Faits divers

Un procès surmédiatisé s’ouvre lundi devant la Cour d’assises de Saône-et-Loire

Un procès surmédiatisé s’ouvre lundi devant la Cour d’assises de Saône-et-Loire

Le 13 mars 2016, une femme alors âgée de 35 ans a tué son mari d’une balle tirée dans la nuque, puis elle a fait enfouir le corps dans un bois vers la Clayette, par deux de leurs fils et le petit ami de leur fille, alors mineurs. Au terme d’une instruction qui a duré 17 mois, elle est renvoyée devant la Cour d’assises de Saône-et-Loire pour y être jugée.

Ainsi le procès de Valérie Bacot débutera ce lundi 21 juin pour s’achever le vendredi 25, au tribunal de Chalon-sur-Saône. Nous aurions préféré préserver son anonymat, par égard pour elle ainsi que pour ses enfants mais cela serait ridicule tant la publicité faite à cette affaire est retentissante et bruyante.

« La nouvelle Jacqueline Sauvage » peut-on lire en gros titre ici ou là. Cela reste à voir, d’autant plus que lorsque le vacarme orchestré autour du dossier « Sauvage » est retombé, on a pu entendre d’autres voix venant rappeler qu’en réalité les éléments qui avaient conduits à la condamnation de cette femme à 10 ans de réclusion criminelle, peine à nouveau prononcée en appel, étaient loin du tableau dressé pour les médias et véhiculé par eux et sur les réseaux sociaux. 

L’affaire dite « Bacot » est d’ores et déjà la proie de l’opinion publique, alimentée pour et par les médias et les agitations sur les réseaux sociaux, mais peu importe car le procès se déroulera comme il le doit, dans la sérénité de la salle d’audience. L’agitation n’en doutons pas se poursuivra à l’extérieur, ce n’est pas l’affaire de la justice.

L’accusée, qui a avoué avoir tué son mari, sera jugée pour assassinat, ce qui implique qu’elle aurait prémédité son passage à l’acte. Les trois mineurs qui l’ont aidée à dissimuler le crime, poursuivis pour « recel de cadavre », ont déjà été jugés par le tribunal pour enfants du tribunal judiciaire de Mâcon. 

Le déroulé du procès éclairera petit à petit le contexte dans lequel Daniel P. est mort de mort violente, ainsi que celui dans lequel le crime a été comme effacé, en tous cas volontairement dissimulé. Les circonstances de révélation de l’assassinat seront également exposées. Puis, sur un autre versant, des experts psychiatre et psychologue rapporteront leurs conclusions relatives à la personnalité de l’accusée.

Il semble acquis que le parcours de cette femme est marqué depuis son plus jeune âge par les désordres et une forme de perversité des adultes qui pourtant en étaient responsables, entraînant forcément des carences. Elle a néanmoins enfreint un interdit majeur qui est au fondement de la vie en société : l’interdit de tuer. 

La peine encourue pour un assassinat est la peine de réclusion criminelle à perpétuité (parce qu’il inclut la préméditation, ce qui, au passage, n’était pas reproché à Jacqueline Sauvage, qui encourait, sauf erreur, la peine maximale de 30 ans de réclusion). Sauf révélations fracassantes il semble également acquis qu’en réalité cette peine ne sera pas requise. La peine encourue est la peine la plus haute possible mais chaque dossier est singulier, cette singularité est prise en compte et appréciée par les magistrats. Restent les jurés - le jury populaire - qui auront eux aussi à se prononcer, en se gardant de céder aux pressions qui se jouent sur une autre scène.

Il est évidemment compréhensible, et même, légitime, que les différentes formes de violences qu’a subies l’accusée dès son enfance suscitent la compassion. Serait-il pour cette raison acceptable qu’elle soit dispensée d’avoir à rendre des comptes pour le crime qu’elle a commis et dans le secret duquel elle a impliqué des adolescents, ainsi que sur sa volonté d’échapper, précisément, à sa responsabilité ? 

Ce procès à venir est volontiers présenté comme comportant « des enjeux ». On ne voit pas lesquels. Cette femme a reconnu les faits les plus graves. Si elle est accusée d’avoir prémédité son geste c’est que des éléments d’enquête permettent de l’affirmer. Les seuls enjeux qui valent la concernent, elle, car il s’agit de sa vie, passée, présente, et future. Chaque jour d’audience apportera des lumières, il est à craindre que le tableau social dépeint soit terrible.

Florence Saint-Arroman