Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il passera pour la 5e année consécutive son Noël en prison

Noël c’est dans quelques jours et Kevin aurait bien voulu, pour la première fois depuis 2012, le passer en liberté avec ses proches. Mais c’est raté... car cet Autunois, qui aura 25 ans le 22 décembre prochain, est à nouveau derrière les barreaux.

Pour 5 mois. Une onzième condamnation depuis 2011 que lui a infligée lundi après-midi le tribunal correctionnel de Chalon dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate, à la suite d’une série d’infractions commise le 8 décembre dernier dans la cité éduenne.
Au volant de sa voiture Kevin a refusé la priorité à une dame. Occasionnant un accident matériel. Mais il ne s’est pas arrêté tout de suite. « Il s’est garé plus loin pour ne pas boucher la route » a expliqué Me Isabelle Dijoux, son conseil. Alors qu’un simple constat à l’amiable aurait du être suffisant, les choses ne se sont pas déroulées normalement. Intrigués par ce qui paraissait être une altercation entre deux automobilistes, des gendarmes de la brigade d’Autun, qui effectuaient un contrôle routier à proximité, ont décidé de venir voir ce qui se passait. C’est alors qu’à leur vue le jeune homme a pété les plombs. Insultant et menaçant de mort l’infortunée automobiliste. Donnant des coups de pied dans sa voiture. Allant même jusqu’à se cogner volontairement dans la dite voiture. « J’ai explosé parce que je savais que je n’avais pas de permis de conduire et que j’étais en tort » a confié Kevin aux enquêteurs.
Depuis sa sortie de prison le 31 mars 2017, après quatre années et demie de détention, le jeune Autunois s’est inscrit dans une auto-école. Mais il n’a suivi aucune leçon. « Un permis, cela coûte cher. Il faut tout de suite sortir 1 000 euros et mon client ne touche que 350 euros par mois » a signalé Me Dijoux.


Il avait pris sa voiture pour se rendre à un TIG


Pas de permis de conduire... Alors, pourquoi acheter 500 euros une vieille Peugeot 106 ? A cette interrogation de la présidente Edith Catala le prévenu a répondu « Mme la juge, je cherche du travail. Il n’y en a pas beaucoup à Autun. Il y en a plus à Beaune... et pour y aller il me faut une voiture ». On peut également se demander pourquoi le mis en cause était au volant d’une voiture, tandis qu’il savait pertinemment qu’il n’avait pas de permis de conduire. C’est son avocate qui a donné la réponse. « Il a commis l’erreur de prendre son véhicule pour se rendre sur son lieu de TIG (travail d’intérêt général) ». Une peine imposée précédemment par cette même juridiction.


Il était « sur une pente ascendante »


Dans ses réquisitions le substitut Caroline Mollier n’a pas manqué de rappeler que les gendarmes avaient constaté que le prévenu était « vindicatif, virulent, menaçant ». « C’est plus une explosion de colère contre sa propre situation » a tenté de montrer dans sa plaidoirie Me Dijoux. Et l’avocate chalonnaise de faire remarquer que son client avait fait des progrès dans le cadre du sursis avec mise à l’épreuve et qu’il était « sur une pente ascendante ». Ayant même, semble-t-il, un projet de travail dans une petite entreprise d’électricité dirigée par un membre de sa famille.
Mais cela n’a pas suffi pour obtenir l’indulgence du Tribunal. Même si la présidente Catala et ses deux assesseurs se sont montrés moins sévères que la représentante du ministère public, qui avait réclamé 1 an de prison, dont 4 mois avec sursis, assorti d’une mise à l’épreuve d’1 an avec obligation de travailler et de passer le permis de conduire. Kevin fêtera donc Noël au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand...

Gabriel-Henri THEULOT