Edito

Quand le piège des terroristes se referme heure après heure

L'émotion n'est jamais la meilleure des conseillères. Alors lorsqu'une Nation entière est plongée dans la douleur, l'émotion s'empare de nous sans crier gare au point de tomber dans le piège tendu par les terroristes. Le sentiment d'info-chalon.com.

La douleur est infinie lorsqu'un peuple est frappé en son coeur, lorsqu'une liste interminable de noms qui s'effacent, s'actualise d'heure en heure. Le moment est au recueillement, au respect des morts et pas à celui de l'empressement. Cet empressement qui est notre meilleur ennemi et par le fait, l'Ami du mal incarné par les terroristes. Les réseaux sociaux pullulent de commentaires appelant à la Guerre Sainte, à la Croisade contre les intégristes, de clichés visant la communauté musulmane tous plus scandaleux les uns que les autres. Et là, le piège tendu se referme tranquillement. Diviser la communauté nationale, mettre à genoux la communauté musulmane de France, les communautés musulmanes occidentales... les terroristes sont prêts au sacrifice, ils se moquent de savoir combien de leurs frères et soeurs mourront, seul le but à atteindre est en ligne de mire, peu importe les moyens humains à mettre en face. 

La France a-t-elle les moyens de mener une guerre contre le terrorisme ? Le mot est lâché, celui de guerre. Mais une guerre contre des fantômes peut elle être menée au sens propre ? Les recruteurs de terroristes, oui oui on peut parler de recruteurs, plongent depuis des décennies dans les quartiers des banlieues occidentales, en France comme en Belgique ou ailleurs, et s'appuient sur des générations entières de jeunes "occidentalisés" et dont les rêves ont été battus en brêche. 

La faillite de la police ? Parlons-en ! Mais les politiques se sont-ils posés un jour la question des conséquences de leurs choix ? A peine quelques heures après cette abomination, les politiques y vont de leurs déclarations fustigeant les uns et les autres, oubliant au passage que tous ont cautionné la RGPP, diminuant de plusieurs milliers les effectifs dans les services publiques. Et oui, à force de sabrer dans les effectifs, considérant qu'il faut supprimer une fonctionnaire sur deux, c'est autant de visages humains, d'oreilles attentives, susceptibles d'être des remparts à la bêtise qui disparaissent. Les maires vont à l'image des attentats de janvier dernier, demander plus d'équipements sécuritaires pour leurs agents et nous sortir des gilets pare-balles. Mais quelqu'un s'est-il posé la question de la qualité de ces mêmes gilets pare-balles qui équipent nos agents municipaux ? Des gilets qui sont au final une feuille de papier face à des tirs de Kalachnikov (l'arme par excellence d'un terroriste qui coûte quelques dizaines d'euros et qui nécessite aucun entraînement ni mode d'emploi). Bref, aujourd'hui, nous ne savons rien des auteurs de ces faits dégueulasses, en dehors du fait que parmi eux nous trouvons trois frères originaires de Belgique, des Français revenus de Syrie... des monstres tout simplement, avides de faire un coup d'éclat au service d'une idéologie totalitaire.  

La France, pays phare des Occidentaux, paye un lourd tribut, parce qu'elle est justement le phare de la liberté, de la démocratie.. à savoir tout ce que fustige l'idéologie de Daesh. Les terroristes ont voulu insuffler en nous, la peur, l'effroi... et la réaction. Avouons qu'ils ont réussi ! Chacun au fond de nous, avons versé des larmes et nous en verserons encore. C'est sans doute là, le prix à payer pour vivre avec nos valeurs. Oui la  France a mal, oui la France est endeuillée mais bien plus que ça, le monde doit se poser la question des conséquences de ces politiques menées depuis des décennies. Les politiques doivent enfin se poser des questions sur les conséquences de leurs choix... et dépasser une fois pour toute le temps politique de leurs petites ambitions personnelles. 

Laurent Guillaumé