Chalon sur Saône

Le Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Chalon dispense de l’enseignement musical aux personnes en situation de handicap, le saviez-vous ?

Le Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Chalon dispense de l’enseignement musical aux personnes en situation de handicap, le saviez-vous ?

Depuis plus de 15 ans, le dispositif handi-musique a été mis en place !

Le Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Chalon s’adresse également au grand public du bassin chalonnais tout en prenant compte également de la catégorie des publics empêchés : « personnes à l’Hôpital, personnes incarcérées, personnes en situation de handicap…).

Ce dispositif mis en place par Eddie Nicollet, il y a quinze ans, a permis à toute personne quelque soit son handicap mais avec l’envie de faire la musique de pouvoir accéder au Conservatoire afin de recevoir une formation et un enseignement musical.

Pour cela, les personnels du conservatoire ont reçu une formation en 2004-2005 par la MESH (Musique et Situation de Handicap) afin d’avoir une pédagogie adaptée à la mesure de l’enseignement et à la mesure de ce que la personne handicapée attend de la musique. Cette formation au handicap a permis ensuite de construire un partenariat et mener un travail avec différents établissements tels que l’APAJH (Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés) et l’AMEC (Association Médico Educative Chalonnaise).

Au début, avec ces deux structures, les personnes en situation de handicap devaient venir au Conservatoire pour suivre des cours de musique mais le confinement a changé la donne et il y a bien fallu trouver des solutions pour continuer à travailler avec ce public ; un dispositif a donc été mis en place pour que les personnes du Conservatoire continuent d’enseigner la musique dans ces deux structures.

D’ailleurs Eddie Nicollet aime à le rappeler : « On a actuellement beaucoup plus de places à proposer aux personnes en situation de handicap que de souhaits d’handicapés à venir chez nous car certains n’osent pas venir nous voir. Ils imaginent que le Conservatoire, ce n’est pas fait pour eux alors qu’ils peuvent venir, ils seront les bienvenus et nous saurons nous adapter à leur handicap ! ».

Sophie Dorothée Rudant, professeur de musique (éveil) au Conservatoire, qui est au cœur du projet depuis 15 ans a accepté de répondre aux questions d’info-chalon :

Pouvez-vous nous parler de ce dispositif handi-musique ?

« Le Conservatoire est une structure très ouverte où chacun peut s’informer et en fonction de sa demande, nous, avec les personnes en situation de handicap, on peut s’adapter et déterminer un parcours pour ces personnes ! C’est d’ailleurs la force de notre établissement ! C’est d’être multicarte et de proposer bons nombres de types de pédagogies. D’ailleurs, le Conservatoire a tendu une passerelle sur la ville à destination de tout le monde et c’est quelque chose qui porte ses fruits maintenant ! ».

Concrètement, comment cela se passe avec les personnes en situation de handicap ?

« Il y a d’abord une phase de contact, de discussions avec les deux associations de l’APAJH et l’AMEC avec une grosse préparation en amont qui débouche sur la réalisation d’un objectif déterminé et commun. Ensuite, on met en place un binôme avec les éducateurs pour les séances afin de travailler avec la personne concernée sur son véritable objectif … Vous savez, je suis professeure d’éveil à la base, alors on place la relation en premier avant la musique donc on commence un travail de confiance qui prend du temps, tout en prenant en compte le désir des personnes avec lesquelles on va travailler. De toute façon, avec les personnes déficientes, il faut savoir prendre son temps et nous sommes dans cette logique là ! Aussi, j’ai mis en place dans le cadre de leurs institutions un suivi musical par de la formation musicale aux éducateurs afin qu’ils continuent l’enseignement du Conservatoire, pour que les personnes ne s’arrêtent pas à un seul cours ou deux dispensés par nous dans la semaine […] J’ai également un collègue qui travaille avec moi, c’est ‘Jaime Salazar Pina’ , qui lui, apporte sa lecture anthropologique, philosophique afin de mieux encadrer les adultes, ce qui nous fait gagner en synergie afin de faire progresser les personnes ! Nous sommes donc dans la création d’un atelier afin de bien connaître les personnes à qui on dispense notre enseignement afin de connaître leur mode de fonctionnement pour leur proposer une ouverture sur l’écoute, tout en développant 3 axes : la Biophonie, l’Anthropophonie et la musique ! ».

Sur les 10 dernières années, quelle est votre plus grande satisfaction ?

« C’est d’avoir mis en place un lien de confiance avec les personnes et les éducateur afin de les embarquer dans la réflexion musicale et d’arriver à mobiliser ces personnes en situation de handicap pour qu’elles s’inscrivent à l’année au cours de musique. Nous partageons ensemble maintenant une culture musicale basée sur la relation humaine et cela est très enrichissant ! ».

Quelques élèves de Sophie Dorothée !

J.P.B