Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il avait fracturé le local du PS et mis la main sur.... 30 euros !

TRIBUNAL DE CHALON  - Il avait fracturé le local du PS et mis la main sur.... 30 euros !

Long et très mince, il a la tête posée comme une tête d’épingle sur une carrure proportionnelle à sa taille. Tout en lui respire la sobriété, et pourtant il est accro à l’alcool, au cannabis, et aux médicaments. Le 7 octobre dernier il a forcé le local du Parti Socialiste à Chalon, y a volé 30 euros. Le local était tout retourné et des chéquiers traînaient au sol, sans intérêt pour lui : il ne voulait que de l’argent liquide, pourquoi ? « Pour m’acheter à manger. »

Le fait est, ce jour-là il a acheté un paquet de cigarettes, puis se dirigeait vers une supérette lorsqu’il fut arrêté. Sa victime a récupéré ses 30 euros. Le PS souhaite néanmoins se constituer partie civile pour le bris d’une fenêtre par le voleur, le bris d’une autre fenêtre par la police, lit la présidente Verger, lorsqu’elle est entrée à son tour dans le local, et la porte d’une armoire restée voilée d’avoir été forcée. Pourquoi le local du PS ? « Par hasard. »

Alors, ce voleur… Il a 53 ans et a largué les amarres il y a un bail, au point que sa vieille mère ne veut plus l’héberger. « Pas de domicile connu actuellement. » Il est jugé en comparution immédiate ce jeudi 11 octobre parce qu’il est en état de récidive légale (condamnation d’avril 2018), et puis il est en sursis mis à l’épreuve et avait même intégré fraîchement le dispositif AIR, dispositif d’accompagnement renforcé, « du cousu main » dira le substitut du procureur, Dominique Fenogli. Il avait vu un juge le 3 octobre, pour des vols aussi. Le juge « au vu de sa situation » (problèmes de santé, entre autres) l’avait placé sous contrôle judiciaire. Immédiatement il rencontre l’AEM (association enquête et médiation) donne son accord pour AIR, y retourne le lendemain, mais « fait preuve de mauvaise volonté, ne veut pas communiquer son téléphone, refuse de dire où il est hébergé. »

Fixer un homme qui a largué les amarres, ce n’est pas simple. A sa sortie de prison en août dernier (condamné à 5 mois ferme en avril, puis en sursis mis à l’épreuve), il avait donné l’adresse de sa mère, sauf qu’il n’y est pas allé, alors les courriers arrivent, et puis… personne. Dans ces conditions, le SME a pris l’eau, « il n’a pas saisi le sens de la peine ».  « On a le sentiment que vous êtes spectateur de votre propre vie, qu’attendez-vous ? – De m’en sortir. – Il faudrait que ça vienne de vous aussi, monsieur, essaie encore la présidente. Vous avez fait des démarches pour avoir un logement ? – J’avais rendez-vous, mais j’ai pas pu, ils m’ont pris dimanche. » Tête de la présidente… ce genre de malencontreuse coïncidence est si fréquente : c’est très exactement au moment où ils sont arrêtés que certains déclarent qu’ils étaient sur le point de, mais voilà, on les en empêche.

« Le butin est faible, dit le procureur, certes, mais il est en état de récidive légale. Le problème c’est ses addictions à l’alcool, aux médicaments (légère stupeur également sur le visage du substitut qui a cherché les prescriptions habituelles pour le Seresta et le Tercian que le prévenu semble boulotter comme des Dragibus), au cannabis qu’on lui donne, dit-il, de façon assez curieuse. Il dit ne pas comprendre ses passages à l’acte, moi je pense qu’il les prémédite, il prend le temps de briser la fenêtre, il porte des gants pour ne pas se blesser. Il n’a pas entendu les avertissements, nous avons tout fait… » Il requiert 10 mois de prison, révocation de 3 mois de sursis, et le maintien en détention.

Maître Bernard rappelle que les 30 euros ont été restitués à la victime, « parcours extrêmement chaotique, addictions profondes, il est relativement lucide sur sa situation : ‘tellement j’arrive au bout’, m’a-t-il dit. »
Le tribunal le condamne à 2 mois de prison et ordonne son maintien en détention.

« Monsieur vous serez jugé à nouveau le 26 novembre, mettez cette période à profit pour préparer la suite et saisir les mesures d’accompagnement. » Mais le bougre n’en revient pas : « ça fait 7 mois de prison ? – Non, monsieur, 2 mois. – Le sursis, y tombe pas ? – Non, monsieur. »

Florence Saint-Arroman

Le tribunal déclare la constitution de partie civile de la section chalonnaise du PS irrecevable, car sa secrétaire n’a pas présenté de mandat lui permettant de l’être en la représentant.