Cinéma

« Macron, c’est l’homme qu’il nous fallait » : Yannis Youlountas ironise lors de sa venue à Chalon

« Macron, c’est l’homme qu’il nous fallait » : Yannis Youlountas ironise lors de sa venue à Chalon

Malgré un petit malaise sur la route qui l’amenait à Chalon-sur-Saône Yannis Youlountas était bien présent à l’Axel le 22 avril dernier pour échanger autour de « L’Amour et la Révolution » et de la nécessité de l’émancipation sociale, en Grèce comme en France.

« Nous sommes la génération condamnée. Ne pas essayer de changer les choses serait se condamner un peu plus. » L’Amour et la Révolution apparait comme une photographie de la Grèce du 21ème siècle. La situation y est telle que les habitants s’organisent à tous les niveaux pour changer les choses ensemble. Plus personne n’attend de solution de la part des gouvernants de la République hellénique. Le peuple grec se sent considéré comme un ennemi de la République contre lequel les policiers « sont dressés pour combattre ». Aussi, chacun agit à son niveau, dans autant de domaines qu’il a de force pour le faire : la cuisine sociale pour « s’entraider et s’émanciper ensemble », une pression d’un groupe de jeunes qui empêche le tribunal de statuer sur des saisies d’habitations et dont les audiences sont régulièrement reportées, une solidarité envers les immigrés organisée en autogestion au cœur d’un bâtiment du Ministère du travail, des actions contre le siège d’Aube Dorée, la lutte contre la construction d’un nouvel aéroport en Crète qui conduirait à un « désastre écologique » avec l’abattage de 2000 oliviers, dont certains sont très anciens, et qui constituerait une aberration économique puisque le coût serait cinq fois supérieur au projet initial d’agrandissement de l’aéroport d’Athènes, une association qui filme les manifestations du point de vue des manifestants pour contrer des médias acquis au Pouvoir, « des amoureux de la vie, en Révolution ».

 

Voilà ce que Yannis Youlountas (Je lutte donc je suis, Siné Mensuel, Le Monde Libertaire, etc.) a souhaité montrer de la Grèce à travers son documentaire : des personnes qui refusent de se laisser dicter ce qu’ils doivent faire ou non et agissent pour changer les choses. « On a souvent une vision mortifère de ces actions. J’ai fait ce film pour les revaloriser. » Et, comme ses habitants, le réalisateur franco-grec est convaincu que, en Grèce, en France et ailleurs, les solutions ne sont pas, ne sont plus à attendre des dirigeant politiques, et que l’on est tout à fait capable d’agir sans qu’une administration vienne dicter à tous vents comment les choses doivent se passer. « En Grèce on n’est pas d’accord avec le mot ‘crise’. Quand ça dure, il faut se dire que c’est un prétexte au durcissement du capitalisme. » Aussi prône-t-il l’émancipation sociale.  « L’émancipation sociale passe par le fait de prendre nos vies en main. Chaque opprimé est libre de choisir l’outil de son émancipation. Et les luttes écologiques, sociales et politiques ne s’opposent pas. »

 

L’homme, très investi dans les questions d’exclusion sociale, qui sillonne la France pour échanger avec les spectateurs lors des projections de son dernier film, qui s’est déplacé à Notre Dame des Landes à la rencontre des zadistes, qui est également inculpé pour insultes suite à des réactions sur Facebook contre des identitaires de l’opération ‘‘Défend Europe’’, a tiré le constat, à travers les nombreuses rencontres qu’il a faites, que la situation de la France n’est guère plus enviable que celle de la Grèce.  « On peut s’interroger sur ces reculades pour sauver la dette publique. Ce pouvoir est arrogant, pédant. Il attaque tout azimut. Finalement, Macron, c’est l’homme qu’il nous fallait. En étant violent, il provoque des réactions… » Pour Yannis Youlountas, les actions du Gouvernement sont autant de sources pour un imaginaire social en action. Et c’est de là que les choses sont susceptibles de changer…

 

Les recettes de cette soirée organisée par l’association ACTE, comme celles de la centaine de dates de projection de L’Amour et la Révolution en France et ailleurs, sont destinées aux centres autogérés d’Athènes, à destination desquels un nouveau convoi partira de Dijon le 20 mai prochain. « Une action non pas humanitaire mais solidaire. »

 

M.B.


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