un évènement difficile en septembre, une personne seule en souffrance. »

Issu d’une « famille sans histoires », casier néant, inconnu des services, « l’agresseur au marteau » vivait avec sa mère, n’a jamais connu son père, il s’exprime « très naturellement ». Pour autant les autorités le pensent en danger : ce très jeune étudiant a commencé par dire avoir souhaité « une lourde condamnation », cette posture, sur laquelle il est revenu, indique une forme de suicide social, et « psychologique » pour le commissaire Montmartin. Les expertises psychiatriques et psychologiques à venir donneront sans doute d’autres éléments de compréhension, pour l’heure l’auteur présumé est toujours en garde à vue (prolongée ce matin) à Dijon, il sera présenté demain devant le juge d’instruction, on statuera sur la question de sa détention (ou pas) pendant le temps de l’instruction. Deux juges ont été saisies.

 « Il voulait se rendre intéressant », a conclu le directeur de la DIPJ de Dijon.

 FSA

Extraits du communiqué du procureur de la République de Chalon-sur-Saône, le 30 janvier 2018

 

Hier à 10h55, un jeune homme de 17 ans, actuellement étudiant à Dijon en de faculté d'histoire, après un cours cursus de droit, sans antécédent judiciaire, s'est livré aux services de police en déclarant être l'auteur de l'ensemble des crimes et délits revendiqués par le groupe « comité de défense du peuple et de la patrie française » et récemment rebaptisé « OAS 26 septembre ». 

Il a exprimé son souhait de se rendre dans un courriel adressé samedi soir dernier au journal le bien public, en sollicitant un contact direct avec le procureur de la République pour obtenir des garanties quant au déroulement de la perquisition qui allait suivre. 

J'ai donc eu plusieurs échanges par courriel dans la journée de Dimanche avec lui, destinés à conforter sa décision de se livrer et organiser les conditions de sa reddition, et il a annoncé qu'il se rendrait le lendemain à 11h00 au commissariat de Chalon-sur-Saône. 

Il s'est présenté à l'heure dite, et l'interpellation s'est déroulée calmement. 

Il s'est montré très coopérant, et pour faciliter les opérations de perquisition, comme cela lui avait été demandé, il avait rassemblé dans sa chambre les objets et effets susceptibles d'intéresser l'enquête. 

Au cours de son audition il a reconnu spontanément être l’auteur : 

         –  des agressions avec arme commises à Dijon et Chalon-sur-Saône en septembre 2017,

         –  de plusieurs incendies volontaires dans l'enceinte de l'université de Dijon en novembre 2017,

         –  du jet d'un projectile explosif composé d’acide, de billes d'aluminium et de tessons de verre, faits qui se sont effectivement produits à Chalon-sur-Saône, le 24 novembre 2017

         –  et il a déclaré être l'auteur du vol avec arme commis dans la pharmacie de la rue de Belfort à Chalon-sur-Saône, le 26 janvier 2017.
Il a également admis être l'unique rédacteurs des courriels de revendication de ces agressions, et donc des menaces multiples proférées dans ces mails, notamment de « frapper » lors du match de ligue 1 Dijon-Troyes du 18 novembre 2017.

Il déclare avoir agit seul, sans aide extérieure. 

A ce stade des investigations, l'analyse des éléments du dossier permet d'accréditer cette affirmation du mineur : 

         –  Ces différentes infractions ont pu être commises par un auteur unique

         –  son apparence correspond aux signalements donnés par les victimes de leur agresseur

         –  les perquisitions réalisées à son domicile de Chalon-sur-Saône et dans sa chambre d'étudiant à Dijon ont permis de retrouver des objets en rapport avec la commission des faits, et en particulier des effets vestimentaires (baskets Nike Air, gilet polaire, bonnet noir à liseré rose, et sac puma) correspondant à la vidéo de l'auteur présumé des agressions au marteau perpétrées à Chalon-sur-Saône

         –  mais surtout la précision de ses déclarations, implique une connaissance des faits qui permet de présumer une participation directe à leur commission,
L'exploitation poussée de son matériel informatique dans le cadre de l'information judiciaire permettra de rechercher d'éventuels échanges électroniques avec un comparse, et d'exclure ou non définitivement l'implication d'un tiers.
Les premières recherches effectuées par les techniciens de la police judiciaire, ont fait apparaître que le mineur avait utilisé des logiciels téléchargés, « antivir » qui comprend un VPN intégré et « Thor » pour rendre intraçables ses communications électroniques.
Quant à ses motivations, il indique avoir agit originellement pour être condamné à une lourde peine d'emprisonnement et éviter d'avoir à accomplir de longues études, qu'il ne se sentait pas le courage de mener.
Il a depuis changé de position.
Il précise aussi avoir cherché à attirer l'attention sur lui, et il reconnaît éprouver une réelle excitation à voir ses actes faire les gros titres.
Il dit n'avoir eu aucune conviction raciste ou visée politique, contrairement à la teneur des multiples courriels qu'il a pu échanger avec les journalistes du bien public et du journal de Saône et Loire.

Il explique qu'il s'agissait d'une mise en scène destinée à accroître l'intérêt des médias et brouiller les pistes. 

On n'a pas retrouvé chez lui de documents ou d'objets témoignant de sa sympathie pour l'idéologie ultra-nationaliste. 

L'exploitation rapide de son ordinateur révèle qu'il a fréquenté un large spectre de sites violents, de l'ultra-gauche, de la droite extrême mais également djihadiste. 

Le mineur a d'ailleurs indiqué spontanément aux enquêteurs s'être rendu sur des sites djihadistes, non par intérêt pour leur propagande, mais pour obtenir des « conseils opérationnels » et notamment de la documentation sur la confection d'explosifs. 

Quant aux raisons de sa reddition, il a des difficultés à l'expliquer. Il parle tout de même de sa crainte de l'intervention d'une « équipe tactique » à son domicile. 

Les expertises psychologique et psychiatrique à venir devraient permettre de mieux comprendre ces passages à l'acte. 

Il sera présenté demain devant les juges d'instruction en charge de ce dossier, que j'ai saisi des faits les plus récents par réquisitoire supplétif. 

Le ministère public va bien sûr demander son placement en détention provisoire.