Chalon sur Saône

Le tandem Plaza-Gidoin a donné une dimension surréaliste au fusible

Le tandem Plaza-Gidoin a donné une dimension surréaliste au fusible

On en était ce mercredi soir au 5ème galop (eh oui, déjà…) de la saison 2017-2018 des Théâtrales, et force est de constater que les quelque 1300 spectateurs du Parc des expositions de Chalon-sur-Saône ont dû se rendre à l’évidence devant les comiques de situation, de mots et de gestes engendrés à tire-larigot. La comédie Le fusible créée par Sylvain Meyniac et mise en scène par Arthur Jugnot est passée par là, et c’est tant mieux pour qui escomptait prendre pour argent comptant les frasques et incongruités amenées sur un plateau.

Un vent de folie a soufflé sans discontinuer

D’entrée de jeu ça part sur des bases qui s’éloignent des sentiers battus. Paul (Stéphane Plaza) est un chef d’entreprise quadragénaire qui, excédé par son épouse dont il est le conjoint depuis douze ans,  échafaude un stratagème afin de filer en douce en compagnie de sa maîtresse, histoire de bénéficier de dix jours de vacances à Bali. Seulement, c’était sans compter sur les inévitables péripéties de la vie. Comme celle qui lui est tombée dessus sans crier gare : le four de sa cuisine lui saute à la figure, avec une conséquence inattendue, puisque sa mémoire lui fait désormais cruellement défaut ! Ce terreau servira dès lors la cause d’un substrat gorgé des meilleures intentions du monde quant à une duperie pure et dure ! Ainsi, phrases alambiquées, blagues de potache, combines fourbes, tentatives pour rattraper le coup, faiblesse masculine…se tirent la bourre à l’envi. « Je fais ce que je dis, donc il est vrai que je ne dis pas tout ce que je fais », a lancé Paul de manière sibylline. L’ambiguïté et le quiproquo ont été rois tout au long de ce dépouillement parfois physique (chutes et frappes abdominales à l’appui) évoluant sur un bon tempo, et invariablement le rire a parcouru les travées.

Et pour cause, avec ce diable de Stéphane Plaza, imprévisible et facétieux, la partie était gagnée d’avance. A fortiori lorsque le leader fend la foule un brin provocateur une tronçonneuse à la main…Ou quand il apparaît (irruption inopinée) en tenue d’Adam, jetant le trouble parmi ses partenaires…Dont Michel (Arnaud Gidoin), vu de la sorte par son copain Paul : »Michel est un boulet, un lunaire, et parfois un génie. » Si Stéphane Plaza a été égal à lui-même, sa seule présence suffisant à conditionner les observateurs-, Arnaud Gidoin n’a point été en reste, démontrant avec force persuasion qu’il fallait compter sur lui pour s’en payer une bonne tranche au fil d’échanges jamais vides de sens. Beaucoup mieux que des faire-valoir, Juliette Meyniac (la femme de Paul), Gaëlle Gauthier (sa maîtresse), Irina Ninova (une femme d’affaires russe), et Philippe Dusseau (le médecin) auront également donné des couleurs à un ensemble aux fondations solides. A l’issue du ban bourguignon et de la célébration sur scène de l’anniversaire de Juliette, possibilité était offerte à la troupe de se prêter complaisamment aux rites de l’autographe et du selfie dans un salon du Colisée, mettant en joie les aficionados de qui-vous-savez, très peu avare en pitreries…

                                                                                                           Michel Poiriault

                                                                                                           [email protected]