Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il grille un stop, percute une voiture qui arrivait.. mais l'histoire ne s'arrête pas là

TRIBUNAL DE CHALON - Il grille un stop, percute une voiture qui arrivait.. mais l'histoire ne s'arrête pas là

Il arrive, dans la vie, qu’un arbre cache la forêt, comme on dit. Et puisque cela arrive dans la vie, alors cela arrive évidemment au tribunal aussi. Ce dossier jugé ce lundi 18 novembre en audience correctionnelle à juge unique, l’illustre. Le 14 décembre 2018, en milieu de matinée, des gendarmes interviennent en urgence sur un accident de la route : un conducteur a grillé un stop et a percuté une Peugeot 306 qui arrivait. Du moins c’est ce que les premières constations laissent penser.

Le choc fut puissant. Les deux véhicules sont sur le toit, à 20 mètres l’un de l’autre. Le conducteur du Berlingo et la conductrice de la 306 ainsi que son passager sont tous évacués en urgence vers le centre hospitalier le plus proche de Fretterans. A première vue, monsieur C. aurait passé le stop trop rapidement, sans forcément regarder à droite et à gauche. C’est d’ailleurs sa réponse, lorsque les forces de l’ordre l’interrogent : « J’ai pas vu le stop. » Il est poursuivi pour refus de priorité.

Les deux conducteurs sont poursuivis, pour des raisons différentes

Cet homme de 45 ans commence par chuchoter à la barre, et balbutier. Il va mal, et il est mal car on s’apprête à le juger. Il souffle : « Moi je suis complètement perturbé par… » Son avocat doit prendre le relai, « état dépressif », « impossibilité de s’expliquer sur les faits ». « J’ai des acouphènes » lâche encore le prévenu en montant une main à son oreille. « J’ai rien vu venir, je n’ai pas vu cette voiture. »
La conductrice de la 306 Peugeot devrait se tenir à ses côtés pour répondre de sa conduite, mais elle n’est pas venue. Elle est à la fois victime et auteur de deux infractions : sa voiture n’était pas assurée, et elle conduisait sous l’empire de produits stupéfiants. Elle a reconnu ce qui de toute façon était sûrement établi. Elle est accro au cannabis depuis ses 12 ans, ainsi qu’aux anti-dépresseurs. Elle a néanmoins posé plainte contre le conducteur du Berlingo.

La conductrice, qui fume 3 joints par jour « était complètement à l’ouest »

Le malaise de cet homme est palpable, il finit par s’enhardir sous les encouragements du juge mais aussi parce qu’il se défend : « J’ai peut-être eu une absence, mais je ne me sens pas responsable de cet accident. Elle roulait très vite. D’après moi c’est eux qui m’ont foncé dedans. » Maître Maréchal a quelques arguments à l’appui de cette thèse : le compteur de la 306 était bloqué sur 130 km/heure, ses pneus étaient lisses (« Impossible de freiner avec de tels pneus »), la conductrice, qui fume 3 joints par jour « était complètement à l’ouest ». Son client avait abondé avec des arguments à côté de la plaque mais touchants : « J’ai de très bonnes notes sur Blablacar. J’ai 3/3 au niveau conduite. Je ne suis pas un délinquant de la route. » « Ce n’est pas ce qu’on vous reproche aujourd’hui, monsieur. »

Pas d’assurance : le fonds de garantie doit intervenir

N’empêche qu’aujourd’hui le prévenu demande 8 000 euros d’indemnités à la conductrice, et puisque celle-ci n’est pas assurée, Maître Paget (barreau de Dijon) intervient pour le Fonds de garantie des victimes des actes terroristes et d’autres infractions (FGTI). L’avocat plaide en substance qu’il ne faudrait pas pousser mémé dans les orties, que monsieur C. « a invoqué une absence au volant. Qu’il a fait un burn out en 2016, qu’il a sûrement des troubles mais dont l’accident n’est pas la cause principale. » Le parquet requiert 1 mois de prison avec sursis contre monsieur C. et 3 mois de suspension de permis. Et 500 euros d’amende ainsi que 6 mois de suspension de permis contre la conductrice.

Des amendes et des suspensions de permis

Le tribunal déclare madame coupable et la condamne à 500 euros d’amende et à 6 mois de suspension de permis. Il déclare également monsieur coupable, et le condamne à 300 euros d’amende et à 3 mois de suspension de permis, dit que sa demande d’indemnités est sans objet.

Florence Saint-Arroman