Culture
« Jean-Pierre, Lui, Moi » : un spectacle de Thierry Combe mêlant humour, philosophie et poésie, à voir absolument lors des étéâtrales de la Cour Basse de Lux ce vendredi
Publié le 23 Août 2017 à 12h14
C’était sans doute, du point de vue de la performance et de la mise en scène, l’un des spectacles les plus atypiques de la 31ème édition du festival des arts de la rue de Chalon. Beaucoup de festivaliers n’ont malheureusement pas pu le voir, en raison d’une jauge presque intimiste. Mais grâce aux étéâtrales de la Cour Basse organisées par Olivier Jeunet, de la Compagnie L’emporte-pièce de Lux*, les amateurs de bon théâtre contemporain pourront enfin découvrir le spectacle que Thierry Combe consacre avec humour, en s’inspirant de sa propre vie, à la question du handicap. Retour sur un spectacle et un acteur hors normes.
Votre serviteur d’info-chalon.com vous en avait parlé pour vous le recommander**, Jean-Pierre, Lui, Moi, de la Compagnie Pocket Théâtre, était un spectacle à voir, pour peu que l’on parvienne, faute d’une jauge suffisante, à y accéder. En effet, en dépit d’un sujet a priori aussi drôle que peuvent l’être les obsèques d’un proche, Thierry Combe parvenait à faire rire et, d’une certaine façon, en évacuant les appréhensions par l’humour, à changer le regard de tout un chacun, jusqu’à vider de toute la cohorte de fantasmes qui l’accompagne un mot qui fait encore peur : celui de « handicap ». Du travail d’orfèvre et une performance aussi remarquable qu’impressionnante**. Aussi, quand il a su que Thierry Combe allait se produire à nouveau à proximité de Chalon-sur-Saône, dans le cadre des étéâtrales de la Cour de Basse de Lux*, votre serviteur d’info-chalon.com n’a-t-il pu résister à l’envie de vous toucher encore quelques mots sur cet acteur finalement aussi atypique que son spectacle.
Thierry Combe, un homme finalement aussi atypique que son spectacle
Car Thierry Combe est un personnage pour le moins atypique. Titulaire d’un Diplôme universitaire de technologie (DUT) en génie civil, ce Lyonnais d’origine a d’abord exercé le métier de professeur en bâtiment au Burkina Faso, avant de travailler 5 ans dans le Jura, où il réside actuellement. Pendant ces années-là, il a officié pour le compte d’un organisme, spécialisé dans l’habitat social, qu’il a quitté quand il s’est rendu compte que le volet « social » était de moins en moins présent et, surtout, quand l’envie de devenir éducateur l’a pris. Parce que, oui, Thierry Combe a été éducateur, durant un an, à l’issue d’une formation de 2 ans pour le devenir, qu’il a suivie à Besançon. Une période de sa vie pendant laquelle il s’est frotté à la pratique du théâtre, en amateur, encadré par des professionnels. Un « loisir » qu’il a de plus en plus pratiqué, y compris quand il s’est retrouvé au chômage.
Est-ce parce qu’il en faisait et aimait ça qu’il a finalement choisi de passer d’amateur à professionnel du théâtre et du « spectacle vivant », comme on dit au ministère de la Culture, sans même se rendre compte que, ce faisant, on donne ainsi naissance, en creux, à une notion plus que curieuse : celle de « spectacle mort » ? A l’écouter, c’est quand même un peu plus compliqué que ça, comme à peu près tout, en ce bas monde. Quoi qu’il en soit, Thierry Combe a alors fait le choix de se professionnaliser. C’était en 2009. Immédiatement, après quelques tentatives, il mesure « la différence qu’il y a entre être un bon comédien amateur et un bon comédien professionnel » : « tout un monde ». Pour autant, il ne se décourage pas. Pas le genre de la maison. Il monte un premier spectacle abouti : Léon, l’histoire d’un facteur, métier qu’il a voulu exercer, quand il était plus jeune. Un spectacle mêlant fiction et réalité et tentant de s’attaquer à une interrogation : « comment en arrive-t-on à exercer le métier que l’on fait ? »
Puis vient le tour de Jean-Pierre, Lui, Moi. A l’en croire, et il n’y a pas de raison de ne pas le croire, ce spectacle, Thierry Combe travaille dessus depuis…1976, année de sa venue au monde. Depuis qu’il est tout petit. Depuis qu’il côtoie ce frère handicapé qui, dans la fratrie qu’il compose, l’a précédé et l’a à jamais marqué. Car avoir un frère handicapé, ça vous marque, ça vous interroge. Tout le temps. Ceci dit en plaisantant, Thierry Combe précise très vite que, d’un point de vue plus théâtral et professionnel, il y a consacré deux ans, aux côtés d’une dizaine d’autres personnes. Un travail qui n’est pas terminé puisqu’il est encore en construction, d’où le mot de « tentative », qu’il utilise pour qualifier chaque représentation, la première n’ayant eu pour unique spectatrice que sa propre épouse.
