Culture

MUSICAVES DE GIVRY 2018 : Un samedi soir sur la Terre

MUSICAVES DE GIVRY 2018 : Un samedi soir sur la Terre

Le samedi, la soirée des Musicaves de Givry est généralement plus festive encore. Pour le Cru 2018, le festival de la Côte chalonnaise n’a pas dérogé à la tradition. Le retour d’info-chalon.com

18 h 32 – Halle Ronde de Givry

Encore sous le choc de l’incroyable concert donné par Anne Niepold & le Quatuor Alfama à l’église de Poncey (Lire ICI), info-chalon.com arrive hébété devant Tino & Co, un groupe plutôt axé rock français, qui s’adonne à de bonnes reprises de grand standards. Le public est, comme toujours, au rendez-vous. Exténué, estourbi par un cagnard saharesque, info-chalon.com n’a plus la force de prendre des photos. Info-chalon.com est à deux doigts de tourner de l’œil. Surtout, info-chalon.com a soif et (un peu) faim.

18 h 54 - La Cadole – Restaurant situé à proximité de la Halle Ronde de Givry

Pour se sustenter et reprendre son souffle, info-chalon.com pose ses valises au restaurant La Cadole. Parce que l’adresse est bonne. Parce que la dernière fois, la souris d’agneau était une tuerie. Ce soir, ils ont joué le jeu de la formule express. Et, manifestement, l’équipe de La Cadole, même quand le client est aussi furtif que ceux décrits par une mère maquerelle des Tontons Flingueurs, même quand elle pourrait être moins pointilleuse sur la qualité, ne s’autorise pas à fourguer une tambouille de bord de mer, digne du Tord Boyaux chanté par Pierre Perret : jambon à l’os sauce vigneronne et son gratin dauphinois au morbier, morceau (pavé ??) d’époisse crémeux à souhait et accompagné d’une confiture de figue qui déchire sa race, tiramisu au cassis. La Cadole sait recevoir, bien mieux qu’un certain ambassadeur, avec ses réceptions aux rochers de Ferrero ®… Big up pour La Cadole !

20 h 07 – Domaine Besson de Givvy

Rafraîchi par un litron de… San Pelegrino ®, rassasié, revigoré, info-chalon.com prend le chemin du Domaine Besson. Ses sacs fouillés au portique d’entrée, des jetons acquis la veille pleins les poches, info-chalon.com va direct au bar, pour se prendre… un jus de pomme-framboise. Et parce que depuis cet endroit stratégique, on a une très bonne vue d’ensemble. Pour être franc, c’est pas encore la foule des Grands Soirs. Trois tondus, quatre pelés, deux chauves.

20 h 15 – Domaine Besson de Givry

L’attention d’info-chalon.com est attirée par un signe de main, celui que semble faire une résurgence de hippie complètement stone. Traversant la cour, il se rend compte que ce n’est nullement la réincarnation de Janis Joplin dans son état habituel (défoncée) mais une amie qui, visiblement, pour les Musicaves de Givry, a fait des recherches dans son armoire pour y dégoter une panoplie chatoyante. Il se dit que si celle-ci est venue ce soir, ça sent bon pour les musicavistes qui craignaient, étrangement pessimistes pour une fois, une faible fréquentation.

21 h et quelque – Domaine Besson – De dignes héritiers de Led Zeppelin montent sur scène

Rumble2Jungle monte sur scène. D’emblée, c’est la baffe. Info-chalon.com mitraille le bassiste et la chanteuse, sous toutes les coutures et quand il se retourne pour voir s’il y a du monde, il n’en croit pas ses yeux : la cour est pleine à craquer ! D’où sortent-ils, tous ces gens qui n’étaient pas là dix minutes auparavant ? D’un chapeau de magicien ? Des catacombes du Domaine Besson ? Quoi qu’il en soit, ils ont bien fait de venir.

En les écoutant tranquillou à la maison (Lire ICI), info-chalon.com se doutait bien qu’ils feraient un tabac. Mais, faut être honnête, il ne pensait pas que ce serait à ce point-là. Sur scène, Rumble2Jungle explose. La chanteuse (Kissia San), avec sa coupe afro et sa voix proche de Robert Plant (Led Zeppelin), sait y faire. On ne sait pas ce qu’elle prend, ni si, en guise de sang, c’est de la nitroglycérine qui coule dans ses veines. Ce qui est sûr, c’est qu’elle arrache. Le bassiste, lui, une sorte d’hybridation entre Flea (Red Hot Chili Peppers), le défunt Cliff Burton (Metallica) et Steve Harris (Iron Maiden), est plutôt pas mal non plus. Félin, presque sexuel, son jeu de scène, comme sa musique d’ailleurs, sont une invitation à se déhancher. Sébastien Richelieu, qu’il s’appelle. On sait pas s’il a un lointain rapport avec le Cardinal qui a mis au pas la place forte protestante de La Rochelle au XVIIème siècle, scène puissamment immortalisée par le peintre Henri Motte dans un tableau sobrement nommé Richelieu sur la digue de La Rochelle. Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c’est que, comme le Premier ministre de Louis XIII, il sait s’imposer.

