Chalon sur Saône

Manifestation devant la Sous-préfecture de Chalon-sur-Saône pour exiger le retour d'une famille menacée d'expulsion vers l'Arménie

Manifestation devant la Sous-préfecture de Chalon-sur-Saône pour exiger le retour d'une famille menacée d'expulsion vers l'Arménie

La communauté arménienne de Chalon-sur-Saône, des personnalités publiques et des associations ont manifesté, ce matin, devant la Sous-préfecture de Chalon-sur-Saône contre l'expulsion d'une famille arménienne vers leur pays d'origine où un sort peu enviable les atten. Les manifestants demandent la libération de la famille Yeganyan, enfermée depuis jeudi dans un centre de rétention près de Metz. Plus de détails avec Info Chalon.

Comme nous vous l'annoncions dans les colonnes d'Info Chalon, ce matin (cf. l'article d'Info Chalon du vendredi 21 août 2020), la communauté arménienne a manifesté devant les grilles de la Sous-préfecture de Chalon-sur-Saône, à 8 heures.


Soutenus par des associations (ASTI, les Accompagnants au Commissariat de Chalon-sur-Saône) et de nombreuses personnalités politiques locales, telles que la députée de la 4ème circonscription de Saône-et-Loire, Cécile Untermaier, le sénateur de Saône-et-Loire, Jérôme Durain, les conseillières régionales et municipales, Nathalie Leblanc et Francine Chopard ou encore le conseiller, Sébastien Lagoutte, les Arméniens de Chalon-sur-Saône exigent la libération de la famile Yeganyan.


Arrêtée, après une garde à vue au commissariat de Chalon-sur-Saône, la veille, sur ordre du préfet de Saône-et-Loire, Jérôme Guitton, et enfermée dans un centre de rétention près de Metz (Moselle), la famille sera prochainement expulsée vers l'Arménie où un sort peu enviable les attend.


En effet, âgé de 20 ans, le fils, Tigrane risque la prison pour ne pas avoir effectué son service militaire en Arménie. Les récents affrontements de juillet à la frontière arméno-azérie de la région du Tavouch (Nord-Est) n'arrangent pas les affaires du jeune homme qui venait de terminer sa formation de CAP d'agent de sécurité.


Seule Lusiné, la fille, mariée et mère de deux enfants, ayant obtenu une régularisation, n'a pas été expulsée.


Une situation difficile à vivre pour les deux parents qui n'ont plus rien là-bas. Edvard (Édouard) a été commerçant avant d'être poignardé à maintes reprises pour avoir voulu refuser de continuer à être extorqué par des membres de la mafia locale, lesquels n'hésiteront pas à brûler son commerce. Ayant survécu à ses blessures bien qu'il en garde des séquelles, ce bon père de famille avait tout vendu pour fuir ce pays et pensait refaire sa vie en France, le pays des droits de l'Homme.


Installés en France, depuis 2015, les Yeganyan n'avaient jamais fait parler d'eux en mal. Au contraire, la famille multipliait les efforts d'intégration. Comme son mari, Gayane, cette courageuse mère de famille, également bénévole dans de nombreuses associations (Secours Populaire, le Secours Catholique, la Banque alimentaire), à la maison de retraite médicalisée (EHPAD) Korian La Villa Papyri et dans la Paroisse Saint-Paul, avait même obtenu une promesse d'embauche.


Sans domicile ni moyen de subsistance et toujours menacée par les agresseurs d'Edvard, tout ce qui attend les Yeganyan là-bas, c'est la misère voire pire...


D'après le témoignage d'un ami de la famille qui pu les joindre au téléphone, le moral de la famille est au plus bas.


«Ils sont démoralisés et complètement terrorisés à l'idée de retourner en Arménie», nous explique-t-il.


Emmenée à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, ce matin, la famille a refusé de monter à bord de l'avion qui devait les renvoyer dans ce petit pays du Caucase, si cher à Charles Aznavour,  Ils ont été reconduits au centre de rétention. Un juge des libertés devrait prochainement statuer sur le sort des Yeganyan.


Une délégation, composée de membres de la communauté arménienne et de représantant d'associations, a également été reçue par le sous-préfet de Chalon-sur-Saône, Jean-Jacques Boyer, lequel s'est engagé à en discuter avec le préfet qui a signé l'ordre d'expulsion.


À 10 heures, les manifestants ont quitté dans le calme les abords de la Sous-préfecture.

 

 


Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati