Chalon sur Saône

La démonstration de force humoristique a nettement tourné en faveur de Guillaume Meurice

La démonstration de force humoristique a nettement tourné en faveur de Guillaume Meurice

Son spectacle répond à l’appellation « Que demande le peuple ? » Dans ces conditions, l’humoriste Guillaume Meurice n’a eu qu’à se baisser pour ramasser les doléances émises dans la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône ce vendredi soir, où il a joué à guichets fermés, et à en faire tout un fromage. Le match était gagné d’avance, la remarquable densité humaine attestant de l’appétit féroce de spectateurs se doutant cela va de soi de la sauce avec laquelle ils allaient être dévorés tout cru…eux et toutes les victimes expiatoires !

De près ou de loin, le sniper a tiré dans tous les sens

Volubile en diable, Xavier (prénom de scène) a, sur un rythme vertigineux, et jamais en panne d’inspiration quant à l’improvisation, su assujettir un public consentant du début à la fin grâce à une faconde d’apparence spontanée et sans appel. De fait, on a énormément ri devant le feu nourri des flèches décochées issues d’un phrasé n’ayant que fort peu d’atomes crochus avec les convenances sociales en vigueur, la finalité étant de s’en affranchir le plus possible.

Tant et si bien que rien n’a été mis sur le bord de la touche, puisque tout était cultivable et déformable, pour lui qui représente une grosse boîte de communication après avoir commencé dans la pub. De l’échelon local à la mouvance nationale, le leitmotiv est d’asticoter les centaines de témoins, provoquer afin de les faire sortir de leur zone de confort, ou de leur permettre de se gausser dès lors qu’untel ou unetelle  est la cible de commentaires acidulés. « Vous formez un échantillon très représentatif de la société française. Il y a des gens qui ont réussi, des gens qui sont rien, vous êtes la nation française ! » Toujours à propos des regardants, son jugement de valeur s’est révélé péremptoire, classifiant la masse de « pauvres », puis, sans pitié : « C’est le comportement des pauvres, tu les insultes, ils t’applaudissent ! » Le premier magistrat Chalon figurait également à son tableau de chasse : « Laurent Ruquier, à côté de Gilles Platret, c’est Che Guevara ! » Les jeux de mots ont aussi concouru à l’atmosphère totalement folle : »Avec 7 milliards d’actes sexuels par an, on est le pays de l’amour. D’ailleurs quand on parle de sexe les statistiques divergent… »

 

Patriote jusqu’au bout des ongles

Les politiques, les syndicats (CGT en tête), le système bancaire, la religion, l’armée, etc. ont eu leur heure de gloire sur fond d’humour noir, Xavier s’évertuant à rendre parfois crédibles les thèses les plus absurdes pour le commun des mortels ! Les formules suintent les galéjades, par exemple :« C’est important, la guerre, ça crée des emplois. A toute chose malheur est bon ! » Tout dépend du camp dans lequel on se place…L’exaltation nationaliste a toujours été l’une des  constantes du showman, exhortant la populace à bomber le torse, le petit doigt sur le pli du pantalon.

« On est fier d’être Français », presque un hymne pour que cette chance s’accompagne d’un esprit d’entreprise invincible. « Xave » a de plus la faculté de rebondir après la perte de son emploi, quitte à retourner sa veste…Communicant du peuple, c’est ce à quoi il veut désormais se consacrer. Au vu des desiderata énoncés dans la salle : alcool, vacances, pognon, amitié, des rideaux pour grimper après, tolérance, musique, chocolat, GPA…nul doute que la reconversion ne sera pas un cache-misère. « J’ai tout de suite senti en vous une âme de révolutionnaire… » S’il le dit aussi franchement sans arrière-pensée…Au terme d’un ban bourguignon en guise de révérence, il ne restait plus à Guillaume Meurice qu’à dédicacer son roman « Cosme », sous le couvert de la librairie chalonnaise La Mandragore.

                                                                                                            Michel Poiriault

                                                                                                           [email protected]