Chalon sur Saône

Ce que les hommes en pensent...

Ce que les hommes en pensent...

info-chalon.com célèbre la Journée Internationale des droits des femmes en lui consacrant, tout au long de la journée, une série de portraits de femmes mises à l'honneur. Curieux et forts de notre expérience de l'année passée, nous avons souhaité donner la parole à quelques hommes également. Rencontre avec Pascal Mauny, maître de conférence en sociologie à l'Université de Bourgogne et directeur de l'IUT Chalon-sur-Saône...

Pascal Mauny est né à Quimperlé (Finistère). Il a vécu son adolescence dans le bassin minier valenciennois (59). Titulaire d'un BEP agent administratif, d'un bac G3, il fait ensuite ses études supérieures à l'Université des sciences et techniques de Lille (dite "Lille 1"). Il pose ses valises en Bourgogne à Chalon-sur-Saône en 1995, est nommé Chef du Département Gestion Logistique et Transport de 2005 à 2007 puis Directeur de l'IUT de Chalon-sur-Saône, qu'il quittera en juin 2017.

Marié, sans enfant, Pascal Mauny est "fonctionnaire d'Etat par conviction", aime-t-il préciser. Electron libre, on le connaît pour ses prises de position remarquées et c'est sans langue de bois qu'il répond aux questions d'info-chalon.com... avec comme préambule : "J'adore les femmes, la mienne avant tout ! Je pense souvent à Charles Denner dans le film de Truffaut "L'homme qui aimait les femmes". J'ai toujours adoré la compagnie des filles. Déjà tout môme, je sautais à la corde et emmenais mes copines jouer au foot. Je pense n'être ni sexiste, ni macho. Chez moi, il n'y a pas de tâche "féminine"."

Que vous évoque le 8 mars, Journée Internationale de la Femme?

C'est d'abord et avant tout la journée du droit des femmes. En France et partout à travers le monde, être une femme est un handicap supplémentaire de la vie quotidienne. La journée du droit des femmes me fait penser à Simone de Beauvoir : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."

Que pensez-vous de cette journée?

Le fait qu'elle existe est la preuve de la pérennité des comportements sexistes. Elle nous permet d'exprimer notre solidarité envers la gent féminine qui, partout à travers le monde, subit les inégalités les plus stupides. En fait, c'est comme les Restos du cœur ou l'association "Droit au logement", on rêve que leur raison d'être disparaisse. Par contre, je ne crois pas un seul instant à la capacité des lois à changer les comportements sexistes.

Au long de votre vie ou de votre carrière, avez-vous été témoin d'inégalités hommes/femmes?

Tous les jours. Les carrières féminines sont plus difficiles. Il subsiste de nombreux étudiants qui reproduisent des schémas de discrimination. Le plafond de verre est bien là. Je m'étonne tous les jours que les femmes ne se révoltent pas plus. Je crois que le machisme ambiant des sociétés humaines est entretenu autant par les pères que par les mères. Rares sont les victimes, nombreux sont les co-responsables, voire les complices. Comme disait Desproges : "les vieux complices, mais les vieilles couilles aussi".

Qu'est-ce qui, selon vous, doit-être mis en place pour un "mieux vivre ensemble"?

Les femmes ne devraient pas accepter le machisme. Face aux comportements sexistes de leur conjoint, elles devraient réagir violemment. J'admire Mme Sauvage qui a pris la décision d'éliminer son tortionnaire. Bien fait pour sa gueule ! Je crois que nos institutions (en France) sont sexistes, que l'éducation est sexiste. Je ne porte aucun espoir, mais strictement aucun, sur les décisions politiques.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez donné à une femme?

"Sois toi !"

Quelle est/ Quelles sont  les femmes qui vous ont le plus influencé?

Ma mère, mes deux conjointes successives… Et puis, dans le désordre : ma prof de français en BEP, ma prof de français au lycée, Annie Ernaux, Blanche de Castille, Rosa Luxembourg, Aliénor d'Aquitaine, Marie Curie, Simone Veil…

Peu, en définitive, m'ont influencé en tant que femmes.

Chez les femmes que je connais, ce que j'apprécie n'est pas lié à leur "genre". Je me contrefous du sexe des personnes si je n'ai pas l'idée d'en faire des partenaires sexuels, ce qui est (de très loin) l'immense majorité des cas (heureusement d'ailleurs).

La qualité de mes relations humaines dépend plutôt de l'idée que je me fais des personnes. Je n'aime pas les cons et je crois que la connerie n'a pas de sexe. Je n'aime pas non plus les cruches et les mijaurées. Je ne pense pas que la femme soit plus l'avenir de l'homme que l'homme lui-même. Les femmes doivent lutter contre toutes les formes de discrimination, tous les jours, et rejeter de leur environnement les hommes aux comportements ou aux idées sexistes. 

Photo transmise par Pascal Mauny