Opinion de gauche

Connaissez vous l'inventeur de la Sécurité Sociale ?

A l’heure où l’on parle de Code du Travail, de durée légale du travail et d’heures supplémentaires, si l’on demandait, dans un des nombreux jeux radiophoniques ou télévisés, le nom du ministre Français qui a fait voter la Sécurité Sociale, la question resterait vraisemblablement sans réponse.

Cet homme politique, ministre (1945-1947) d’un gouvernement issu de la Résistance ne figure ni dans le Larousse, ni dans le Robert, ni dans aucun autre dictionnaire. Comme s’il fallait cacher le nom de celui qui est à l’origine de la plus grande innovation et loi sociale du XXe siècle.

Cet homme est originaire de Notre-Dame-de-Briançon en Savoie. Son père est manœuvre, il travaille douze heures par jour. Nous sommes avant la dernière guerre mondiale. Comme partout en France, les accidents du travail sont quotidiens, pas de Sécu, pas de mutuelle, pas de retraite…

A treize ans, notre inventeur est ajusteur dans la région lyonnaise. Il commence à militer et adhère à la CGT. En 1927, il devient secrétaire de la fédération des métaux CGT. En 1936, il est élu député de Paris sous l’étiquette du Parti Communiste Français. Il propose et impose la première loi sur les conventions collectives.

Avec d’autres députés communistes il est arrêté. Il connait la déchéance de ses droits civiques et les affres du bagne à Alger. Il est libéré en 1943, et il est nommé par la CGT à la commission consultative du gouvernement provisoire d’Alger. Là commence à mûrir le programme du Conseil National de la Résistance. Notre inventeur rédige avec quelques amis les premières moutures de la Sécu.

En novembre 1945, notre inventeur entre au ministère du Travail dans le gouvernement du général de Gaulle, puis ministre du travail et de la Sécurité Sociale dans le gouvernement Gouin. Celui que l’on surnomme «  le ministre des travailleurs » abat un travail considérable pour promulguer les lois et décrets sur la généralisation de la Sécurité Sociale, des retraites, du système de prestations familiales, de la médecine du travail, des classifications de salaires, du statut des mineurs, gaziers et électriciens, de la loi sur les heures supplémentaires.

En 2 ans, 138 caisses sont édifiées, car il ne suffit pas de faire voter des lois, il faut partout mettre en place des guichets pour récupérer les feuilles de soins. Notre inventeur meurt épuisé à Paris le 10 février 1951. Selon la presse de l’époque, ils étaient près d’un million à l’accompagner au cimetière du Père Lachaise.

Cet inventeur se nommait Ambroise CROIZAT, il était né le 28 janvier 1901. Aujourd’hui c’est son anniversaire.

Lucien MATRON

PS Pour en savoir plus, réécouter dans les archives radiophoniques, l’émission «  Ambroise CROIZAT, 60 ans après sa mort ». Là-bas si j’y suis ( France Inter du jeudi 10 février 2011).