Opinion

Réponse de SUD Éducation au député Rebeyrotte au sujet des « masques DIM »

Réponse de SUD Éducation au député Rebeyrotte au sujet des « masques  DIM »

Dans un communiqué en date du 29 octobre 2020, Monsieur le Député Rebeyrotte se permet d'ironiser sur la situation faite aux personnels de l’Éducation Nationale, auxquels on a fourni des masques présentant potentiellement des risques pour la santé.

Il s'en prend ainsi à un article du journal Reporterre qui alertait le 13 octobre dernier sur le fait que ces masques étaient traités avec des agents biocides, les zéolites d'argent et de cuivre. Il va jusqu'à accuser le journal Reporterre de « calomnie » envers l'entreprise ayant produit les masques. Nous ne nous appesantirons pas sur la qualification juridique du terme employé, qui engage Monsieur le Député dans une voie bien aventureuse. Nous relèverons seulement que la ficelle semble grosse, consistant à affubler son adversaire de ses propres turpitudes. Ce média a en réalité simplement fait son travail de journalisme, en écrivant des faits que chacun a pu vérifier : les masques fournis en septembre par le ministère de l’Éducation Nationale à ses agents-e-s sont bel et bien traités avec des zéolites de cuivre et d'argent.

Par ce communiqué, Monsieur le Député montre l'étendue de son mépris envers la presse indépendante, mais également envers une inquiétude légitime des personnels de l’Éducation Nationale : ceux-ci ont en effet massivement signalé ce risque sanitaire dans les Registres de Santé et Sécurité au Travail. Pourquoi tant de mépris pour les travailleuses et travailleurs de l’Éducation Nationale ?  Est-ce pour singer certaines pratiques du ministère Blanquer ou faire oublier que Monsieur Rebeyrotte a bénéficié du statut protecteur de la Fonction Publique quand il s'est lancé dans une carrière politicienne ? En effet, M. Rebeyrotte a enseigné – il y a plusieurs lustres, il est vrai – les sciences économiques & sociales.

Le Député se comporte, de fait, non pas comme le défenseur de la population dont il est censé être le représentant élu, mais comme le communiquant de l'entreprise qui a produit ces masques – en l'occurrence il s'agit d'une filiale de la multinationale HanesBrand. Le fait que ces masques aient été produits en Roumanie, où le salaire net minimum est d'environ 281 euros par mois, ne semble d'ailleurs pas lui poser plus de problèmes de conscience que la santé des personnels de l’Éducation Nationale.

Quant à la santé – présente et à venir – des collégiens du département, qui se sont vus attribuer par le Conseil départemental les mêmes masques début septembre, là aussi, cela n'affecte pas davantage la bonne conscience dudit élu bien calé dans ses certitudes comme une sorte de M. Jourdain es sciences !

Mais il y a plus grave que le ton condescendant et cynique de son propos. Monsieur le Député déforme en effet à sa guise les conclusions de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), et assène descontrevérités :

c'est ainsi que la conclusion «les risques liés au port de [ces] masques ne peuvent être exclus compte tenu de l’ensemble des incertitudes  »  contenue dans le rapport de l'ANSES devient «  [Ce] masque n’est ni dangereux, encore moins nocif » dans le communiqué du Député.

L'avis de l'ANSES, qui ne repose pas sur une analyse matérielle des masques et ne met donc pas un terme aux investigations, indique bien que « le port [de ce] masque est susceptible d’entraîner une exposition par inhalation [...] les risques liés au port de [ces] masques ne peuvent être exclus compte tenu de l’ensemble des incertitudes. » En prenant en considération des situations d’exposition qui peuvent exister dans la vie courante, l’ANSES considère que des effets toxicologiques à moyen terme tels que l’accumulation d’ions argent Ag+ dans les organes peuvent résulter de ces expositions, et que des risques sanitaires ne peuvent donc être totalement écartés. 

Monsieur le Député Rebeyrotte s'illustre une nouvelle fois par son mépris envers les problèmes de santé publique et environnementale. Rappelons en effet à cette occasion que ses votes à l'Assemblée Nationale sont systématiquement conformes aux intérêts du lobby de l'industrie agrochimique, comme le dernier en date concernant la ré-autorisation des néonicotinoïdes qui font des ravages sur l'environnement – notamment sur les populations d'abeilles domestiques et d'insectes pollinisateurs, et dont au moins un, lethiaclopride, a également des conséquences sur la santé humaine.

Enfin, SUD Éducation se permet de rappeler à Monsieur le Député qu'à vouloir citer le philosophe Francis Bacon il aurait été plus vertueux en cette affaire de s'appliquer une autre maxime, moins connue, de cet auteur : « Le silence est la vertu des sots ».