Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - 20 ans de vie commune s’achèvent dans la violence

TRIBUNAL DE CHALON - 20 ans de vie commune s’achèvent dans la violence

« Ce n’est pas la première fois et sûrement pas la dernière que j’interviens pour un couple qui se désagrège » a confié le substitut Caroline Mollier, en préambule à ses réquisitions à l’encontre de Michael, un quadragénaire bressan, jugé par le tribunal correctionnel de Chalon dans le cadre d’une convocation par procès verbal. Et comme l’a rappelé Me Laurent Maréchal, conseil du prévenu, « Un couple c’est fait pour durer et jusqu’en 2015 son couple a bien fonctionné ». Mais depuis cette date il y a eu de plus en plus de ratés avec au final une plainte de Madame auprès des gendarmes et un passage de Monsieur devant le Tribunal.
Fin octobre 2017, Madame qui est marié avec Monsieur depuis 1997, en a eu marre de ce qu’elle pouvait endurer depuis maintenant deux longues années. Le 29 octobre dernier, prenant son courage à deux mains, elle est allée tout raconter aux gendarmes. Elle leur a dit que depuis 2-3 ans les choses se détérioraient de plus en plus avec au menu insultes, crachats, coups, et même couteau sous la gorge. Comme l’a fait remarquer la magistrate du parquet « On est allé crescendo dans l’échelle des faits et de la gravité ». Monsieur faisait ainsi l’objet de quatre chefs de poursuite : violence, menace de mort, appels téléphoniques malveillants et mise en danger d’autrui. Des faits que le prévenu n’a cessé de contester, à l’exception des insultes. Et pourtant les témoignages enregistrés par les enquêteurs ne plaidaient pas en sa faveur.
Depuis son dépôt de plainte Madame a quitté le domicile conjugal et a trouvé un emploi et un logement.


« Du moment qu’il me laisse tranquille » 


Présente dans la salle d’audience, Madame a été appelée à la barre par la juge Elsa Aussavy, laquelle lui a posé la question « Comment voyez-vous l’avenir ? ». Réponse de Madame : « Du moment qu’il me laisse tranquille, je n’en demande pas plus ». Même question à Monsieur, qui a répondu « On vit désormais chacun de notre côté. Moi, je veux surtout que cela se passe bien avec les enfants ».
Malgré tout Caroline Mollier s’est dite sceptique. « Je suis inquiète, parce que je ne suis pas aussi sûre que cela que Monsieur accepte la séparation » a fait observer la représentante du ministère public, avant d’affirmer « Monsieur a largement besoin de soins. Cela fait trop longtemps qu’il ne va pas bien ». En 2015, alors que le couple traversait des moments difficiles, Michael a été hospitalisé à la Clinique Val Dracy. Et depuis plusieurs semaines ce dernier, qui est employé en CDI chez Renault Trucks, est en arrêt maladie.


« C’est même le rigolo de la bande »


Pour sa part Me Maréchal a regretté qu’on n’ait pas entendu l’un des deux enfants du couple. « Les faits qu’on reproche à mon client ne s’appuient que sur les paroles de Madame. Les propos de Madame sont rapportés par les uns et par les autres. On n’a pas la démonstration de ce qu’on dit. Il aurait fallu se référer aux gens qui vivent quotidiennement avec le prévenu et non pas aux copains que Madame a pu trouver depuis novembre ». Ayant rappelé que le mis en cause était « quelqu’un de parfaitement intégré dans son travail », l’avocat louhannais a également souligné que Michael n’avait simplement pas « eu le comportement adapté » et qu’il était « un homme pas méchant, c’est même le rigolo de la bande ». Auparavant le substitut Caroline Mollier avait nuancé « Monsieur est quelqu’un de foncièrement gentil mais qui peut monter très rapidement ».
En définitive Michael, qui avait jusqu’alors un casier judiciaire vierge, a été condamné à 4 mois de prison avec sursis, assorti d’une mise à l’épreuve de 2 ans avec obligation de travail et de soins psychologiques et avec interdiction d’entrer en contact avec la victime et de se rendre à son domicile ou sur son lieu de travail. Le Tribunal ayant ordonné l’exécution provisoire.

Gabriel-Henri THEULOT