Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON : Encore une escroquerie via le site Coco.fr

TRIBUNAL DE CHALON  : Encore une escroquerie via le site Coco.fr

Deux jeunes dijonnais détenus au centre pénitentiaire de Varennes le Grand comparaissaient ce matin au TGI de Chalon-sur-Saône. Comme tous les (bons) escrocs ils semblent hyper sympathiques. Deux garçons décontractés et souriants de 23 et 24 ans, dont les sorties de prison sont cependant prévues en… 2022 pour Adil, et en 2023 pour Thomas.
« Je suis entré en prison à 20 ans, j'en sortirai à 28 ans, j'ai gâché ma vie, je m'en rends compte, maintenant. »

Les garçons répondaient ce matin d'une escroquerie commise à Dijon dans la nuit du 16 au 17 janvier 2015, soit 10 jours avant d'autres faits d'extorsion avec violences qui leur ont valu de très lourdes condamnations.
Ce soir-là ils sont avec deux filles qui voudraient bien de l'argent pour acheter de quoi boire. Brainstorming en réunion... et c'est le site coco.fr qui l'emporte à nouveau (ce n'est pas la première « arnaque coco » qui passe en correctionnelle) : les jeunes gens se connectent, créent le splendide pseudo « deux nanas vénales » et attrapent sans plus d’effort un gogo en quête de sexe, fut-il payant. Deux nanas ? Deux fois 150 euros. Ok. Rendez-vous à l'hôtel Première classe à Dijon, chambre 18. Sur place le gogo aperçoit les têtes des supers nanas super vénales, mais Thomas et Adil sont derrière lui et se présentent comme les gars chargés « de la sécurité des deux filles ». Ils lui réclament l'argent, le motivé client le leur donne, et les garçons lui disent de filer à la chambre 71 pour connaître les délices de la vénalité mise à nue. Bien évidemment il n'y trouve personne, et rapidement il reçoit un coup de fil, « on » lui demande de « se casser », il dépose plainte 2 jours plus tard. Les policiers identifient rapidement les jeunes filles, celles-ci chargent les jeunes hommes, et voilà pourquoi ces deux amis si sympathiques se retrouvent extraits de la prison de Varennes ce matin.

Sorties en 2022, et 2023… Que font-ils en prison ? Eh bien ils travaillent, ils indemnisent lentement mais sûrement leurs précédentes victimes, ils voient le psychologue, ils participent à des ateliers sur (et contre) la violence, ils envisagent de se former pour travailler plus tard, accompagnés par leurs conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP).
Soutenus l’un et l’autre, disent-ils, par les visites de leurs familles respectives, les garçons restent opaques : les deux ont commencé par le tribunal des enfants, puis sont passés en correctionnelle, ont commis des faits d’extorsion avec enlèvement et séquestration fort peu sympathiques en dépit de leurs bouilles qui le sont, pourquoi ? Ils ne savent pas. Du travail de thérapie se dégagent quelques éléments : « je réagissais au quart de tour, je commence à comprendre que c’est pas ça la vie, que je me nuis à moi-même », « je commence à prendre conscience de mes actes ».

Sans avocats, les deux demandent « la clémence » du tribunal.

Décision : 4 mois de prison chacun pour l’escroquerie via coco.fr. Compte-tenu des faits, de leurs casiers, c’est là une décision clémente leur dit la présidente, mais quand on attend le moment où l’on pourra enfin demander un aménagement de peine, c’est autant de jours à faire en plus, et Adil souffle. « J’ai trop d’années à faire, je ne supporte plus la prison ».

 

FSA