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Avec « La légèreté », Catherine Meurisse signe un album loin d’être plombant

Avec « La légèreté », Catherine Meurisse signe un album loin d’être plombant

Dessinatrice à Charlie-Hebdo au moment des attentats contre cet hebdomadaire satirique, Catherine Meurisse, comme Luz ou Philippe Lançon, n’a pas été massacrée par les frères Kouachi. Sa vie n’en a pas moins été profondément bouleversée. Mais eu lieu de se laisser sombrer, Catherine Meurisse a préféré dessiner une ode à la beauté, intitulée « La légèreté ».Le sentiment d’Info-Chalon.

« Il n’appartient qu’à toi d’alléger ton fardeau, ou de le rendre insupportable ». C’est, dans le film éponyme de Steven Spielberg [1], ce que dit Lincoln à sa femme qui, dévastée par la mort de leur enfant, n’est plus que l’ombre d’elle-même, zombie égarée dans le monde des vivants. 

Si elle ignore peut-être tout de cette (belle) réplique, Catherine Meurisse, dessinatrice à Charlie Hebdo qui, contrairement à d’autres, « a eu la chance d’arriver en retard, donc après les frères Kouachi, à la conférence de rédaction du mercredi » [2] 7 janvier 2015, l’a quoi qu’il en soit mise en pratique. 

A la bourre ce matin-là, suite à une nuit agitée, due à une séparation amoureuse, Catherine Meurisse a en effet échappé au massacre. Elle n’a en revanche pas échappé à « ce perpétuel orphelinat dans lequel [l’] ont plongé[é] deux ninjas d’opérette islamo-sanglante » [2], encore moins au fardeau que constitue pour ceux qui restent le fait d’avoir été "épargné" par le sort, d’avoir survécu. 

Ce fardeau, Catherine Meurisse, à l’instar de l’épouse d’Abraham Lincoln, aurait pu le rendre insupportable. Mais comme elle n’est semble-t-il pas femme encline à s’apitoyer sur son sort et à ressasser indéfiniment le passé, elle a préféré l’alléger, en dessinant et signant un album qu’elle a intitulé…La légèreté [3]. Un album à la fois drôle et émouvant, profond, vivant, qu’Info-Chalon ne saurait trop recommander à ses lecteurs, que ces derniers soient amateurs de bandes dessinées ou non.

 S.P.A.B.

 

[1] 2013. Durée : 2 h 29

Bande-annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19428336&cfilm=61505.html

 

[2] Préface de Philippe Lançon.

 

[3] Catherine Meurisse, La légèreté, Dargaud, avril 2016, 136 p, 20 euros