Opinion
Les voeux de Rémy Rebeyrotte, député de Saône-et-Loire
Publié le 06 Janvier 2020 à 17h57
Quand les temps sont complexes, et nous sommes dans de profondes mutations, il faut revenir à l'essentiel.
Sur quoi avons-nous été élus en 2017 ? Sur l'idée forte de revaloriser le travail et la valeur « travail », de redonner du pouvoir d'achat à ceux qui travaillent, de lutter contre des formes de rente et de recréer un écart entre les revenus du travail et les minimas sociaux.
Chaque fois que nous ne sommes pas fidèles à ces engagements, les Français nous le font savoir : c'est, pour moi, l'une des causes du premier mouvement des gilets jaunes. Chaque fois que nous y sommes fidèles, nous avons le soutien de nos concitoyens.
La réforme des retraites, très liée à celle du travail, ne dément pas ce principe et les Français sont très nombreux à marquer leur soutien. Pourquoi ? Ce n'est pas une révolution : il s'agit d’adapter la retraite à la société du travail que nous connaissons depuis 30 ans, de prendre en compte, autant que faire se peut, les pénibilités d'aujourd'hui, les nouvelles précarités liées à la crise, les risques réels. Il y aura toujours, dans le système le plus universel possible qui doit ramener de l'équité dans nos retraites, quelques régimes spéciaux, mais ils doivent être peu nombreux et reposer sur la réalité des risques et des pénibilités.
D'ailleurs, posez donc la question à ceux qui sont contre la réforme actuelle, s'ils estiment normal que des avantages soient reconnus à des professions où les contraintes ne sont plus les mêmes ; s’ils jugent normal qu'une femme sur deux aujourd'hui soit obligée de travailler au moins jusqu'à 67 ans pour avoir une retraite à taux plein, comme toutes les personnes confrontées à la précarité ; s’ils considèrent normal qu'aujourd'hui la retraite minimum mensuelle puisse atteindre péniblement 400 euros : face à ces réalités, ils changent immédiatement de sujets et parlent d'autres choses.
Notre système actuel a été construit à une autre époque, quand plus de 50 % de la population active travaillait dans l'agriculture ou le secteur primaire, quand les cheminots mettaient du charbon dans la chaudière de la locomotive, quand les contrats à durée indéterminée représentaient 75 % des contrats salariés, quand les femmes n'étaient que 25 % à occuper un emploi, quand l'espérance de vie était à 65 ans. Les temps, et nos sociétés, ont changé et nous devons adapter notre système de retraite par répartition, c’est-à-dire par solidarité intergénérationnelle, aux nouvelles réalités, aux nouvelles pénibilités, aux nouvelles précarités, pour que personne ne reste au bord du chemin.
Les régimes spéciaux et l'extrême diversité des régimes actuels ne peuvent plus reposer sur les réalités de l'après-guerre. Refonder le système en étant fidèle au programme du Conseil National de la Résistance, ce n'est pas être passéiste, c'est au contraire retrouver ses valeurs pour notre société d'aujourd'hui.
Soit dit en passant, ne pas poser la question de l’âge pivot, ce serait certes ne pas veiller à l'équilibre financier du système, mais ce serait surtout nier la progression heureuse de l'espérance de vie et de l’allongement de la durée de perception des retraites.
Enfin, un dernier mot : à plusieurs reprises, j'ai souhaité une accélération des négociations sur la réforme des retraites et des échéances précises. Plus que jamais, je pense que c’est nécessaire. Cette méthode d’une concertation encadrée et efficace a été la nôtre depuis 2017. Elle a montré son efficacité, elle doit le rester sur tous les sujets importants.
Favoriser le travail ? Mais pourquoi faire ? Notamment pour relever les défis majeurs qui sont devant nous et pour lesquels nous devons accélérer : la santé, l'éducation et la formation, la prise en compte du vieillissement, le numérique et la révolution que Patrick Pelloux, dans son dernier ouvrage, appelle fort justement « la révolution écologique mondialisée ». Cela ne se fera pas sans génie créatif et sans tous les efforts du quotidien. Ce sont nos défis de la fin du mandat.
Au plan local, sur notre circonscription, dans les villes et communes, la dynamique est en marche depuis plus de 15 ans et porte ses fruits. Aussi, j'apporterais mon soutien à tous ces Maires-entrepreneurs qui portent sans relâche des projets et des réalisations de progrès au profit de leur population dans son ensemble et aux candidats qui porteront des valeurs similaires.
Que cette année soit pour vous tous, pour vos proches, notamment pour ceux qui souffrent, une meilleure et belle année. Et, tournant notre regard vers le Proche et le Moyen-Orient, qu'elle demeure une année de paix et de capacité à surmonter les tensions.
Cordialement,
Rémy REBEYROTTE
Député de Saône-et-Loire
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