Si, rien qu’avec ces deux-là, le spectacle est assuré, que dire du moment où le guitariste, Eddy Leclerc, se met à rendre des hommages discrets à Jimmy Page (Led Zeppelin) ? Car si ce n’est assurément pas ce bon vieux Jimmy sur scène, il n’a pas grand-chose à lui envier, sinon un archet pour nous jouer un truc du genre Dazed and confused, la mythique compo du groupe qu’on ne se lasse pas d’écouter à info-chalon.com. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Philippe Perrousset n’a pas sollicité des mickeys du Rock. Ajoutez à cela un batteur en mode John Bonham (Led Zeppelin), le public ne pouvait finir que conquis, déchaîné, aussi admiratif que semblait l’être un Sébastien Martin (Président du Grand Chalon), qu’on était loin d’imaginer aussi réceptif à une telle musique – décidément, avec les Musicaves de Givry, on va de surprises en surprises.

(Sébastien Martin)

Car le public, devant Rumble2Jungle, a été conquis. Il en a même redemandé, en entonnant le chant patriotique du coin : le fameux ban bourguignon. Avant de procéder à une véritable razzia sur les CD que vendait le groupe, après son concert de ouf.

22 h et des poussières – Devant un public chaud comme la braise, The John Langan Band monte vite sur scène pour un autre concert de ouf

Le temps de s’alcooliser raisonnablement, le public reprend son souffle. Un peu à part, un relou tente de conclure avec une fille qu’il a draguée durant tout le concert de Rumble2Jungle. D’autres discutent, ici et là. Mais quand les musicos du John Langan Band procèdent aux derniers réglages, ils se dirigent en masse vers la scène, chauds comme la braise. Si bien que le chanteur, John Langan himself, est obligé d’atténuer ses ardeurs : « tranquille, tranquille », dit-il, sourire aux lèvres, après deux essais de micro. Sauf que le public n’a pas envie de rester « tranquille ». Le comprenant, le groupe écossais abrège les essais. C’est alors un autre concert de ouf qui commence. Il y a toujours autant de monde dans la cour, peut-être encore plus qu’auparavant.

Une contrebasse, un violon, une espèce de batterie rudimentaire qui finira en lambeaux et des voix éraillées, probablement sous l’effet du Single Malt qu’ils doivent s’envoyer quand ils ne chantent pas, The John Langan Band donne tout ce qu’il a. Et il en avait beaucoup à donner. Encore une fois, succès sur toute la ligne. Le public danse, jusqu’à la limite de l’épuisement le plus total. Quand les Ecossais font mine de partir, ils sont plébiscités pour un rappel. Laissant traîner ses oreilles du côté de la foule en délire, info-chalon.com entend que certaines ont flashé sur le guitariste et aimeraient le connaître de façon plus intime, de préférence aussi vêtu que les sont les membres du groupe sur la pochette de leur album Bones of Contention

Un peu plus tard dans la nuit… – Un objet musical non identifié, celui de Dj Click et ses potes, finit d’épuiser ceux qui ont résisté jusqu’ici

En le découvrant (Lire ICI), info-chalon.com avait bien compris que Dj Click n’était pas le type qu’on recrute en désespoir de cause pour un mariage, pour une communion ou une kermesse. Platines à l’appui, accompagné d’un saxophoniste qu’on dirait tout droit sorti du Parrain ou d’un épisode des Sopranos, d’un guitariste, d’une chanteuse-violoniste envoutante, ainsi que d’un accordéoniste aux doigts de fée, Dj Click achève les tympans de ceux qui sont restés. On persiste et signe : c’est un bon Dj. Rien à voir avec David Guetta, « Dj Moumoute » ou « Diesel ».

Tôt dans le matin…

Quand info-chalon.com se couche, les coqs n’en ont plus que quelques heures avant de brailler. Dans ses oreilles, les basses de Dj Click résonnent encore. La dernière chose à laquelle il pense avant de sombrer dans un sommeil réparateur, de ne plus voir qu’un écran de télévision saturé de neige, c’est que, le relou étant reparti bras dessus bras dessous avec celle qu’il a chauffée toute la soirée, et ayant donc réussi à conclure, il doit y avoir, comme dans les fables, une certain moralité à tirer du succès de sa stratégie. Mais comme info-chalon.com n’a alors plus les idées très claires, il se dit qu’il laissera à ses lecteurs le soin de la formuler eux-mêmes.

Samuel Bon