Société

La journée internationale des droits des femmes du 8 mars : une de plus… Et après ?

La journée internationale des droits des femmes du 8 mars : une de plus… Et après ?

La journée internationale des droits des femmes est célébrée tous les ans le 8 mars dans de nombreux pays. Cette journée, qui n’a été officialisée par les Nations Unies qu’en 1977 et par la France qu’en 1982, est issue des luttes féministes menées en Europe et en Amérique dès le début du 20ème siècle. Les femmes demandent le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité hommes-femmes. Si, au fil des années, les femmes ont acquis certains droits, dans les faits de nombreuses inégalités demeurent entre les sexes, et la France n’est pas exempte dans le domaine.

 « La femme naît libre et demeure égale en droit à l’homme » En 1791, Olympe de Gouge pointait les inégalités entre les hommes et les femmes dans la société française. Celles-ci n’avaient pas accès aux institutions publiques, aux libertés professionnelles, au droit de vote, etc. Olympe de Gouges rédigea ainsi la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en s’inspirant du modèle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen afin de présenter le texte à l’Assemblée Constituante. Il ne s’agissait pas d’un contre-projet pour les femmes face aux hommes mais d’un texte qui prenait en compte les deux sexes sur un pied d’égalité. Ce texte fut refusé.

 

Dès la fin du 19ème siècle, mais surtout tout au long du 20ème siècle, des femmes se sont faites entendre, ont manifesté, ont fait grève pour obtenir des droits et améliorer leurs conditions de vie. En France comme ailleurs dans le monde – occidental notamment –, ces luttes féministes ont fait évoluer le droit pour tendre vers une égalité entre les sexes.

 

En matière de scolarité – puisque tout commence dès les premières années de vie –, celle des filles, avant le 20ème siècle, était souvent confiée aux institutions religieuses. Cette scolarité était évidemment différente de celle des garçons. Il s’agissait, « de préparer les filles à leur devoir d’épouse et de mère, les garçons à leur avenir de citoyen et de producteur ». En 1924, un rapprochement des programmes masculins et féminins s’opère. Quant à la mixité dans les écoles publiques, elle ne devient obligatoire qu’en 1976.

 

Dans la sphère familiale, le code civil de 1804, rédigé par Napoléon, prévoyait que « le mari doit protection à la femme, la femme doit obéissance à son mari ». Si l’incapacité juridique de la femme mariée est supprimée en 1938, il lui faut attendre 1965 pour pouvoir exercer une profession sans l’autorisation de son mari. Et concernant les enfants, ce n’est qu’en 1970 que l’autorité parentale vient remplacer la puissance paternelle ; l’exercice conjoint de l’autorité parentale n’étant consacrée qu’avec la loi du 8 janvier 1993 afin que les deux époux puissent prendre part ensemble à l’éducation des enfants. Pour ceux qui ne souhaitent pas d’enfants, la loi Neuwirth autorise la contraception, notamment orale, en 1967 et la loi Veil autorise l’Interruption Volontaire de Grossesse – IVG – en 1975, IVG qui sera remboursée par la sécurité sociale à compter de 1982.

 

Au niveau politique, le droit de vote et d’éligibilité n’est accordé aux femmes qu’en 1944 par une ordonnance du Comité français de la Libération nationale. La France est un des derniers pays européens à accorder le droit de vote aux femmes. Et comme les mentalités ne semblent pour autant pas avancer aussi vite que les textes, une loi sur la parité politique est votée en 2000 afin de voir plus de femmes s’impliquer dans des fonctions politiques, jusque-là exercées très majoritairement par des hommes.

 

Très récemment, la Loi du 4 août 2014 dite « Loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », est le premier texte à aborder l’égalité sous toutes ses dimensions : professionnelles, sociale, image de la femme, etc. Notons qu’en 2008, déjà, était inscrit dans notre Constitution française « l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales », et que la notion de « salaire féminin » est, quant à elle, supprimée depuis 1946…

 

Avec ces quelques dates, non exhaustives, on constate que les droits des femmes n’ont évolué que depuis quelques décennies en France. Et malgré ces avancées récentes, ces lois votées, on est encore loin de l’égalité réelle entre les sexes. De nombreux rapports analysant les situations des femmes et des hommes dans des domaines très divers font état d’inégalités qui perdurent au détriment du sexe féminin : précarité qui concerne majoritairement les femmes, à travail égal salaires inférieurs de 24% pour les femmes, temps consacré au tâches domestiques et aux enfants supérieur pour les femmes, parité non respectée, 26,9 % des députés et 16 % des maires seulement sont des femmes, les postes valorisant sont très majoritairement occupés par des hommes – on a pu le constater une nouvelle fois début 2016 avec le rapport « Parité en entreprise » –, etc. Et, dans cette réalité française actuelle, le Gouvernement vient de nous imposer, avec son dernier remaniement ministériel, un Ministère de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes… renvoyant ainsi les femmes dans la sphère domestique…

 

Alors, en France comme ailleurs, à quoi rime encore cette journée des droits des femmes ? Même s’ils sont nécessaires, il ne suffit pas d’adopter des textes pour aboutir à une société plus égalitaire. Quand, ces derniers jours encore, le constat est fait que 27% des français déresponsabilisent un violeur si la victime portait une tenue sexy ou qu’ils sont nombreux à penser qu’une femme peut prendre du plaisir à être forcée sexuellement, on comprend que tout est question de mentalités. Ainsi, si les mentalités n’évoluent pas, comment parvenir à une réelle égalité entre les sexes ? Et la pierre n’est pas à jeter qu’aux seuls hommes, les femmes ont elles-mêmes bien en tête des stéréotypes qui leurs collent à la peau et les desservent au quotidien…

 

Petit rappel : « Femme : être humain adulte de sexe féminin ». Tels sont les premiers mots de la définition du mot « femme » dans le Nouveau Petit Robert. La femme est donc un Homme comme les autres…

 

M.B.

 

 

 

Sources :

 

Rapport au Ministre de l’Éducation nationale sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les écoles et les établissements :

http://cache.media.education.gouv.fr/file/2013/14/0/2013-041_egalite_filles-garcons_263140.pdf

 

Rapport « Parité en entreprise » du 10 février 2016 :

http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hcefh_rapport_parite_eco_20160115-par-019.pdf

 

http://www.infofemmes.com/v2/p/Se-documenter/Historique-du-droit-des-femmes/60

 

http://www.inegalites.fr/spip.php?article1400

 

http://8mars.info/le-8-mars-est-officialise-en-france

 

http://www.europe1.fr/societe/viol-les-stereotypes-et-les-idees-fausses-ont-la-vie-dure-2682097