Chalon sur Saône

Quand la librairie Gibert Joseph, à Chalon-sur-Saône, se mue en galerie d’art

Quand la librairie Gibert Joseph, à Chalon-sur-Saône, se mue en galerie d’art

La librairie, située 11 rue du Général Leclerc à Chalon-sur-Saône, accueille cette semaine encore, les tableaux réalisés par Nadège Delalande.

Les livres, disques, CD, articles de papeterie, loisirs ou encore Beaux-Arts ont côtoyé les oeuvres - des tableaux réalisés avec des matériaux de récupération - de cette artiste installée désormais dans la région chalonnaise, à Saint-Cyr plus précisément. L’interview…

Nadège, quel est votre parcours et pourquoi vous intéresser au collage ?

Après un baccalauréat et deux années à l’école des Beaux-Arts d’Angers, je bifurque vers la musique pour devenir flûtiste au sein de la fanfare de la Cie Jo Bitume et auteur compositeur interprète dans des groupes de chanson française que je crée. Quelques années de tournées et une école de musique à Paris plus tard, je m’aperçois que les arts plastiques me taraudent toujours. J’entreprends en 2009 une formation de concepteur de projets artistiques pour espaces publics au sein de la FAIAR à Marseille d’où je sors en mars 2011 avec le projet « Occupation »... Installation plastique de cubes roses en espace public. Je prends conscience alors que chaque projet que je mène est influencé par l’art plastique, les volumes, l’équilibre d’une installation, la prise en compte de l’espace autour de moi. Aussi, en 2017, je commence le collage de façon instinctive et sur les bases acquises au long de ces années, à savoir l’observation, l’équilibre d’une composition, les harmonies ou disharmonies de couleurs, les matières, mais surtout la furieuse envie d’exprimer un ressenti profond sans aucune explication, l’art Brut. Telle matière générant une envie qui prend forme dans une construction, le tout, s’enchaînant sans progression logique, des actions dictées par les sensations et la nécessité d’exprimer. J’aime le collage, il est vivant, libre et nécessite implicitement la «confiance en soi ». Quant aux tableaux exposés à Gibert Joseph ce sont des tableaux réalisés avec des palettes, des tissus, du papier de boîtes à chaussures, des morceaux de bois, des filets de sacs de pommes de terre, des affiches... L'Asie, la ville, la censure, les images, les formes, les ratés, les heures passées les mains dans la colle m'ont inspirée. Je n'ai pas de sujet défini. Ce sont les premiers jets qui font naître la suite d'une réalisation.

Les chalonnais et les grands chalonnais vous connaissent mais dans un tout autre domaine…

Je suis arrivée à Chalon-sur-Saône en 2011. J'ai joué mon spectacle de rue "Occupation" au festival Chalon dans la Rue en 2012 et avant, j'avais fait une résidence de création à l'Abattoir en 2011. J'ai aussi inventé, dans le même temps, un personnage "Colette Giboire" qui a eu le grand plaisir d'animer un concours de chemises lors du festival 2011 Chalon dans la Rue... J'ai ensuite lâché tout travail artistique en 2013 pour bifurquer vers la technique et la régie de cinéma, métier que j'exerce depuis 2014. Je me suis également investie dans le collectif chalonnais de femmes "groupe carnavalesque woldate" depuis 2014. Ce groupe est un collectif intergénérationnel de femmes qui, tous les ans, inventent un projet à l'occasion des cavalcades de Chalon autour d'un pays imaginaire ‘la woldatie transursique’. 

Pour en revenir à votre exposition, comment est né ce projet d’exposer à la librairie Gibert Joseph de Chalon-sur-Saône ?

Cette exposition est une proposition de Madame Grandchamp, directrice de la librairie, avec qui j'ai parlé un jour où je passais à Gibert joseph récupérer des affiches pour réaliser des collages. Nous avons discuté du fait d'utiliser la librairie comme galerie et l'idée nous a beaucoup plu. Un mois et demi plus tard, j'accrochais mes premiers tableaux ! Madame Grandchamp est extra !!!  Elle m'a donné toute sa confiance et exposer dans ce lieu est un vrai plaisir. Les tableaux sont au milieu des gens de passage, des livres ; certains les voient, d'autres pas, mais ce lieu est inscrit dans la réalité des gens et j'aime cette idée. Je vais aussi monter un dossier pour la chapelle du Carmel et j'ai envie de proposer une installation surprise mais c'est secret, chut…

Propos recueillis par SBR - Photo portrait transmise par Nadège Delalande