Chalon dans la rue

CHALON DANS LA RUE 2018 – Un aller peut être sans retour… Illustration avec « Géopolis », de la Compagnie Pudding Théâtre.

CHALON DANS LA RUE 2018 – Un aller peut être sans retour… Illustration avec « Géopolis », de la Compagnie Pudding Théâtre.

Cette fois, la pluie n’a pas empêché info-chalon.com de tenter l’expérience proposée par Pudding Théâtre, une compagnie franc-comtoise, venue d’à côté d’Arbois (39). Le point sur une heure et 17 minutes inoubliables.

Transformés en touristes, les festivaliers de Chalon dans la Rue pénètrent de nuit dans un pays que, pour tout dire, on n’a pas spontanément envie de visiter de prime abord malgré ce qu’en dit un reportage radiophonique : « Oxmé ». S’il est imaginaire et pas vraiment situable sur un planisphère, il rappelle beaucoup certains qu’info-chalon.com a dû visiter par la passé où les autochtones se révèlent aussi chaleureux que les flics et les militaires se montrent soupçonneux – non, on ne vise pas particulièrement la Fédération de Russie. Il le rappelle d’autant plus à info-chalon.com qu’on ne comprend rien, ou presque, à ce qu’ils baragouinent, faute de connaître leur langue aux sonorités slaves mais…totalement inconnue au bataillon. Ce n’est en tout cas pas du russe, ni de l’estonien, ni du lituanien, ni du polonais.

Flanqué d’un GO Culture du pauvre, les touristes sont en train de tourister quand, « Breaking news ! » projeté sur un mur, ils découvrent que le pays où ils se trouvent vient de sombrer dans une crise dont il est difficile de connaître l’exacte nature et que, à côté, le traditionnel défilé des syndicats sur le trajet Bastille-Nation, est une promenade de santé. En effet, ça chauffe. L’espèce de chef d’Etat qui apparaît sur un écran, un tas de gelée sur un plat avec des yeux menaçants et des bagouzes de caillerapeur, a pas l’air motivé pour une séance de calinothérapie. Surtout, dans les rues, l’ambiance est plus proche des « printemps arabes » ou d’ »Octobre Rouge » que d’une soirée karaoké au camping de Verdun-sur-le-Doubs. Des espèces de Black Blocs se tirent la bourre avec des fantassins qu’on dirait tout droit sorti du Sceptre d’Ottokar, l’une des aventures de Tintin. Ça gueule de tous les bouts. Internet est coupé. Des amoureux sont séparés. Une zone « libre » fait face à une zone « occupée ». Pan ! Boum ! Si ce n’est pas une révolution que l’armée tente d’écraser, non sans succès, ça y ressemble beaucoup. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, se retrouver en plein milieu de ce tout ce bordel est assez stressant. La compagnie qui a mis au point ce spectacle aurait voulu nous faire ressentir ce que ça fait que d’être originaire d’un pays où tout fout le camp, où l’on craint pour sa peau et celle de ses proches, qu’elle s’y serait pas pris autrement. D’ailleurs, c’était peut-être bien ça son objectif : faire vivre de l’intérieur ce que vivent des milliers de gens qui, en désespoir de cause, n’ont plus que le choix de se réfugier ailleurs, pour ne pas finir exécutés d’une balle dans la nuque ou torturés à coups de brûlures de cigarettes, comme c’est par exemple le cas, en ce moment, en Syrie. Et si c’est bien ce qu’elle avait en tête, info-chalon.com ne peut que lui tirer son chapeau. Car c’est du sacré bon boulot !

Samuel Bon