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A Ciel, si la première pierre de l’usine de méthanisation a été posée, « l’ours court toujours »...

A Ciel, si la première pierre de l’usine de méthanisation a été posée, « l’ours court toujours »...

En présence du nouveau préfet de Saône-et-Loire (Jérôme Gutton), de nombreux élus locaux mais aussi de représentants d’institutions publiques et d’entreprises, le président de la SAS Méthanergie Ciel, Jean-Louis Moratin, a posé la première pierre de la future usine de méthanisation de Ciel, dont les travaux devraient s’achever fin avril 2018. Le retour d’info-chalon.com.

« Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi tu creuse. » C’est la réplique bien connue de l’acteur Clint Eastwood dans un film culte : Le bon, la brute et le truand. Pour le maire de Ciel, Daniel Ratte, le monde se divise également en deux catégories : « les défricheurs et les suiveurs ». Et, selon lui, Jean-Louis Moratin appartient à la toute première. C’est en tout cas ce qu’il a déclaré, un large sourire aux lèvres, à celui qui est président de la SAS Méthanergie Ciel : « Tu es un défricheur, Jean-Louis ! Je te félicite pour ta ténacité, ta pugnacité pour avoir mené à bien ce projet ! ».

(Le maire de Ciel, Daniel Ratte)

Pourquoi de tels compliments et de telles félicitations ? Tout simplement parce que, avant de poser ce lundi la première pierre d’un chantier qui devrait s’achever en avril prochain, il aura fallu beaucoup de patience à ces deux agriculteurs que sont Jean-Louis Moratin et son frère Jean-Paul (le directeur de la SAS). C’est à tout le moins ce que l’on pouvait comprendre en écoutant le premier qui, non sans humour, a brocardé les « y a qu’à faut qu’on » et les cohortes de ceux qui se montent toujours prompts à déclarer qu’il « faut développer les énergies renouvelables », mais sont aux abonnés absents quand il s’agit de passer à l’action, prendre des risques, mettre concrètement la main à la pâte, voire dans le cambouis. Et le font si bien qu’il aura fallu de nombreuses années pour qu’un projet auxquels ils se sont mis à penser sérieusement à partir de 2011 commence à prendre forme.

(Jean-Louis Moratin)

(Jean-Paul Moratin)

Déjà portés sur les énergies renouvelables puisqu’ils avaient équipé leur exploitation de 1 500 m² de panneaux photovoltaïques, les « Moratin Brothers », ainsi que les appelés le sénateur et conseil régional Jérôme Durain à l’occasion d’une métaphore les dépeignant comme une nouvelle forme de pionniers de l’Ouest américain, se sont assez naturellement intéressés à la méthanisation.

De quoi s’agit-il ? D’une technique mise en œuvre dans des « méthaniseurs » où l'on accélère et entretient un processus pour produire un méthane utilisable (biogaz, dénommé biométhane après épuration), ceci à partir de déchets organiques (ou produits issus de cultures énergétiques, solides ou liquides). Une technique qu’ils ont d’abord connue sous le nom de « co-génération ».

Cette technique, ils ont initialement pensé à l’appliquer à des déchets de l’usine Val d’Aucy. Sauf que…le 25 octobre 2012, la direction a annoncé la fermeture du site, ce qui fait que le projet est tombé une première fois à l’eau. Ils ont néanmoins persévéré. A la suite d’études et avec l’aide de la chambre d’agriculture, la possibilité d’aboutir, notamment en injectant du biogaz dans le réseau GRDF en se raccordant à Saint-Maurice-en-Rivière, est apparue. Restait plus qu’à convaincre des partenaires et, surtout, trouver des financements.

Les partenaires, c’est-à-dire des pourvoyeurs de déchets organiques permettant de produire du gaz par méthanisation, ils en ont assez vite trouvé, en faisant appel à leur propre réseau d’exploitants agricoles amis, parmi lesquels certains étaient présentés ce lundi, à l’instar de la famille Chauffley, d’Allerey-sur-Saône.

(à g., Sophie Ducard et, à d., son frère : Christophe Chauffley)

C’est au niveau des banques que le bât a blessé. En effet, Jean-Louis Moratin, non sans ironie, a déclaré attendre encore la réponse de certaines d’entre elles. Une façon de remercier d’autant plus celle qui a accepté de « prendre un risque », de soutenir leur projet : le Crédit agricole. Et de le faire sans oublier l’ Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) et la Région Bourgogne-Franche-Comté, qui ont subventionné le projet à hauteur de 28 %, également remerciées avec une sincérité non feinte.

(Le sénateur et conseiller régional Jérôme Durain)

(Le représentant de l'ADEME, Bertrand Aucordonnier)

Ceci étant, et Jean-Louis Moratin a bien insisté sur cet aspect, rien n’est encore gagné définitivement. En faisant référence à une fable de Jean de La Fontaine, selon laquelle « il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué », ce dernier a souligné que non seulement « l’ours n’est pas tué », mais « court toujours ». Une façon de dire que si une bonne partie du chemin conduisant à la production de biogaz destiné à alimenter le réseau GRDF est faite, il en reste encore à parcourir pour que l’usine de méthanisation de Ciel tourne comme sur des roulettes.

Samuel Bon