Agglomération chalonnaise

Lizzy apeurée, Lizzy délivrée : la schézipathie interspécifique du chat

Lizzy apeurée, Lizzy délivrée : la schézipathie interspécifique du chat

Comprendre le comportement pathologique de Lizzy et l’aider à s’en sortir : Info-chalon donne la parole à sa maitresse et à un vétérinaire comportementaliste zoopsychiatre. Paroles croisées et photoreportage.

Lizzy est née chez les parents d’Adeline. La petite portée est âgée de 3 semaines quand la mère disparaît : empoisonnée, accidentée, prise dans un piège ? Les hypothèses ne manquent pas dans la campagne, mais le fait est là : Lizzy est désormais orpheline. Trop tôt. Et la carence du maternage laisse des traces.

Adeline, sa maîtresse, a toujours eu des chats et va s’attacher à entourer Lizzy de ses soins : « Elle n’a jamais accepté le biberon alors je lui donnais du lait maternisé pour chaton qu’elle lapait. Le sevrage a été difficile.»

Petit éclairage sur le sevrage par le Dr Salavert, vétérinaire comportementaliste zoopsychiatre à la Clinique La Rocade. « Le sevrage alimentaire peut s’initier dès l’âge de 3 semaines chez le chaton qui peut donc ingérer du “solide” assez tôt en plus du lait. Mais le sevrage comportemental ne devrait pas avoir lieu avant l’âge de 2 mois. Pour Lizzy, la prise alimentaire “assistée” par sa maîtresse – nommée nursing –, était aussi une nourriture affective, c’est pourquoi cette étape a été plus difficile à couper. »

Adeline poursuit : « Mais Lizzy a appris la propreté assez rapidement. Le soir, elle se couchait sur moi et s’apaisait sur les battements de mon cœur. »

Regard de la spécialiste : « Un hyper attachement à sa maîtresse s’est instauré, permettant à Lizzy de survivre, en l’absence de sa mère chat. Adeline a été pour elle “une béquille affective” qui lui a permis ensuite d’explorer son environnement. Pourtant, cet hyper attachement a masqué des déficits qui se sont manifestés plus tard. »

Jusque-là, le tableau peut paraître touchant, malgré quelques petits désagréments dont se souvient Adeline : « Plus tard, quand je m’absentais pour quelques jours de vacances, j’ai parfois retrouvé ses excréments sur mon lit, mais c’était très occasionnel. »

Les complications apparaissent

À partir de ses 6 mois cependant, le comportement de Lizzy change peu à peu. Elle devient plus distante, ne cherche plus les câlins et sursaute pour un rien : quand sa maîtresse entre dans la pièce, au moindre souffle du vent, au passage d’une abeille… Alors, bien sûr, à l’arrivée d’invités, elle fonce se tapir sous un meuble !

Précisons que Lizzy vit dans un appartement avec Adeline et son compagnon, et qu’elle ne fréquente ni ses congénères ni d’autres animaux.

« Malgré cette distance, précise Adeline, Lizzy est restée attachée à moi. Quand nous avons déménagé pour un logement plus grand avec balcon, j’ai été attentive, sachant que le territoire est le repère principal pour un chat. Mais Lizzy n’a pas montré de signes particuliers. On aurait dit qu’elle était indifférente à ce changement. »

L’alerte

« Lizzy a subitement perdu la propreté vers l’âge de 5 ans. Elle faisait ses besoins à côté de sa litière et, un jour, elle a uriné sur son lieu de repos. J’ai compris que le problème devenait sérieux. Je me suis adressé à un vétérinaire comportementaliste qui exerce à la Clinique La Rocade de Chalon, le Dr Salavert. »

La consultation chez un vétérinaire comportementaliste zoopsychiatre

Les examens biologiques n’ont rien révélé. « Effectivement, précise le Dr Salavert, en cas de malpropreté, il est essentiel de s’assurer que l’animal ne présente pas de pathologie de l’appareil urogénital ni d’atteinte métabolique globale. »

À l’occasion d’une visite comportementale, le Dr Salavert pose de multiples questions sur Lizzy afin de décortiquer tout son répertoire comportemental.

Le diagnostic peut être posé : « Lizzy présente une “schézipathie interspécifique”, explique le Dr Salavert, qui l’empêche de communiquer normalement avec les êtres humains autres que sa maîtresse. Cela engendre chez elle une anxiété intermittente qui se manifeste majoritairement par de la malpropreté, des peurs, des agressions. »

Et en effet, Adeline a toujours été attentive aux réactions de Lizzy, elle a bien remarqué qu’elle n’a pas le comportement typique des félins. Lizzy ne miaule pas, se contente de regarder fixement, ne se perche pas en hauteur sur les meubles, comme les chats le font par instinct. En revanche, elle adore jouer. Et leurs interactions ludiques sont nombreuses.

La thérapie : comprendre et réagir à bon escient

Les angoisses grandissant avec l’âge, la “bulle de sécurité” de Lizzy s’était progressivement rétrécie, la rendant anxieuse à distance. Un autre exemple éclairant que décrit Adeline : « Quand on lui ouvrait la porte, elle ne franchissait pas le seuil avant que nous nous soyons éloignés, comme un animal maltraité, alors que, bien sûr, elle n’avait jamais subi aucune maltraitance ! »

Le Dr Salavert met donc en place une double thérapie : médicamenteuse, avec un anxiolytique, et comportementale. La première permet de réguler ses émotions, la seconde vise à la rendre plus autonome, moins dépendante de sa maîtresse, moins apeurée vis-à-vis de personnes non familières ou des bruits du quotidien.

« Elle m’a donné beaucoup d’astuces pour renforcer la confiance de Lizzy au quotidien, sur son territoire, commente Adeline. Du coup, les comportements tels que la malpropreté, les peurs et les agressions se sont atténués. »

Les explications de la spécialiste lui ont permis de mieux comprendre les réactions atypiques de Lizzy et, en même temps, d’apprendre à apporter les réponses adaptées.

Une évolution très encourageante

« Depuis 2 ans que Lizzy est sous traitement, elle a beaucoup progressé, se réjouit Adeline. Même quand j’ai des invités, elle vient dans la pièce pour manger, se montre curieuse. Bon, elle ne saute pas sur leurs genoux pour de gros câlins, mais on la sent tellement mieux, elle semble bien plus équilibrée ! »

Publi-rédactionnel Nathalie DUNAND
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Clinique vétérinaire LA ROCADE
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