Agglomération chalonnaise

« Depuis 2016 on nous ment et on nous vole ! » La colère des salariés de Keolis Val de Saône

« Depuis 2016 on nous ment et on nous vole ! »  La colère des salariés de Keolis Val de Saône

Dès 8 h ce lundi matin, les salariés de Keolis Val de Saône s’unissent pour faire valoir leurs droits : récupérer leur dû, une majoration d’ancienneté dont ils ont été « spoliés » depuis 5 ans. La direction, qui a tardé à reconnaitre son erreur, propose une régularisation partielle qui met le feu aux poudres. La goutte qui fait déborder le vase.

Ils sont une trentaine ce matin, vers les locaux de Keolis, société de transport en bus et autocars, rue de Guerlande. Et la voix des salariés bafoués s’enfle de toutes ces années de déni de leur direction.

Souad Chapey, déléguée syndicale et élue CSE à Keolis, se fait la porte-parole d’une indignation générale : « Depuis 2016, notre direction nous a spoliés de notre majoration d’ancienneté. À de nombreuses reprises, nous l’avons alertée sur ce que nous pensions être une erreur de leur part : suite à un changement de convention collective, nos primes d’ancienneté étaient mal calculées, à notre désavantage, bien sûr. 

« Chaque fois, la réponse de la direction se résumait, en substance, à ces mots : vous n’y comprenez rien, nous n’avons commis aucune erreur, retournez au travail et cessez de revenir sur cette question. »

Pour les conducteurs de bus, c’est un déni et un mépris qui nourrit la colère. « On nous prend pour des imbéciles, juste bons à conduire des bus et des cars et répondre docilement à leurs directives sans revendiquer le moindre droit. On se moque de nous. »

Serait-ce le pot de terre contre le pot de fer ?

Une erreur de calcul confirmée

Les salariés décident de faire appel à un juriste, Sébastien Lagoutte, qui confirme l’erreur commise par la direction : depuis 2016, les salariés ont bel et bien été lésés. Le juriste écrit en novembre 2021 une lettre adressée à la direction de KVS. « Deux jours plus tard, explique Souad Chapey, la direction reconnait son erreur. Nous, ça faisait 5 ans qu’on leur en parlait. »

« Pour vous donner un exemple, explique une salariée, un conducteur qui a plus de 20 ans d’ancienneté a perdu 1 220 € pour une année. »

La colère ne tarit pas

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Les termes de la régularisation sont jugés très insuffisants par les salariés de KVS : « la direction propose de régulariser notre prime d’ancienneté sur les 3 dernières années, une loi ne permettant pas de remonter au-delà. Nous perdons donc 2 ans de régularisation. C’est pourquoi nous demandons, en dédommagement du préjudice, 30 % du montant dû par KVS à chaque salarié. »

La négociation est refusée par la direction de KVS, qui argue de la loi pour proposer 10 % de dédommagement. Point barre.

Une inflexibilité qui met le feu aux poudres : les travailleurs dénoncent des conditions de travail qu’ils jugent inacceptables. En cause une amplitude horaire pouvant aller jusqu’à 14 h avec des temps de repos sans cesse réduits, dans des locaux jugés quasi insalubres parfois. « À Attignat : toujours pas de local chauffeurs adapté à l’effectif, ni de salle de repos, ni de portique de lavage automatique en 2022 ! » lit-on sur une pancarte.

« Lorsque je rentre dans le local après mon trajet, je ne peux même pas me laver les mains : l’eau a gelé ! » lance une autre salariée.

« À Beaune, nous avons une cuisine minuscule, idéale par ces temps de Covid ! ironise un salarié, et nous avons des canapés de récupération qui allaient être jetés à la déchetterie dans la salle de repos. »

« SMIC 10 € 57 bruts/heure ; conducteurs d’autocars 10, 82 € brut/h ; valorisation des responsabilités humaines et matérielles ? » 

Trop, c’est trop ! « On nous a menti, on nous a volés pendant 5 ans et on nous répond : pas de négociation, la loi, c’est 10 % ? Nous irons aux Prud’hommes, nous n’en resterons pas là. »

Par Nathalie DUNAND
[email protected]