Société

Non le prix lourd n'est pas payé par l'Education Nationale...

Non le prix lourd n'est pas payé par l'Education Nationale...

Il y a les gros titres de la presse nationale et la réalité des chiffres. Non l'Education Nationale n'est pas la plus impactée par la suppression de postes voulue par le gouvernement. Les explications d'info-chalon.com.

Il est toujours important de mettre en parallèle, lorsqu'on évoque des dossiers de ressources humaines. Depuis quelques jours, les gros titres ont fait la Une avec par exemple "l'Education Nationale paye le prix lourd", "l'Education Nationale paye le plus lourd tribut". Autant de titres qui laisseraient entendre que le gouvernement a fait le choix de s'attaquer à l'Education Nationale dans sa lutte contre les dépenses publiques. Sauf que si on regarde de plus près et de manière très comptable et factuelle, la réalité semble bien ailleurs. 

Le gouvernement a annoncé la suppression de 1800 postes au sein de l'Education Nationale dont 400 pour des emplois administratifs soit 0,2 % des emplois du Ministère de l'Education Nationale. Parallèlement son budget grimpera de l'ordre de 850 millions d'euros et dépassera allègrement les 150 milliards d'euros/an. Parallèlement, le recours aux heures supplémentaires sera favorisé avec une valorisation fiscale.

Prenons en compte une autre administration, plus secrète, moins "bankable" médiatiquement à savoir celle de l'Action et des Comptes Publics, pour faire simple, celle des Finances. Le vilain mot, qui est fustigé par la gauche, comme par la droite, l'administration qui fait l'unanimité contre elle dès lors qu'un sondage serait effectué dans la rue. Imaginez une seconde la question posée par l'un de nos confrères de BFM - Entre un professeur de lycée ou un contrôleur du fisc, vous supprimeriez quel emploi ? 

Alors si on en revient toujours au chiffre. Le Ministère de l'action et des Comptes Publics va procéder à la suppression de 2130 équivalents temps plein, une suppression analogue à celle de 2016, et supérieure aux deux dernières années. Toujours dans la volonté de comparer le comparable... une suppresion de 2130 sur 104 000 équivalent temps plein. Pour rappel, l'Education Nationale pèse pour 1 132 700 personnels dont 881 400 professeurs. Alors à la question toute simple de savoir si l'Education Nationale paye le plus lourd tribut, la réponse semble être toute trouvée. 

Reste un sujet oublié par certains, sans les recettes fiscales, sans la gestion des comptes publics, le carburant risque tôt ou tard de manquer dans d'autres ministères. Bien évidemment, pour celles et ceux attachés aux services publics, la suppression d'un poste est déjà la suppression de trop, mais il est toujours opportun de mettre en perspective.

Laurent Guillaumé