Un spectacle atypique
Est-ce parce qu’il est encore en construction selon lui, que son spectacle apparaît aussi atypique au spectateur qui le découvre pour la première fois ? Possible. Une chose est sûre : une fois devant, difficile de se dire que l’on est face à un spectacle « classique » - c’est-à-dire « avec un début, un milieu, une fin » pour Thierry Combe –, comme pouvait l’être par exemple Léon, qu’il avait écrit d’un jet, en une soirée, avant de le peaufiner par la suite à la marge. Pourquoi ? Peut-être, précisément, par Jean-Pierre, Lui, Moi n’a pas été écrit de la même façon, si l’on peut dire qu’il a fait l’objet d’une écriture, au sens traditionnel du terme. Car, à discuter avec Thierry Combe, Jean-Pierre, Lui, Moi, n’a pas exactement fait l’objet d’une écriture en bonne et due forme : « comme pour Léon, j’attendais que ça arrive, que ça jaillisse. Mais ça n’arrivait pas. Sans doute parce qu’il ne fallait tout simplement pas que j’écrive le texte cette fois-ci. Peut-être parce que tout ce que je raconte dedans est vrai ». Ou peut-être parce que, plus fondamentalement, Thierry Combe n’arrivait pas à se dire que Jean-Pierre, Lui, Moi était « un spectacle en soi, comportant un début, un milieu et une fin », mais « plutôt l’histoire d’un type – lui-même – qui, sur un sujet, se lève et décide de prendre la parole ». D’où l’expression qu’il emploie d’ailleurs, pour le qualifier, de « prise de parole ».
Dans tous les cas, ne serait-ce que par le processus créatif qui a permis à Thierry Combe d’accoucher de Jean-Pierre, Lui, Moi, on est loin des sentiers battus, ce qui a probablement séduit cet amateur de « curiosités » théâtrales qu’est Oliver Jeunet et qui, pour les étéâtrales de la Cour Basse de Lux, écume les festivals afin d’y repérer les spectacles abordant des sujets contemporains, de préférence de façon expérimentale**.
Car avec Jean-Pierre, Lui, Moi, on est vraiment loin des sentiers battus. Surtout quand, à un moment du spectacle, surgit le réel, d’une façon relativement remarquable. Un surgissement que votre serviteur d’info-chalon.com ne saurait trop vous recommander de découvrir.
Samuel Bon
*Lire l’article d’info-chalon.com :
**Lire l’article d’info-chalon.com :
Infos pratiques
« Jean-Pierre, Lui, Moi » - Compagnie Pocket Théâtre – Création de Thierry Combe
Vendredi 25 août à 20h30, à la Cour Basse de Lux
Durée : 1 h 20
Tarifs :
Plein tarif :
1 spectacle : 7 euros
2 spectacles : 12 euros
Mini-pass (3 spectacles) : 17 euros
Pass Festival (7 spectacles) : 32 euros
Tarif réduit (étudiant, chômeurs, -16 ans – sur justificatif) :
1 spectacle : 5 euros
2 spectacles : 9 euros
Mini-pass (3 spectacles) : 13 euros
Pass Festival (7 spectacles) : 20 euros
Gratuit pour les -10 ans
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