Opinion

Les enseignants grévistes des Près Saint Jean à Chalon s'expliquent

DECLARATION DES ENSEIGNANTS GREVISTES
DU QUARTIER DES PRES ST JEAN (CHALON S /SAONE)

Le 11 JUIN 2018, A l’Ecole Elémentaire Maurice Cortot.

A notre grand étonnement, nous avons été informés en janvier 2018 par l'institution de l'éducation nationale de Saône et Loire que deux groupes scolaires (St Exupery et Kergomard) sont sortis de l'éducation prioritaire de manière rétroactive à la rentrée 2017, qu'un autre y est rentré (Maurice Cortot) et qu'un quatrième n'a fait l'objet d'aucune attention (Anne Frank).

Comment est-il possible que de telles décisions soient prises sans concertation et avant même que ne se soient tenues les discussions sur la refonte de la cartographie de l'éducation prioritaire prévues à la fin de l'année 2018, comme stipulé dans la circulaire ministérielle 2014-077 ? Pourquoi l'institution remet-elle soudainement en cause les règles qu'elle a elle- même édictées ?

Par ailleurs :

- Nous ne comprenons pas que des écoles au public prioritaire à la fois dans le cadre de la politique de la ville mais aussi dans celui de l'éducation nationale sortent du dispositif, et cela malgré la convention d'objectifs entre le ministère de la ville et celui de l'éducation nationale (2016-2020) !

- Nous ne comprenons pas que des groupes scolaires d'un même quartier, recevant le même public, soient traitées différemment !

- Pourquoi penser que la mixité se décrète au niveau du second degré, sans pour autant la construire dès le premier degré en allouant les moyens nécessaires à sa réussite ?

Nous, professionnels des écoles concernées, tenons à témoigner notre étonnement et notre indignation. Cette décision est un mauvais signal lancé aux enseignants qui verront durablement, malgré la clause de sauvegarde de trois ans, leurs conditions de travail se dégrader. La perte de l'indemnité REP fragilisera la stabilité des équipes, le maintien la protégera, nous le savons d'expérience. Par extension, cela impactera négativement les conditions d'apprentissage des élèves, hypothéquant ainsi un peu plus leur réussite. C'est un pas de côté dans le chemin qui nous mène à la réussite de tous. Nous ne pouvons l'accepter.

Par ailleurs, nous enseignons dans un quartier de Chalon sur Saône qui relève de la politique prioritaire de la ville. En 2014, lors de la refonte de la cartographie de l'éducation prioritaire, avoir fait sortir les collèges du réseau éducation prioritaire était motivé par la mixité sociale en leur sein. Le fait que les élèves aillent dans un collège mixte n'enlève pourtant rien à la difficulté rencontrée dans les établissements du 1er degré ! Or, pour nous, enseignants sur le terrain, il ne fait aucun doute que cette mixité dans le secondaire est justement rendue possible par le soutien aux élèves des écoles des quartiers prioritaires. Enlever les dispositifs de l'éducation prioritaire dans ces écoles est une atteinte à la cohésion sociale et contribue à donner moins à ceux qui ont moins ! Il nous paraît ainsi indispensable d'apprécier l'intégration d'une population dans l'éducation prioritaire également à l'échelle de l'école, au cas par cas. Il en va de la réussite de la mixité future.

La carte scolaire pour la rentrée 2018 n'a pas été à la hauteur de ce que nous espérions. L'école Maurice Cortot, pourtant en REP, a perdu la présence du maître plus, et regrette que les efforts ne soient mis que sur les CP de l'école, ce qui a pour conséquence à moyens constants d'augmenter les effectifs dans les autres classes. Ce sont les élèves de tous les niveaux qui ont besoin d'être dans les meilleures conditions pour apprendre. Nous condamnons l'absence de CP dédoublés dans les autres groupes scolaires du quartier.

Ainsi, par la grève du jour, nous souhaitons :

- dans toutes les écoles du quartier, un maître plus, des CP dédoublés, des moyens humains pour que chaque classe ne dépasse pas 25 élèves et des moyens supplémentaires pour accueillir les nombreux élèves allophones :

- l'intégration au réseau d'éducation prioritaire pour toutes les écoles des Prés St Jean à la rentrée 2019.