Chalon sur Saône

Femmes à l'Honneur [Portrait 10] - Patricia Piana, artiste plasticienne

Femmes à l'Honneur [Portrait 10] - Patricia Piana, artiste plasticienne

Dès son enfance, à Thionville en Lorraine, coiffée d’un caractère émotif et impressionnable, elle s’inventait des mondes, était obnubilée par le fait de jouer ; et notamment à la poupée... Elle en sculpte aujourd’hui ! Adorant parler pour faire rire et se déguiser, elle posait des bouts de tissus partout, souhaitant avec fougue « rendre beau » tout ce qu’elle ne trouvait à son goût. Aujourd'hui, sa galerie "L'Atrium", 9 rue du Pont à Chalon-sur-Saône accueille bon nombre d'artistes...

C’est à l’adolescence, vécue à Saint Raphaël, qu’elle découvre le Théâtre et décide de devenir comédienne. Parallèlement, elle travaille avec un groupe de plasticiens qui l'initient à « l'Art Contemporain » et lui font découvrir les installations et les performances. A Paris elle se passionne, en tant que comédienne, pour le Théâtre grec et les créations contemporaines. Elle se forme également à l'écriture et aux adaptations théâtrales. Elle oeuvre aussi en tant que maquilleuse au Théâtre et à la télévision.

Puis, elle revient en province, à Chalon-sur-Saône, où elle découvre l'Art de la mise en scène. A l’Espace des Arts, elle adapte et met en scène des contes de fées, plus particulièrement. Patricia Piana dirige notamment des ateliers pour des comédiens amateurs de tous âges avec qui elle élabore de nombreux spectacles. Être artiste plasticienne aujourd'hui lui permet de catalyser toute la richesse et la variété de son expérience. Dans ses installations, ses performances, ses peintures, ses sculptures, etc, elle crée des univers oniriques et surréalistes qui n'ont de cesse de se confronter à une réalité qu'elle perçoit complexe et subtile.

Avec curiosité, elle mêle et entremêle songe et réel en articulant leur symbolique, creusant le sillon du merveilleux et du tangible, créant des mondes d’images et de jeux où elle peut tout être à la fois ; où les autres, par leur omniprésence le sont tout autant. Elle met en scène nos fragilités et nos forces qui réveillent ainsi notre univers sensoriel. Son enfance reste la source inépuisable de son inspiration.

Le monde insolite de Patricia Piana tient aussi de sa quête du « Beau » et du « Sacré », de « l’Invisible à nos yeux » et d’un puissant ressenti de l’Univers et de ses vibrations. Un monde surnaturel parfois, qui s’offre avec grâce et passion au Fantastique et au Spirituel.

Que représente pour vous, la journée de la femme?

Une importante manifestation qui prend tout son sens aujourd’hui où les droits des femmes semblent menacés partout dans le monde. C’est aussi un hommage rendu à celles qui ont tant lutté (parfois même au prix de leur vie) et qui luttent encore pour nos droits à la liberté. Enfin, une fête pour les victoires et les avancées obtenues.Et faire de cette journée, une journée pédagogique dans les écoles, collèges et lycées renforcerait sa nécessité ...

Au long de votre vie ou de votre carrière, avez-vous vécu des inégalités hommes/femmes?

Oui, il m’est arrivé de vivre des inégalités, tant dans ma vie privée que dans ma carrière. Mais venant d’une fratrie où le masculin était plus important, j’ai découvert très tôt le côté fraternel de l’homme grâce à mes frères qui m’ont toujours traitée comme leur égale en respectant ma féminité. L’amour fraternel dont ils faisaient preuve et font encore preuve à mon égard, leur avait été d’ailleurs transmis par une femme remarquable au sein de notre famille, notre mère, pourtant blessée elle aussi par des inégalités encore plus grandes. Cet amour a beaucoup atténué mes souffrances et fait toujours naître en moi l’aspect réconciliant que je peux avoir avec les hommes.

Quelle est votre devise ou votre philosophie?

Célébrer l’Union plus que la séparation ! L’Union fait la force. Et je vous dirai de quelle force il s’agit pour moi.

Que défendez-vous?

