Opinion

«Non, la chasse n’est pas une activité essentielle en période de confinement», clame EELV

Communiqué :

Non, la chasse n’est pas une activité essentielle en période de confinement

Alors que les Français.e.s sont privé.e.s de sortie à plus d’un kilomètre de chez eux, les chasseurs peuvent désormais bénéficier, eux, d’une dérogation. Willy Schraen, Président de la Fédération Nationale de Chasse, appelait samedi à « utiliser l’heure de détente à proximité de votre habitation, en pratiquant la chasse ». Cet appel a été entendu, puisque le secrétariat d’Etat à la Biodiversité a donné dimanche aux chasseurs un feu vert pour pratiquer leur activité.
Selon Bérangère Abba, secrétaire d’État à la biodiversité, il s’agirait de “protéger les cultures, les forêts et les biens”. Les écologistes s’interrogent donc sur l’absence à ce jour de l’Office Français de la Biodiversité dans la mise en place de ces dérogations. Pour rappel, cet établissement, créé au 1er janvier 2020, est dédié à la sauvegarde de la biodiversité. De plus, ces dérogations se fondent sur une démarche “préventive” et non sur des dégâts constatés et effectifs.
Si la circulaire limite les motifs de chasse à certaines espèces – dont les sangliers et les chevreuils – l’appréciation laissée aux préfectures est une porte ouverte à d’autres dérogations, comme le prouvent déjà les demandes de la Fédération des chasseurs des Hauts de-France. De nombreux animaux pourraient ainsi être concernés, comme les renards, les fouines, les pigeons ramiers,  ou les corneilles noires. Rappelons par ailleurs que si la prolifération d’espèces dites « susceptibles d’occasionner des dégâts » est un véritable enjeu, elle ne justifie pas de “régulation” par les chasseurs, comme le prétend Willy Schraen. Cette prolifération est en effet favorisée par l’élimination, par l’Homme, de prédateurs naturels jugés dangereux (loups, renards, ours, lynx) mais aussi par des pratiques d’agrainage qui font proliférer ces espèces..
Ces dérogations posent également une question évidente d’accès à la nature. Profiter de la nature, pour celles et ceux qui peuvent y accéder, peut représenter un antidote bienvenu contre l’anxiété que représente ce re-confinement national. Autoriser les chasseurs à pratiquer leur « loisir », c’est priver les Français.e.s de ce plaisir en toute quiétude et instaurer une absence d’équité dans la mise en oeuvre de ce re-confinement. Rappelons également que la chasse nuit à la sécurité humaine : selon l’OFB, il y a eu 141 victimes de la chasse dont 11 accidents mortels lors de la saison 2019-2020. Est-il raisonnable de permettre une activité si accidentogène, alors que nos soignant.e.s doivent surmonter la deuxième vague de cette pandémie et qu’il faut tout faire pour ne pas surcharger nos structures de soin ?
Europe Écologie Les Verts s’oppose donc fermement à ces dérogations. Il n’est pas acceptable que les Français.e.s ne soient pas autorisé.e.s à se promener en forêt ou dans les champs le week-end, mais que les chasseurs puissent, eux, effectuer sans crainte leurs pratiques mortifères. Un nouvel exemple de cette politique sanitaire inéquitable. Autoriser la chasse en cette période, revient non seulement à offrir un passe-droit dont les pratiquant.e.s d’autres loisirs ne bénéficieront pas, mais aussi à empêcher un répit bienvenu pour des espèces en danger d’extinction.

Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles