Opinion

Non au désert médical à Chalon sur Saône

Non au désert médical à Chalon sur Saône

Environ 5000 Chalonnais sont actuellement sans médecin traitant, c’est-à-dire un médecin qui coordonne l’ensemble des soins reçus par un patient, qui l’oriente vers un médecin spécialiste, qui centralise les informations nécessaires au suivi médical et qui gère le dossier médical. Le plus souvent, le médecin traitant est le médecin de famille, mais ce n’est pas une obligation.

En 2015, une dizaine de médecins généralistes de Chalon ont fait valoir leur droit à la retraite, choisi d’autres fonctions et n’ont pas été remplacés. Il n’y a plus de médecin généraliste dans plusieurs communes périphériques. Nous avons été choqués d’entendre, dans un cabinet médical contacté par téléphone, que, pour un syndrome grippal il «  fallait appeler le 15 ».

En 2016, il en sera de même : le départ de plusieurs médecins en retraite ne sera pas compensé. Selon le secrétaire général du Conseil de l’Ordre Départemental des médecins : «  il est tout à fait possible pour un médecin de ne pas accepter de nouveaux patients ». C’est exactement ce qui se passe à Chalon. Nous comprenons parfaitement «  qu’il ne peut être demandé à un médecin de s’engager dans une démarche de médecin traitant si sa suractivité professionnelle fait envisager des difficultés » (réponse du 16/02/2016).

Après avoir contacté tous les médecins de Chalon et de la périphérie par téléphone ou par courrier (11/02/2016), il s’avère que la recherche d’un médecin traitant en remplacement d’un médecin à la retraite est quasi mission impossible. L’un d’entre eux, ayant fermé son cabinet en janvier 2015 précise «  j’ai fermé mon cabinet à 67 ans sans trouver de remplaçant…la médecine générale n’est malheureusement plus la priorité des nouveaux médecins et je crains que les contraintes administratives continuent de les décourager de choisir une activité libérale. Je le regrette car le métier que j’ai exercé est passionnant ».

Nous n’incriminons ni les médecins en place, le plus souvent surchargés, ni les médecins de jeune génération qui font valoir des revendications légitimes comme le droit au repos et à la vie de famille, mais nous ne pouvons pas cautionner un système qui arrive à bout de souffle et qui ne permet plus de satisfaire un droit fondamental inscrit dans la Constitution de notre République, le droit à la santé pour tous.

Interrogé par nos soins, le Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, par la voix du chef de la division des cabinets, nous a fait savoir que « l’Agence Régionale de Santé (ARS) est chargée de réguler, d’orienter et d’organiser, avec les professionnels de santé, l’offre de services sanitaires, de manière à répondre aux besoins en matière de soins et de services médicaux et de services médicaux-sociaux ».(réponse du 14/03/2016).

En effet, en ce début de 21e siècle, dans une ville de 50000 habitants et sa périphérie, il est urgent de réorganiser le maillage médical du territoire, dans le sens de l’intérêt général.

Lucien Matron