Ici dans notre société, je continue à défendre la parité, c’est-à-dire cette forme d’égalité au sein du travail, des salaires, de l’accès aux responsabilités sociales, artistiques et politiques. Et défendre ces droits c’est aussi soutenir la cause des hommes qui doivent eux-mêmes faire face à certaines inégalités.

Que voulez-vous transmettre?

L’amour du monde, au sens altruiste du terme. De notre monde qui pourrait être merveilleux... Ceux qui ont les moyens de ne plus avoir faim ni soif peuvent développer un champ immense de réflexion et d’actions. Nous le constatons aujourd’hui dans l’histoire de ce que nous appelons les sociétés riches occidentalisées où nous pouvons encore nous battre pour des droits parfois durement acquis et nous avons raison. Mais nos sociétés sont souvent mises à mal par un matérialisme effréné qui nous isole, nous pousse à nier l’autre et développe ainsi certaines formes de violence et de pathologies. Jusqu’à en oublier bien souvent que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne, que certains hommes et certaines femmes, ici et ailleurs, sont très fragilisés par un parcours de vie difficile. Pour moi, seule l’empathie, ce sentiment merveilleux que nous possédons tous, pourra nous amener à la paix et à l’harmonie. L’empathie désarçonne la plupart du temps nos colères qui sont dues à l’incompréhension, restaure l’humilité et le partage, la notion de groupe. Face à tout ce qu’il se passe, je me pose toujours cette question, avant de penser quoi que ce soit : « et si c’était à toi que tout cela arrivait, si tu avais connu ça, si tu avais cette culture-là, si tu étais un homme... Comment réagirais-tu ? Que ferais-tu ?».

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu?

Si tu veux donner le meilleur de toi-même, évite la discorde, les univers bruyants, l’illusion de l’image... écoute avant de parler, observe sans préjugé, goûte au silence, garde tes émotions pour toi-même afin que les meilleures restent et que les moins bonnes disparaissent. Considère-toi tel un instrument, fais vibrer les cordes de l’harmonie pour jouer dans une des symphonies que l’Univers a créées. Tu y as ta place. Et surtout, n’arrête jamais de rêver et d’agir pour des mondes plus justes, plus beaux, plus sereins...

Le meilleur que vous ayez donné?

Je le dis au présent car c’est celui que je me donne chaque jour, dès mon réveil, dès mon sommeil : Sois toujours dans la force de ton amour du monde. Redistribue-la. Cette force ne se multiplie qu’en s’offrant. Sois une chasseuse de peurs ! Pour toi-même et pour les autres. Ne pense plus avec la mauvaise partie de ton mental. Aie conscience de tes travers et de tes humeurs et pardonne-toi, ainsi tu pourras pardonner aux autres plus facilement et ton champ d’action n’en sera que plus bénéfique. Tente de ne pas juger, fais de l’autre un allier plutôt qu’un guerrier. Recherche cette force limpide et joyeuse en puisant à la source, celle de ton enfance où ta grande joie ne tenait qu’au simple fait d’être là, avec chacun de tes sens en éveil. Prends soin de ton grain de folie et de celui des autres. Continue à découvrir, à t’émerveiller... Chemine sans cesse sur ce sentier et tu ne seras plus jamais fatiguée.

Quelle est, ou quelles sont les femmes qui vous ont le plus influencée?

Pour les plus connues et il n’y a pas d’ordre, je dirais Françoise Dolto (pédiatre et psychanalyste), Gabrielle Chanel (créatrice de mode), Jill Bolt Taylor (neuro-anatomiste), Marie Curie (physicienne et chimiste), Anaïs Nin (écrivaine), Simone de Beauvoir (philosophe et romancière), Lou Andréa Salomé (romancière et psychanalyste), Sœur Emmanuelle ( religieuse et écrivaine), Nina Berberova (écrivaine et poétesse), Helena Blavatsky (théosophe), Louise Bourgeois (artiste plasticienne), Maria Casarès (comédienne), Nathalie Sarraute (écrivaine), Loïe Fuller (danseuse) et tant d’autres encore...

Et pour les moins connues, toutes celles qui sont d’ici ou d’ailleurs, d’avant ou de maintenant, celles qui associent leur coeur et leur intelligence afin de faire surgir continuellement la noblesse de notre belle Humanité ! 

Photo transmise par Patricia Piana