Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Ivre au volant, il s'en était pris aux gendarmes

TRIBUNAL DE CHALON - Ivre au volant, il s'en était pris aux gendarmes

« Je reconnais les faits, parce que je sais que quand j’ai un souci d’alcool, je suis violent. C’est pour ça que je reconnais les faits. » Il en a oublié une partie, il était ivre, avant-hier, à Baudrières, et ce sont les gendarmes qui ont pris. Comme son casier judiciaire est fourni (10 mentions) et surtout, varié, il se trouve en état de récidive légale pour 4 des 5 préventions qui lui valent une comparution immédiate ce lundi 5 novembre.

Conduite sous l’empire de l’alcool, récidive. Violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique, récidive. Menaces de mort, récidive. Outrage, récidive. Enfin, conduite malgré l’annulation judiciaire de son permis de conduire. Il aura 30 ans en mars prochain, il dit de lui qu’il est quelqu’un de « correct », sauf quand il a bu. Maître Thomas le défendra en ce sens : aucun incident au cours de ses incarcérations, et des rapports impeccables : « respectueux du règlement intérieur, respectueux du personnel, travailleur, assidu, sérieux ». Comment ça se fait ? « Parce qu’il n’y a pas d’alcool là-bas. »

Ce 3 novembre il a déjeuné avec sa compagne, une compagne avec qui il a eu 2 enfants, et qu’il aide à monter son commerce. Elle a acheté des murs sur la commune de Sennecey-le-Grand, c’est lui, le maçon, qui se charge des travaux de mise en état. Pas de chance, ce jour-là, elle est partie et s’est pointé un copain : alcool. Le prévenu se retrouve au volant dans l’après-midi. Il perd le contrôle du véhicule sur la commune de Baudrières, et s’encastre dans un mur. Il est tellement agité déjà qu’un témoin doit le plaquer au sol et le contenir jusqu’à l’arrivée des gendarmes, lesquels le menottent pour l’emmener à la brigade de Saint-Germain du Plain. Alcoolémie supérieure à 2 grammes.

Un des gendarmes lui annonce le taux et lui notifie sa garde à vue, monsieur S. se déchaîne à nouveau. Il parvient, alors qu’il est toujours entravé, à porter un coup au visage du militaire, et pendant son transport à l’hôpital, il en fait voir également aux deux femmes qui sont de l’escorte. « Ce florilège tout aussi raffiné de termes s’attaquant à ces gendarmes en tant que femmes, et les menaces de mort pendant le transport puis pendant l’examen à l’hôpital, n’est plus en votre mémoire ? » l’interroge la présidente Pertuisot. « Ben… du début à la fin, j’ai des coupures, j’ai des trous noirs. Je me suis excusé auprès d’eux hier, et je recommence aujourd’hui (il les regarde, tous trois assis sur le banc des parties civiles). A jeun je suis un gars qui est très correct, et dès que j’ai bu un peu, c’est le bordel. »

« Je brûlerai ta maison », « je te couperai la tête », « suce les bites de tes morts », « je te retrouverai à ma sortie de prison », « salope »… « Salope », toute femme est hélas susceptible de l’entendre. Les femmes, c’est comme ça, quand elles contrarient les messieurs, se voient renvoyées à « ça ». Salope, garce, pute. Les femmes gendarmes comme les autres. La commandante de l’unité est à la barre, elle en témoigne, mais « c’est la première fois, en 10 ans de carrière, que je subissais ça, sur un mode répétitif et sur cette durée. Et les menaces, en plus. » A ses côtés, une jeune femme, elle porte l’uniforme depuis 6 mois : « C’est une atteinte à la dignité. Et puis il y a les propositions à caractère sexuel, pour faire cesser une garde à vue. Et les menaces de mort. » Enfin, le gendarme, en fonction depuis 2 ans : « Je suis intervenu lors de l’accident pour dégager la route, mais aussi pour porter secours à monsieur. Mais… ».

Maître Thomas pointe les difficultés à juger si rapidement, car personne n’a le temps de vérifier certains éléments et cela peut être dommageable. « Même si je comprends qu’on n’ait pas le temps, je m’interroge sur le rapport de l’AEM (association enquête et médiation) qui évoque le suivi de monsieur S. au KAIRN, car il dit y être reçu par une assistante sociale, alors je m’interroge sur l’opportunité de ce type de rencontres. » Elle insiste : il a toujours travaillé, toujours. La nature des faits, la gravité des menaces et des insultes à l’encontre des gendarmes, les récidives légales, et ses antécédents auront raison de toute autre considération. Le parquet avait requis 15 mois de prison dont 3 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 3 ans, et prévient qu’il saisira le juge d’application des peines pour demander en outre la révocation d’un sursis mis à l’épreuve antérieur.

12 mois ferme, mandat de dépôt

Le tribunal condamne monsieur S., bientôt 30 ans, père et compagnon manifestement stable et dégourdi à travailler mais qui a « un souci avec l’alcool », à 15 mois de prison dont 3 mois assortis d’un SME de 2 ans, obligations de soins, de travailler, d’indemniser les victimes (les trois). Interdiction de conduire pendant 6 mois, interdiction de repasser son permis pendant 1 an. Le tribunal décerne mandat de dépôt. La présidente remplit une fiche à l’intention du centre pénitentiaire : « Y a-t-il un risque de manque pour l’alcool, monsieur ? » Et celui qui dénonce le « bordel » qu’il provoque à chaque fois qu’il boit « un peu », répond : « Euh… oui, je crois. »

FSA