Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - Coup monté pour l'un, violences pour l'autre.. la justice tranche et ordonne l'incarcération immédiate
Publié le 17 Mai 2020 à 10h18
Un homme a été condamné ce jeudi 14 mai, à 19 mois de prison ferme, par le tribunal de Chalon-sur-Saône réunit en chambre des comparutions immédiates, pour avoir frappé et menacé une jeune femme d’octobre 2019 au 29 mars 2020. Cela se passait à Louhans, derrière le bâtiment R de la cité Saint-Claude. « Une histoire à tiroirs », dit Christel Diez, substitut du procureur.
Stups : l’ennemi n’est pas la justice, c’est la balance
L’homme en question est un mahorais âgé de 30 ans, déjà condamné pour trafic de stupéfiants (janvier 2019, 9 mois assortis d’un SME de 2 ans) ; pour vol (février 2019, 100 heures de TIG) ; pour violences sur celui qu’il soupçonnait de l’avoir balancé pour son trafic de stups (janvier 2020, 4 mois ferme). Ici comme ailleurs se vérifie qu’en matière de stups, l’ennemi ce n’est pas la justice, c’est la balance.
« Y a pas de preuve matérielle ! »
La victime est dans la salle. Une jeune femme aussi effacée qu’une souris, les joues marbrées de rouge. Elle engage sa parole devant les juges : oui, le coupable est bien l’homme qui comparaît. Ce dernier conteste avec force, et renvoie le manque de preuves directes, « y a pas de témoin », et en appelle à son sens moral, « moi je ne frapperai jamais une femme, jamais. Celui qui a fait ça, c’est pas un homme. Y a pas de preuve matérielle ! »
Violences : l’employeur signale
Si, lui rétorque la présidente Caporali : la victime a 21 jours d’ITT, des marques et des traces de blessures, elle a été frappée, c’est une certitude. La question est : par qui ? L’histoire commence, c’est le premier tiroir, par un signalement de l’employeur de la victime. L’infirmière qui travaille avec cette société a constaté qu’une de ses employées était victime de violences. La femme dit qu’elle est frappée régulièrement par un homme qui voudrait se mettre en couple avec elle, et qu’à chacun de ses refus, il la fait venir et la frappe. Elle ne dit rien car il menace de s’en prendre à son petit frère. Pour cette raison elle refuse de dire son nom.
La victime « enquêtait » sur le prévenu
Second tiroir : les gendarmes enquêtent, et sur la foi d’un sms dans lequel il s’excuse « de tout ce que je t’ai fait », placent l’ex-petit ami de la victime en garde à vue, puis la convoquent. « Ils m’ont dit qu’il partirait en détention provisoire, or il n’a rien fait », alors elle nomme son agresseur. Les gendarmes l’arrêtent. Il conteste, « c’est un coup monté », dit-il.
Un coup monté ? Pourquoi ? On l’interroge, il ne sait pas, mais tout grenouille autour des stupéfiants. La jeune femme caressait le rêve de devenir gendarme et elle avait commencé « sa petite enquête », rassemblant des photos et on ne sait quoi d’incriminant contre ce monsieur, lequel profitait de son passage à la cité Saint-Claude quand elle venait voir son père, pour la choper avant qu’elle ne reparte. Elle avait parfois si mal au dos, par exemple, qu’elle ne pouvait plus soulever un poids.
La défense plaide une relaxe
Maître Bouflija, puis la procureur, listent les traits du faisceau qui désigne le prévenu. D’autres personnes interrogées l’ont spontanément nommé, outre la victime. En janvier dernier il avait « défoncé », c’est le mot qu’il emploie et répète, l’ex petit-ami de la fille, « et je le revendique ». Elle, elle dit au tribunal qu’elle avait « peur, peur pour mon petit frère ». Le parquet requiert 10 mois de prison et la révocation de 4 mois de sursis.
Maître Delahaut, elle, plaide une relaxe, au nom du doute qui subsiste, vu le peu d’éléments dont dispose l’accusation. Le prévenu, qui pour mieux entendre, s’est rapproché de l’installation de visioconférence, donne à voir son visage en très très gros plan, il veut s’adresser à la victime, l’appelle par son prénom, « c’est pas bien ce que t’as fait. J’ai jamais manqué de respect à ton père et à ta mère, j’ai jamais tapé une femme ».
19 mois de prison ferme
Le tribunal le déclare coupable et le condamne à 20 mois de prison dont 5 mois sont assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, interdiction de tout contact avec la victime, obligation de l’indemniser (renvoi sur intérêt civil en octobre), maintien en détention pour la partie ferme. Révocation partielle du sursis antérieur à hauteur de 4 mois, « le tribunal ordonne l’incarcération immédiate ».
Florence Saint-Arroman
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