Chalon sur Saône

Avec "Le Prénom", l'aspect identitaire a pris des proportions invraisemblables à Chalon

Avec "Le Prénom", l'aspect identitaire a pris des proportions invraisemblables à Chalon

Un retour aux sources pour la comédie « Le Prénom » qui, après une naissance en 2010 sur les planches suivie d’un film en 2012, est revenue au théâtre, ce avec une distribution différente et tout aussi brillante. Ce samedi soir dans un Espace des Arts encore rempli comme il se doit pour honorer au mieux les Théâtrales. Et la magie de l’alchimie a une fois de plus opéré sans coup férir à Chalon-sur-Saône.

Des rebonds à la pelle

Et dire que tout démarre par une blague de potache aux conséquences insoupçonnées et insoupçonnables, que des dialogues un poil grotesques alimentent à jet continu, lors d’un repas riche à souhait en contrecoups ! Au terme d’un insoutenable suspense, Vincent (Florent Peyre), qui découvrira bientôt les joies de la paternité, annonce avec une assurance qui frise l’insolence le prénom de sa future descendance : Adolf ! Sortant de ses gonds, Pierre (Jonathan Lambert), un érudit précieux, par ailleurs beau-frère, est le membre de la famille que cette nouvelle affectera le plus, ne mâchant pas ses mots pour décrire la situation : »C e n’est pas un prénom, c’est une apologie de crime contre l’Humanité ! » Ni plus, ni moins, en référence à qui-vous savez…

Les antagonismes entre les deux s’avèrent légion, et le va-t-en-guerre par la force des choses donne le bâton pour se faire battre, ses enfants se prénommant Apollin et Myrtille…Cependant le reste du clan familial se range du côté du réactionnaire, avec toutefois une manière de réagir davantage consensuelle. Ainsi d’Elisabeth (Juliette Poissonnier), sa belle-sœur, et de Claude (Matthieu Rozé), un ami d’enfance de Vincent. Beau joueur, ce dernier fait son mea culpa en effectuant un pas en arrière.

Exit Adolph, cette farce au goût douteux, ce sera en réalité Henri. Les mouches ont changé d’âne…Taquiné pour une orientation sexuelle s’orientant vers un tiers masculin,  Claude finit par lâcher le morceau…Patatras ! Il a une liaison avec Françoise, la mère de Vincent et d’Elisabeth ! Les conversations de sourds reprennent alors de plus belle ! A plus forte raison lorsque survient Anna (Lilou Fogli), la conjointe de Vincent, laquelle mettra de l’huile sur le feu avec force rigidité…Et puis, consécutivement à une erreur médicale, le fiston attendu se transformera finalement en…fistonne ! Le choix d’un nouveau prénom revient sur la sellette…

 

Des comédiens patentés pour un rendu soigné et croyable

Rythmée essentiellement par l’épatant duo Florent Peyre – Jonathan Lambert, et accréditée par leur action commune, la pièce n’aura point vu son étoile pâlir du fait des interventions des autres protagonistes, eux aussi à même d’insuffler un climat empreint de folie douce. Dans ce fatras d’idées biscornues le public devait trouver son compte et délivrer des rires en affichant une sollicitude de chaque instant.  Un open bar de même que, cerise sur le gâteau, une ovation debout lors de l’aboutissement. Bel engouement !  

                                                                                                    Michel Poiriault

                                                                                                    [email protected]