Opinion

Compteurs Linky - L'UFC Que choisir lance une alerte avant l'hiver

A un mois de la trêve hivernale et à trois mois de l’échéance quant à l’obligation d’information sur la consommation en temps réel pour les ménages bénéficiant du chèque énergie, l’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme et interpelle le Ministre de la transition écologique et solidaire, sur la situation des ménages précaires disposant d’un compteur Linky.

Afficheur déporté pour une information sur la consommation en temps réel : une véritable arlésienne

Alors que l’UFC-Que Choisir a toujours promu un afficheur déporté permettant à tous les consommateurs d’avoir uneinformation sur leur niveau de consommation électrique en temps réel dans leur lieu de vie, le législateur, dans la loi Transition énergétique pour la croissance verte de 2015, l’a confiné aux seuls ménages précaires au 1er janvier 2018.Déjà reculé d’un an, ce dispositif, reconnu utile par le médiateur national de l’énergie, la Cour des comptes1, l’Agencede la maîtrise de l'énergie (ADEME) et par François de Rugy2 lui-même, risque, au vu de l’inaction de l’administration à trois mois de l’échéance, d’être de nouveau reporté, voire purement et simplement enterré en catimini. En effet, l’arrêté indispensable pour couvrir les coûts des fournisseurs distribuant l’afficheur déporté n’a toujours pas été publié par le ministère, et à ce jour nous n’avons aucun calendrier.

Avec le Linky, un risque accru de coupures pour impayés

Dorénavant, le compteur Linky permet au distributeur d’électricité (Enedis) de limiter la puissance ou de couperl’électricité à distance. Pour éviter les dérives, la Commission de régulation de l’énergie a fixé un cadre qui obligeEnedis, suite à une demande d’un fournisseur, à se déplacer sur site avant toute coupure pour impayés. Malheureusement, Enedis n’a pas une obligation de résultat et n’est donc pas tenu de rencontrer le consommateur, ni même de laisser systématiquement un avis de passage en cas d'absence. Pire, alors qu’avec les anciens compteurs la réduction de puissance, qui limite fortement les usages, nécessitait le déplacement d’un agent d’Enedis, avec le Linkycette procédure se fait à distance sans information supplémentaire du gestionnaire ou du fournisseur. Il existe donc unrisque réel d’augmentation des coupures d’électricité pour impayés (plus de 475 000 en 2016), sans que dans bien descas les consommateurs n’en soient correctement avertis et puissent le cas échéant régulariser la situation.

Au vu de ces deux alertes pour les 5,6 millions de ménages souffrant de précarité énergétique, l'UFC- QueChoisir demande au Ministre de la transition énergétique et solidaire de prendre les mesures nécessaires pour :

  •   Assurer le financement des afficheurs déportés afin que les fournisseurs puissent les proposer aux consommateurs précaires ;

  •   Renforcer le contradictoire dans la procédure de coupure d’électricité ou de limitation de puissance, afin d’éviter des interruptions d’électricité hâtives et sans discernement.

    Plus généralement, avec près de 300 000 signatures de sa pétition sur le Linky, l’association demande aunouveau Ministre, compte tenu des engagements pris par son prédécesseur, des avancées en termesd’information pour tous les consommateurs et une information sur les résultats des travaux de la Commissionde régulation de l’énergie et d’Enedis sur la sur-rémunération du projet Linky.