Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Ils avaient braqué à Verdun sur le Doubs, à Sassenay et à Verjux pour acheter de la cocaïne au Creusot

TRIBUNAL DE CHALON - Ils avaient braqué à Verdun sur le Doubs, à Sassenay et à Verjux pour acheter de la cocaïne au Creusot

Pendant le délibéré, tout le monde est sorti se dégourdir les jambes. Les victimes échangeaient entre elles, les prévenus aussi, de leur côté. Puis la police est arrivée, s’est placée au fond de la salle. Le parquet avait requis deux mandats de dépôts à la barre. Maître Trajkowsky s’est alors rapprochée de ses deux jeunes clients. Ils ont 24 ans mais peuvent en paraître moins, ils se tassent sur le banc, ils enfilent leurs blousons, ils vont partir en prison.

A Verdun, « on voulait de l’argent pour aller acheter de la cocaïne »

Jonathan et Fabrice (prénoms modifiés) se sont connus au collège, ont ensuite découvert la drogue, et ça les a encore rapprochés. Ils sont jugés ce lundi en comparution immédiate pour 3 faits. Le samedi 6 octobre dernier Fabrice agresse une femme sur le parking d’Attac à Verdun. Elle poussait son caddy, Fabrice a voulu piquer son sac, elle a protégé son sac, il a voulu la gazer, à deux reprises, la deuxième fois avec encore plus d’énergie. « On avait bu un litre de whisky, on a fait ça sur un coup de tête, on voulait de l’argent pour aller acheter de la cocaïne. » « Moi, c’est l’alcool, précise Jonathan, depuis que j’ai arrêté les stups (arrêté plus ou moins, en fait, ndla). » A la barre, ils regrettent, ils présentent des excuses et tout.

A Sassenay, « la caisse ou je te bute »

Le même jour, ayant échoué à Verdun, ils vont faire une pause chez les parents de Jordan, à Gergy, « et là on a bu un coup, et on a pris la carabine de mon père. » Direction Sassenay. Fabrice fait irruption dans le tabac, carabine en main : « La caisse ou je te bute. » La femme qui tient le commerce lui donne la caisse, Fabrice tombe en sortant, les deux genoux en sang qu’importe il a du numéraire. « Ben on voulait aller au Creusot acheter de la cocaïne, on y est allé et on l’a consommée le soir même. » Ils s’en sont mis dans le pif pour plus de 300 euros. A Verdun, comme Fabrice s’était gazé lui-même avant de retourner la bombe contre sa victime, il s’est lavé les yeux chez son copain et y avait oublié ses lunettes, du coup, deux jours plus tard, les garçons se retrouvent.

A Verjux, « c’est un braquage »

« On s’est retrouvé à Sassenay, on a bu du Pastis. » On est lundi, ils filent sur Verjux. Le tabac est fermé mais sa gérante s’occupe du stock et voit qu’on rentre chez elle par la porte de la réserve. « C’est un braquage », la main de Fabrice est armée cette fois-ci d’un couteau. Jordan l’attend, au volant de sa voiture dont il a maquillé la plaque d’immatriculation. Le fils de la gérante est là, il affronte le braqueur, il finit par le dominer puis le maîtriser. Les gendarmes vont arriver, Jonathan s’est fait la malle, on l’interpellera chez lui. Jordan, c’est celui qui s’est mis à boire depuis qu’il tâche de décrocher de la drogue, « phénomène courant » dira son avocate. Travaille-t-il ? « Je sors de 3 mois de vendanges, et je fais des missions intérim. Quand je suis occupé, ça va. » Comment paie-t-il son alcool, demande la présidente Verger ? « C’est souvent ma mère qui le paie, y en a toujours à la maison. »

« Il faut les priver de liberté pour ce qu’ils ont fait »

Sa mère… pas de parents dans la salle, pas davantage pour Fabrice dont le père est décédé. Fabrice est accompagné de sa sœur, elle commence à pleurer dès que la police arrive. Maître Carle-Lengagne et maître Bourg parlent pour les victimes, et la première bouscule les deux garçons. « Pas d’excuses en regardant leurs victimes dans les yeux, pas une seule parole qui puisse les rassurer. Si le fils de madame X ne les avait pas arrêtés, ils auraient continué, c’est sûr. » « Comprennent-ils la gravité de ce qui s’est passé ? », demande maître Bourg. « Ils n’en n’ont rien à faire, des victimes, dit le substitut du procureur, Dominique Fenogli. Il existe absolument un risque de récidive. » Il requiert des peines mixtes (prison ferme et sursis mis à l’épreuve) et deux mandats de dépôts, « parce qu’il faut les priver de liberté pour ce qu’ils ont fait. »

Et la police prend place au fond de la salle

Maître Trajkowsky fait une part aux victimes : ce qu’elles ont éprouvé et éprouvent encore n’est pas discutable, et loin d’elle l’idée de jouer avec ça. En revanche, plaide-t-elle, « sans alcool et sans drogue ces deux-là ne seraient pas là. » Fabrice a déjà été condamné pour vols mais au tribunal pour enfants, et Jonatahn est en état de récidive légale aujourd’hui mais pour une condamnation pour stups, rien à voir avec les faits de vols à main armée. Sans alcool et sans drogue… Oui. Mais. Et la police prend place au fond de la salle, et les deux garçons mettent leurs blousons, puis retournent à la barre lorsque le tribunal revient.

Mandat de dépôt à l’audience

Le tribunal les condamne à 24 mois de prison chacun, dont 16 mois assortis de sursis mis à l’épreuve avec obligations de travail, de soins, d’indemniser. Interdictions de porter une arme, d’entrer en contact avec les victimes, et interdiction de paraître sur les communes de Verdun, de Verjux, et de Sassenay. Le tribunal décerne mandat de dépôt à l’audience. Les policiers s’avancent, s’assurent qu’ils ont récupéré leurs pochettes, puis les garçons passent leurs bras dans le dos, on les menotte, ils passent ainsi dans la travée centrale : privés de leur liberté.

Florence Saint-Arroman

Laurent Maquart, président de la chambre syndicale de Saône-et-Loire des buralistes, était présent pour la deuxième fois cette semaine, accompagnant des buralistes agressés.
Le tribunal reçoit les victimes dans leurs constitutions de parties civiles. Les deux agresseurs sont condamnés, solidairement on suppose, à payer à 3 d’entre elles, 1500 euros chacune et une somme pour leurs frais d’avocat, à la 4ème, 1500 euros et 385 euros de préjudice matériel, une somme pour leurs frais d’avocat.