Cinéma

Jean-Stéphane Bron à l’Axel de Chalon pour « L’Opéra »

Jean-Stéphane Bron à l’Axel de Chalon pour « L’Opéra »

Avec « L’Opéra », Jean-Stéphane Bron permet aux spectateurs d’entrer dans les coulisses du « bateau amiral de la Culture Française ». Rencontre avec le réalisateur à Chalon-sur-Saône.

« C’est ma dernière présentation en public de ce film ». Pour cette dernière, Jean-Stéphane Bron a répondu présent à l’invitation de La bobine pour parler de sa dernière réalisation : L’Opéra. Un documentaire sur l’Opéra national de Paris vu côté coulisses. Ce qui intéresse le réalisateur, ça n’est pas la finalité des choses, mais le chemin pour y accéder. A travers ses documentaires, il s’interroge : « Qu’est-ce qui fait société aujourd’hui ? Qu’est-ce qui nous rassemble ? ». Et c’est de là que tout part. Jean-Stéphane Bron suit alors des personnages. Et ce sont ces personnages qui feront son histoire. A l’instar de L’Expérience Blocher*, L’Opéra permet aux spectateurs de passer de l’autre côté de la scène, là où tout se prépare.

 

L’Opéra de Paris, c’est à la fois l’Opéra Bastille et le Palais Garnier. Ce sont 10000 places de spectacle. C’est un véritable travail de fourmi à accomplir en amont pour que le spectacle soit au plus près de la perfection à la levée du rideau. Et côté coulisse, tous s’activent, chacun dans son rôle, pour participer à la préparation du spectacle : du bureau du directeur au local à balai en passant par les chanteurs, danseurs, costumiers, perruquiers, maquilleurs, assistants, cuisiniers, pompiers, etc., si l’un d’entre eux ne tenait pas son rôle, on sent à travers ce documentaire que c’est tout l’édifice qui pourrait s’écrouler. D’ailleurs, tout ne se passe pas tout seul : entre les revendications syndicales, les grèves nationales, l’absence d’un chanteur à remplacer au pied levé, ou encore le départ annoncé d’un chorégraphe, l’opéra est parfois conduit à annuler des représentations.

 

Le documentaire, en suivant les différents acteurs, fait ressentir l’émotion de chacun d’entre eux : la joie d’un jeune chanteur de 21 ans quand il apprend qu’il est retenu pour des représentations, la fatigue extrême d’une danseuse qui vient de tout donner sur scène et qui s’effondre en coulisse tellement elle est essoufflée, les interrogations autour de la présence d’un taureau sur scène pour un spectacle, le stress du directeur devant les réductions budgétaires du Ministère de la Culture, les inquiétudes face aux réductions de postes annoncées. Tout ceci n’était pas nécessairement évident à capter pour Jean-Stéphane Bron, car, comme il l’explique, « si les portes de l’opéra étaient toujours ouvertes, ça n’était pas facile d’avoir accès aux artistes, car ils se montraient dans une situation de faiblesse ». Aussi, pour faire accepter la présence de l’équipe, « il a fallu trouver un code, une clé d’entrée pour que les acteurs laissent faire. On leur disait quand on les trouvait bien, justes, sincères. Quand c’était intéressant on tournait, et on montrait qu’on tournait. C’était aussi une manière pour eux de faire une performance. […] On essayait d’être au plus proche des regards ».

 

L’Opéra de Paris, « c’est une petite société, une mini République, avec des intégrations réussies et un grand bateau phare, le bateau amiral de la Culture Française », conclut Jean-Stéphane Bron pour sa quatrième venue à Chalon sur cinq films réalisés. Le réalisateur Suisse, qui est d’ores et déjà invité à revenir pour son prochain film, est reparti sous les applaudissements des spectateurs, ravis des explications données concernant le tournage de L’Opéra.

 

M.B.

 

 

* http://www.info-chalon.com/articles/cinema/2014/06/16/7102/cinema-a-chalon-christoph-blocher-passe-au-crible-de-la-camera-de-jean-stephane-bron/

 

L’Opéra, de Jean-Stéphane Bron

  1. Durée : 1h50

Bande annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19568343&cfilm=253361.html