Opinion

Audit d'Areva au Creusot : faire fi de la sécurité des populations

La filière nucléaire fait de nouveau scandale. Après les déboires financiers d'Areva et d'EDF, c'est
désormais la sécurité des installations et l'exposition au risque nucléaire des français qui est mise en
cause. En effet, un audit des activités de l'usine Creusot Forge d'Areva conclue à « des
irrégularités dans le contrôle de fabrication d'environ 400 pièces produites depuis 1965, dont une
cinquantaine seraient en service sur le parc électronucléaire français ». La Ministre de l'écologie
préfère évoquer un problème d'ordre administratif dans les documents de contrôle, minimisant ainsi
la possibilité de non conformité des pièces usinées. Cette attitude n'est pas tenable. La « filière
d'excellence » semble pourtant connaître d'énormes failles dans son process industriel exposant les
populations à un risque d'accident important, comme les écologistes le soutiennent depuis de
nombreuses années.
C''est durant la même semaine, que Monsieur Macron est venu vanter, en Saône-et-Loire le savoir
faire de la filière nucléaire, l'avenir dans les nouvelles centrales et le maintien des anciennes,
ponctuant son discours par cet argument digne de la méthode Coué : « On doit être capable de
mener une expérience unique au monde. Celle de réussir à faire des réacteurs en parfaite sécurité.
». Comme s'il ne s'était rien passé à Three Miles Island, à Tchernobyl, à Fukushima ! Comme si
l'éteignoir mis sur les conséquences de ces catastrophe suffisaient à les faire disparaître.
Il est surtout venu défendre l'accord conclu avec la Grande Bretagne pour la construction de deux
EPR à Hinkley Point en Angleterre, alors même que pas un ne fonctionne ni n'est terminé. Comme
si les différents chantiers d'EPR de Flamanville, Taishan 1 et Olkiluoto ne démontraient pas quel
fiasco industriel est l'EPR.
EELV, mais aussi de fervents partisans de l'énergie nucléaire ( le dossier d’Hinkley Point a causé il
y a peu le départ du directeur financier d’EDF lui-même), s’alarment du risque que fait prendre
l’électricien au contribuable. En effet, l’engagement dépasse les 23 milliards d’euros soit plus que la
capitalisation boursière d’EDF. Alors que l’entreprise doit déjà absorber AREVA, cet engagement
sur ces deux réacteurs fait courir des risques insensés à l’entreprise, à ses salariés et au contribuable
qui serait inévitablement appelé à renflouer EDF en cas de retard et difficultés sur le chantier. Or
dans le cadre de l'accord EDF s'engage à une mise en service dès 2023, ce qui semble irréalisable :
« D’un point de vue réaliste, Hinkley ne peut pas entrer en fonction avant 2025 et encore, dans les
plus hypothèses les plus optimistes. Si le projet subit les mêmes retards que les chantiers existants
de l’EPR, la date la plus crédible serait au-delà de 2030. Ce qui serait dévastateur pour EDF »,
écrit le chroniqueur Nick Butler sur son blog publié sur le site du Financial Times
Alors que de nombreux États investissent dans les énergies propres et renouvelables pour assurer
leur indépendance énergétique et créer de nouveaux emplois, la France a fait le choix de bâtir une
nouvelle génération de réacteurs nucléaires. Pourquoi persister dans cette stratégie désastreuse pour
les salariés, les contribuables et la santé de tous ?


Marie Claude Colin Cordier porte parole EELV 71