Faits divers

Tribunal correctionnel de Chalon - Peine de travail d’intérêt général pour les trois tagueurs de Pâques

Tribunal correctionnel de Chalon - Peine de travail d’intérêt général pour les trois tagueurs de Pâques

Trois jeunes gens de Chalon et sa banlieue, âgés de 18 ans, étaient jugés lundi après-midi par le tribunal correctionnel de Chalon dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate pour dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion.

Pour être plus précis, la Justice reprochait à Ouassim, Ilyan et Oussama d’avoir tagué avec une bombe de peinture noire les façades de la mairie et du Palais de Justice de Chalon, celle de la permanence chalonnaise du parti « Les Républicains » ainsi que celles des mairies de onze communes du Sud Chalonnais. Faits commis au cours des nuits du 16 au 17 avril puis du 17 au 18 avril dernier.  
Mais pas n’importe quel tag, puisqu’on trouvait notamment le A capital entouré d’un cercle, signe de l’anarchie, et que sur les murs de l’hôtel de ville avait été également inscrit « Platret facho ». Allusion à certaines prises de position prises par le maire de la Cité de Niépce depuis son arrivée aux affaires en 2014. Les bombeurs avaient aussi dessiné les lettres L et Z. Sans véritable signification mais avant tout pour intriguer les gens.


A Chalon mais aussi dans onze communes du Chalonnais


Le système de vidéosurveillance de la Ville de Chalon a permis de retracer le périple d’Ouassim et d’Ilyan, les auteurs des tags chalonnais, en cette nuit du 16 au 17 avril 2017, aux alentours de 3h 30, depuis le centre culturel musulman de la rue Edgar Quinet et les quais de Saône jusqu’au Palais de Justice en passant par la mairie et la permanence « des Républicains ». Et surtout de les identifier permettant ainsi leur interpellation le 21 avril 2017 à Epervans par les gendarmes du PSIG de Chalon. Ouassim et Ilyan ont reconnu rapidement avoir accompli dans la nuit du 17 au 18 avril 2017 d’autres méfaits du même genre en compagnie de leur copain Oussama dans onze communes de la grande agglomération chalonnaise : Ouroux-sur-Saône, Oslon, Lans, Saint-Loup-de-Varennes, Varennes-le-Grand, Lux, Epervans, Châtenoy-en-Bresse, Marnay, Saint-Rémy et Saint-Marcel. Parce que dans les articles des médias locaux et dans les commentaires sur les réseaux sociaux concernant leurs premiers méfaits on ne les prenait pas assez pour de vrais anarchistes.
Durant son interrogatoire Ouassim a indiqué qu’en taguant les murs de l’hôtel de ville de Chalon il voulait ainsi montrer son profond désaccord avec la politique menée par le maire, qu’en bombant le siège local « des Républicains » il souhaitait de la sorte exprimer son opposition à tous les partis et qu’en traçant des graffitis sur le Palais de Justice de Chalon il désirait de cette manière dénoncer les dysfonctionnements de la justice. De quoi étonner la présidente Edith Catala, aucun des trois jeunes gens n’ayant jusqu’alors assisté à une audience. N’ayant jamais été condamnés.


Pas le profil de prévenu


A les voir assis dans la salle d’audience, dans l’attente de leur jugement, on est à mille lieues de penser qu’on a affaire aux nouveaux Bakounine, Vaillant et autre Caserio. Ils ont bien du mal à expliquer ce que représentent pour eux l’anarchisme et le fascisme. Comme l’a fait remarquer la présidente Catala, Ouassim, Ilyan et Oussama n’ont pas le profil de prévenu.  Tous les trois ont un casier judiciaire vierge et suivent une formation. Ouassim est en 1re année économie et gestion à la faculté de Dijon, Ilyan est en terminale ES et va passer son baccalauréat en juin prochain et Oussama est en administration économique et sociale à la faculté de Dijon.


Une audience à la vertu pédagogique


Plusieurs des onze communes se sont portées partie civile par la voix d’un de leurs élus. Ouroux-sur-Saône par celle de son maire Jean-Michel Desmard, Marnay par celle de son maire Patrick Théveniaux, Epervans par celle de son adjoint Patrick Pinard et Châtenoy-en-Bresse par celle de son adjointe Pascale Létourneau. Appelé à la barre, juste avant les réquisitions du parquet, Jean-Michel Desmard s’est adressé directement aux trois prévenus. Faisant allusion à leur passage pour la première fois devant un tribunal, le conseiller départemental a dit « J’espère que ça vous servira de leçon. Je suis profondément affecté. La mairie est un symbole ».
« Cette audience devra avoir une vertu pédagogique. A la base la justice doit servir à ça » a confié le substitut Caroline Mollier. Avant de faire remarquer que se revendiquer de l’anarchisme a un sens et qu’en cette période d’élection l’affaire était très certainement remontée jusqu’au ministère de la Justice. Leur ayant rappelé qu’ils encouraient jusqu’à 7 ans de prison, la représentante du ministère public a signalé aux trois jeunes majeurs « Il y a bien d’autres moyens de revendiquer ». Par exemple en votant aux élections, comme l’ont d’ailleurs fait ce dimanche deux des trois prévenus.
Défendant les trois mis en cause, Me Mélanie Thomas a fait observer «  Ils ont commis ces agissements sur un coup de tête, de façon totalement irréfléchie, sans en mesurer les conséquences. » et a tenu à préciser « Le risque de réitération n’est pas à craindre ».
Finalement Ouassim et Ilyan ont été condamnés à 210 heures de travail d’intérêt général, la peine fixée en cas de non exécution étant de 5 mois de prison, tandis qu’Oussama s’est vu infliger 140 heures de travail d’intérêt général avec comme épée de Damoclès sur sa tête 3 mois de prison en cas de non accomplissement.

Gabriel-Henri THEULOT