Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Elle avait quitté le domicile suite à des violences, en septembre 2019, mais elle a eu besoin d’un hébergement pendant le second confinement et s’est tournée vers lui.

TRIBUNAL DE CHALON - Elle avait quitté le domicile suite à des violences, en septembre 2019, mais elle a eu besoin d’un hébergement pendant le second confinement et s’est tournée vers lui.

On prend les mêmes et ça repart, violence dans la nuit du 21 au 22 octobre. Il est dans le box, il a 52 ans. L’homme semble sommaire.

« Ça part tout seul parce que... »

Sommaire mais pas retors, il reconnaît les coups, «  mais on avait bu tous les deux ». Il dit qu’il n’est pas violent, mais que quand il a bu « je m’énerve tout seul ». Il en pense que « c’est mal, c’est sûr, je vais pas dire que c’est bien ». Ce soir d’octobre elle était là à lui raconter sa vie, ça l’agaçait bien comme il faut, puis ça l’a énervé et il lui a demandé de partir, mais la bavarde, alcoolisée elle aussi, était lancée et c’est parti tout seul, dit-il. Il l’a démolie. 6 jours d’ITT. 

Mais bon, si ça l’émeut, il n’en montre rien. Il semble flegmatique, coincé dans ses circuits fermés. « ça part tout seul parce que je ne veux pas savoir ce qu’elle a fait avant, ça m’intéresse pas, mais elle continue à parler. Elle comprenait pas qu’il fallait qu’elle s’en va. J’étais chez moi, pas elle. » Est-ce qu’il boit souvent, lui demande la présidente ? « Ben tous les jours, sans s’arrêter. Tous les jours, tous les jours. » Alors, que ça ne soit pas normal, il s’en aperçoit, mais que lorsqu’il atterrit au trou. 

Soiffard....

Placé au départ sous contrôle judiciaire, il intègre le dispositif AIR (accompagnement individuel renforcé, mené par l’association d’enquête et de médiation) mais ne se présente à aucune convocation et n’a jamais pointé au commissariat. Au bout d’un mois son contrôle judiciaire est révoqué, il est placé en détention provisoire, où, si on l’en croit, il finit par se dire que quelque chose cloche. Mais quoi ?

Juges et procureur unissent leurs interventions, mais rien ne décolle. Le 22 octobre, son alcoolémie était de 2,74 grammes. Il dit que « tous les deux (la victime et lui), on s’aime ». Une juge lui demande si on frappe les gens qu’on aime, bien sûr il répond que non, et l’on comprend qu’il ne frappe pas cette femme parce qu’il ne l’aime pas, mais juste parce qu’elle est un peu longue à piger que quand il a bu et qu’il s’énerve, ça part tout seul, amour, pas amour, c’est pareil. 

...mais étanche 

La représentante du ministère public s’agace un peu devant autant d’inertie, et surtout d’étanchéité à toutes les mesures judiciaires. « Si il ressort aujourd’hui, on apprendra que voilà elle a repris contact, est retournée chez lui, et... » Et on prend les mêmes et ça repart, et on sait à quel point ça part vite. Elle requiert 18 mois de prison dont 6 mois assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligations de travailler et de suivre des soins. On lui explique la peine, il écoute. Il a la parole pour sa défense. « Le cachet que je prends, le seresta , quand je le prenais je prenais pas d’alcool avec. Après, aller voir quelqu’un pour l’alcool ça sera très bien pour moi. Je n’ai rien à ajouter. » On pensait qu’il ne comprenait rien, il a montré qu’il comprend tout de même. 

6 mois ferme 

Le prévenu est déclaré coupable et condamné à une peine de 14 mois de prison dont 8 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans. Obligations de travailler, de soins en addictologie, interdiction de contact avec la victime. Le tribunal ordonne son maintien en détention pour la partie ferme de 6 mois. 

 

FSA